17-02-2015

[Ex] 7 - Le Prince d'Égypte

Exode 2 par : Père Alain Dumont
Quelle fut la vie de Moïse en Égypte, à la lumière des suggestions du Pr. Davidovits.
Duration:13 minutes 18 secondes
Transcription du texte de la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/le-prince-d-egypte.html
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous poursuivons notre lecture de l’Exode, au ch. 2. On a vu la dernière fois la vraisemblance du scénario qui veut que Moïse ait été sauvé de l’infanticide général déclaré par Pharaon, en étant déposé par sa mère dans une corbeille envoyée sur le Nil et guidée par Myriam, sans doute jusqu’au harem de Fayoum. Moïse a été recueilli par la fille de Pharaon, et de ce fait, il passe à travers les mailles de l’infanticide.

Le ch. 2 se poursuit, et nous apprend, au v. 10, après que l’enfant ait été allaité par sa propre mère, que c’est la fille de Pharaon qui lui donne le nom par lequel il passera à la postérité : Moïse. MOSE signifie en égyptien FILS. MOSE que l’on retrouve dans THOUTMOSIS, FILS DE TOUTH ; dans RAMOSE — Ramsès, en français — qui signifie FILS DE RA, etc. Moïse, c’est donc « le fils » ; une espèce d’absolu qui se comprend si on se rappelle qu’il a été apporté par le Nil primordial, ce Nil où tout le monde créé prend sa source... Et c’est sans doute parce qu’il est porté par le Nil que la fille du Pharaon décide de l’adopter… Il est comme un cadeau des dieux, tout enfant des Hébreux qu’il soit.

Et qu’est-ce que vous voulez, un chrétien ne peut pas ne pas faire le rapprochement avec le Christ, qui est Le FILS par excellence. Un Nom qu’il reçoit en émergeant des eaux du Jourdain lorsqu’il se fait baptiser par Jean. Et là, on perçoit que l’eau est un signe essentiel ; un signe qui va parcourir toute la Bible. Comme si la filiation, fut-elle adoptive comme pour Moïse,  relevait essentiellement d’un passage à travers les eaux pour libérer la véritable identité qui habite la chair de l’homme.

C’est déjà vrai de la naissance naturelle : nous naissons en traversant les eaux maternelles. Mais c’est comme s’il fallait naître une seconde fois. Moïse est né, mais le voilà renvoyé dans des eaux dont la fille de Pharaon va l’arracher pour le faire RENAÎTRE, et lui donner un nom. Ce sera la même idée lorsqu’il faudra que le peuple traverse la mer : ce n’est qu’après ce franchissement que le peuple croit dans le Seigneur qui a révélé son véritable Nom dans l’épisode du buisson ardent (Ex 14,31). Un peuple que DIEU désignera bientôt comme son « Fils Premier-né » en Ex 4,22. Et ce sera encore la même chose, bien plus tard, avec le Christ Jésus qui naît de Marie, mais qui passe par les eaux du Jourdain ! C’est seulement à ce moment-là que le Pre Le désigne publiquement comme son « Fils Bien-aimé » ! Sachant que cette expression, pour le dire en passant, ne signifie pas que le Père a de l’affection pour le Fils — encore que ce soit vrai —, mais que la Parole du Fils est l’exact reflet de la parole du Père. Un rabbin a toujours un « disciple bien-aimé », qui saura fidèlement prendre la relève, et Jésus lui-même avait un disciple bien-aimé qui s’appelait Jean.

Ceci dit voyez, pour en revenir à cette question de la traversée des eaux, il ne suffit pas de naître naturellement : il faut « naître de nouveau », comme dira Jésus à Nicodème en Jn 3, pour recevoir notre identité filiale, non plus seulement de la mère, mais DU PÈRE. Dit autrement, après être passé par les eaux maternelles, il s’agit de passer par le signe des eaux « paternelles », pourrait-on dire : le Nil pour Moïse ; le Jourdain pour Jésus ; le baptême pour les chrétiens. Le signe de l’eau est tellement important que je vous ai fait une vidéo sur l’importance de l’eau dans la Bible.

Bref. Une fois sevré par sa propre mère — ce qui se comprend mieux si la mère de Moïse fait partie du même milieu des Grands de l’Égypte. On n’imagine pas tellement que la fille de Pharaon confie son enfant à la première paysanne venue, surtout à cette époque ! Moïse sera donc éduqué comme un prince d’Égypte, et sera nécessairement envoyé se former à Memphis, à l’école des scribes. Il y apprendra la doctrine du dieu soleil RÊ, de la déesse MA’AT, la Vérité-Justice ; et toute la kyrielle des dieux égyptiens, à commencer par AMÔN. Après quoi, il n’est pas impossible qu’il ait été renvoyé au Sanctuaire de AMÉNOPHIS, FILS DE HAPOU : rappelez-vous THOUTMOSIS III qui faisait venir les fils des nations conquises pour les imprégner de culture égyptienne avant de les renvoyer chez eux, sûr alors qu’ils seraient les meilleurs ambassadeurs de la paix dans l’empire. Qu’est-ce que vous voulez : Pharaon n’est pas naïf. Il sait d’où vient Moïse. Donc en le renvoyant au Sanctuaire Mémorial de Joseph-Aménophis, il s’assure un allié dans la place.

Dès lors, Moïse retrouve son père, ‘AMeRaM, qui est sans doute, nous l’avons vu, le Grand Prêtre du sanctuaire mémorial ; et sous sa direction, Moïse poursuit son enseignement. Il est initié à la doctrine du dieu KhNOuM, le dieu potier démiurge du Sud, créateur de l’humanité par agglomération de l’argile qu’avait remis à l’honneur Joseph-Aménophis. Il découvre l’Horus KhèNTii-KhaT-Tii, l’Horus à la couronne brillante, le dieu personnel de Joseph, un dieu assez peu connu en Égypte — comme si Joseph avait toujours voulu marquer ici sa différence et subtilement rester ainsi attaché au dieu de ses pères Abraham, Isaac et Jacob.

De chapelle en chapelle, Moïse apprend les techniques et les innovations de Joseph, avec tous ses titres correspondants : Scribe Royal, alchimiste, Grand Maître en matière minérale, architecte, chef de tous les travaux, inventeur du quartzite aggloméré. Le plus important étant évidemment la maîtrise minérale, avec de nombreux exercices pratiques d’érection de petits autels en pierre agglomérée… Dans la troisième chapelle du Temple, on vénérait Joseph, Creuseur de canaux et de citernes, avec son invention du ciment étanche à l’eau. Dans une autre chapelle, on vénérait la maîtrise des récoltes et des greniers qui avait permis à l’Égypte de devenir le grenier à blé de tous les pays environnants de l’époque. Tant et si bien que Moïse, ayant intégré tout l’enseignement de son ancêtre, est prêt, non pas à devenir Grand Prêtre, puisque cette place est celle de son frère aîné Aaron, mais celle de Grand Administrateur.

Quelques années plus tard, vers 1085, on sait qu’il y eut à nouveau une révolte des artisans de la Nécropole, sans doute toujours pour les mêmes raisons qu’en 1157. Et vers qui les artisans viennent-ils manifester ? Toujours là où sont les dignitaires des sanctuaires, auprès de qui ils savent pouvoir trouver une oreille attentive. Et si on entérine le fait que les fameux UBRus comptent en majorité des fils d’Israël, alors effectivement, ce sont les frères de Moïse. Même si celui-ci ne les connaît pas personnellement, Il partagent néanmoins une racine commune.

Entendant le bruit des manifestants, il sort à leur rencontre, comme le raconte le v. 11 : « Arrivé à l'âge d'homme, Moïse sortit vers ses compatriotes et fut témoin de l'oppression qu'ils subissaient. » (Ex 2,11). On se rappelle que lors de la révolte de 1157, un des gardes du Temple s’était violemment opposé aux manifestants. La chose a très bien pu se reproduire, comme le suggère la suite du récit : « Moïse vit un Égyptien qui frappait un Hébreu. Regardant autour de lui et ne voyant personne [— pour prendre sa défense —], il tua l'Égyptien et l'enfouit dans le sable. » On imagine la stupeur des manifestants, et peut-être sont-ils rentrés pour ne pas donner prise à une répression. Moïse leur rend visite le lendemain, et le texte se poursuit : « Revenu le lendemain, il vit deux Hébreux qui se battaient et il dit à l'agresseur : « Pourquoi frappes-tu ton compagnon ? » L'homme lui répliqua : « Qui t'a institué chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer comme tu as tué l'Égyptien ? » Moïse eut peur et se dit : « Pas de doute, la chose est connue. »

Ici, les rabbins ont une considération assez belle : ils disent qu’à ce moment, Moïse comprend une chose essentielle : ayant été formé à l’école de ses pères, il connaît le DIEU d’Abraham, Isaac et Jacob, le fameux ShaMaSh, que la Bible nomme ‘ÈL-ShADDaï. Donc, toujours d’après les rabbins, Moïse connaît aussi l’élection qui repose sur son peuple et sa mission au regard des nations. Et il comprend cette vérité qui habite le peuple juif : si le monde est violent, c’est que les fils d’Israël sont eux-mêmes violents entre eux. Et toute la Thora, dans le fond, sera donnée aux Fils d’Israël précisément pour leur permettre de canaliser cette violence interne, de sorte que cette canalisation — qui prendra le nom de charité avec le Christ Jésus — puisse ensuite déborder sur toutes les nations.

Bon. En attendant, Moïse comprend surtout qu’il a été dénoncé, et Pharaon ne peut que réagir. Vous comprenez, si Moïse n’était qu’un personnage de seconde zone, Pharaon n’aurait même pas dû être au courant. Mais si cet acte, si le meurtre de l’Égyptien est posé par le Grand Administrateur du fameux Sanctuaire-Mémorial de Aménophis, Fils de Hapou en personne, alors là, il faut réagir ! Le message sera d’autant plus retentissant !

Donc, le texte poursuit : « Pharaon apprit cette affaire et il chercha à tuer Moïse mais Moïse s’enfuit de devant Pharaon et vint habiter en terre de MaDiâN. Il s’assit près d’un puits. » Manifestement, le récit ne s’intéresse pas au voyage : ce qui importe, c’est de rapporter les événements clef, pas d’écrire un roman. Ceci dit, on peut tout de même s’y arrêter pour mieux rester dans le contexte.

Première question : Où aller ? Il pourrait aller rejoindre ses frères en Canaan, les YSii-iR-iaR qui avaient fui là-bas sous le règne de HOREMHEB. Mais Canaan reste une province égyptienne, et d’autre part, la route du Nord est gardée par les forts égyptiens. Il faut aller dans une région où la police de Pharaon n’existe pas, et là, une seule destination s’impose à lui : le pays des Madiânites, au Nord-Ouest de l’Arabie Saoudite actuelle. Moïse connaît bien les Madiânites, dans la mesure où le Sanctuaire Mémorial était spécialisé dans l’art des minerais, et que TIMNA, la grande mine madiânite de cuivre et de turquoise, était une pourvoyeuse importante de minerais. Selon Flavius Josèphe, c’est effectivement là que Moïse s’est réfugié, sur la rive Ouest de l’actuel Golfe d’Aqaba.

Partant de Pi-Ramsès, où il était monté faire son rapport à Pharaon, il se dirige donc au Sud, par la route des mines de Turquoise, mais oblique à l’Est par le WaDi SuDR et s’engage dans le terrible désert de Tih, le DaRB eSh ShaWi. Long de 120 km, ce chemin est dépourvu de points d’eau. Il faut le traverser rapidement, avec une bonne réserve d’eau et en évitant la chaleur accablante de la mi-journée — donc on marche plutôt la nuit. Comme d’après notre datation, on est environ 11 siècles avant J.-C., les dromadaires sont déjà domestiqués, et le chemin peut ainsi être parcouru en 4 jours, suite de quoi Moïse rencontre le 1er point d’eau, au Bir el Themed, et de là, il remonte sur Timna. Et là, nous dit le v. 15, il s’assoit sur un puits… Ah ! Les puits dans l’histoire sainte !!! Nous verrons ce qui s’y passe la prochaine fois.

D’ici là, vous pouvez relire le deuxième chapitre du livre de l’Exode, jusqu’au v. 15.

Je vous souhaite une bonne lecture.

Je vous remercie.
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