Transcription du texte de la vidéo : Tous droits réservés.Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article______________________________________________________________Bonjour,
Nous nous acheminons peu à peu vers la fin de notre longue introduction aux ch. 12 à 28 du Deutéronome. Alors si on fait un peu le point :
– on a mis en place les notions d’ÊTRE-TEMPS et d’ÊTRE-PARLANT — qui sont en fait des concepts forgés au XXe siècle par le philosophe allemand Martin Heidegger, mais que Daniel Sibony a su revisiter et enrichir à la lumière de la TORâH. Il en a fait des notions vraiment pénétrantes pour entendre le message intime contenu dans ces livres ;
– on a découvert par ailleurs comment le nom de YHWH nous dévoile un ÊTRE dont la tâche est d’ouvrir sans cesse l’à-venir pour déployer le potentiel inscrit en nous et dans la création dès l’origine.
– Ce faisant, on a compris que chaque ouverture d’à-venir, chaque ÉVÉNEMENT produit une SECOUSSE D’ÊTRE qui donne à PARLER, à PENSER et en définitive à INTERPRÉTER. Or c’est précisément cette capacité interprétative qui constitue la marque de notre ressemblance avec l’ÊTRE. Grâce à cette écoute interprétative de la VOIX de l’ÊTRE, nous voilà capables d’affronter le RÉEL, de la transformer en cette RÉALITÉ au sein de laquelle, au nom de YHWH, nous prenons notre place dans la Création pour la faire fructifier. Ça n’est pas rien !
Du coup, le nom de YHWH, l’ÊTRE, L’ÊTRE-TEMPS, L’ÊTRE-PARLANT, se présente comme LA RESSOURCE par excellence, c’est-à-dire comme ce socle de BÉNÉDICTION à partir duquel l’homme va pouvoir prendre appui pour ne plus se contenter de survivre, mais pour EXISTER pleinement. Mieux : il fait l’expérience que cette BÉNÉDICTION, grâce à l’INTERPRÉTATION par laquelle il se prend à composer les récits qui vont lui permettre d’alimenter sa mémoire ; il fait l’expérience, donc, que cette BÉNÉDICTION est TRANSMISSIBLE. Or c’est dans la TRANSMISSION que se dévoile la dimension SPIRITUELLE de l’homme ; la dimension par laquelle il se découvre en communion avec l’ÊTRE ; et par Lui avec ses pairs — p-a-i-r-s — comme avec ses pères — p-è-r-e-s — et avec sa descendance ! C’est à partir de cette communion SPIRITUELLE que se bâtit un PEUPLE intergénérationnel. Un peuple fondé dans l’ÊTRE au point que les inondations et autres forces de mort ne sauront l’abattre, pour reprendre la parabole de Jésus :
« Tout homme qui vient à moi, écoute mes paroles et fait ce que je dis, à quoi sera-t-il comparable ? Il est comparable à un homme qui bâtit une maison. Et il creuse ; et il va profond ; et il pose ses fondations sur le roc ! Et quand vient l’inondation et qu’elle frappe cette maison, elle ne peut l’ébranler car elle était fondée solidement sur le roc. Et celui qui entend et ne fait pas, il est comparable à un homme qui bâtit sa maison sur le sol, sans fondation. Et quand le torrent la frappe, d’un coup, elle tombe ; et sa ruine a été complète. » (Lc 6,46-49 — araméen)Bien. Alors une fois qu’on a dit tout ça, il reste encore à répondre à l’appel que la Voix de l’ÊTRE lance depuis les premiers temps, ceux du patriarche ‘AV
eRâHâM :
« Va vers toi ! » (Gn 12,1).
XIX. LèKh-LeKhâ ! VA VERS TOI !Donc appliquons la règle : si tu veux saisir les ouvertures de l’à-venir auxquelles l’ÊTRE procède, branche-toi sur l’origine ! Et rappelons-nous la sentence de Paul lancée aux chrétiens de Galatie :
« Si vous êtes au Christ, vous êtes de la descendance de ‘AVeRâHâM, et donc héritiers selon la promesse ! » (Ga 3,29). Donc l’histoire de cette descendance nous intéresse au plus haut point ! Raison pour laquelle nous continuons à contempler l’ÉVÉNEMENT de 701, à Y
eROuShâLaYiM, puisque c’est vraiment là que — d’un certain point de vue en tout cas —, tout a commencé.
Printemps 701 donc, YHWH a mis bas Sennachérib et c’est un vrai soulagement pour le peuple Juif amassé à Y
eROuShâLaYiM ! Sauf que si on n’entend que ça, ça veut dire qu’on n’a juste rien compris… Ça veut dire qu’on ne perçoit cette intervention céleste que comme un pur moment de consolation narcissique : « Dieu nous a protégés ! » Mais qu’est-ce qu’Il a protégé ? La possibilité de vivre sans se poser de question ? La faculté de pouvoir continuer à refonctionner comme avant, comme des idolâtres ? Sauf que ça, c’est un comportement de consommateur ; c’est un comportement de technocrate ou d’adolescent mal dégrossi dont l’ingratitude est un mode de vie !
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En réalité, c’est TOUT YiSs
eRâ‘éL que YHWH ébranle cette nuit-là. Et c’est là le génie des Fils de LéWî : ils ont compris, ils ont entendu cette SECOUSSE comme ayant YHWH pour auteur — et non pas je ne sais quelle puissance démoniaque — ; mais ils ont surtout compris que la cible de cette secousse n’était pas Sennachérib, mais bien YiSs
eRâ‘éL ! C’est YiSs
eRâ‘éL que l’ÊTRE vise en cette nuit de printemps de l’an 701 ! Sennachérib, lui, est incapable de saisir quoi que ce soit de ce souffle qui passe. Il n’entend pas la VOIX de l’ÊTRE ; donc l’ÉVÉNEMENT ne lui inspire RIEN ! Il ne le renvoie à aucun ENTRE-DEUX, raison pour laquelle sa défaite passera par pertes et profits et qu’à défaut, il se glorifiera de sa victoire sur LâKhîSh. Comme quoi faute de grives…
Tout à l’inverse, cet ÉVÉNEMENT va inspirer aux scribes une première série de questions essentielles :
– D’une part : Qui est YHWH ?
– D’autre part : Quelle est cette VOIX de l’ÊTRE qui passe et fait surgir en nous ces paroles, ces pensées, cette mémoire ?
– Et enfin : qui sommes-nous donc pour Lui ? Quelle est la nature de cet ENTRE-DEUX par lequel Il nous attache si opiniâtrement à Lui ?
En définitive, ce qu’entendent les Fils de LéWî, c’est que YHWH a jeté à terre tout ce que YiSs
eRâ’éL croyait savoir sur Lui, qui n’était dans le fond qu’un tissu de fantasmes trop humains ! Qu’il s’agisse de remettre sa survie dans les mains d’une divinité qu’on tente de courtiser en lui assurant qu’on lui est soumis — ça s’appelle le servage — ; ou qu’il s’agisse de projeter ses propres pulsions de toute-puissance en imaginant une divinité dévoreuse d’enfants façon Bâ“aL, dans un cas comme dans l’autre, c’est de l’idolâtrie ! Et c’est ÇA qu’il faut quitter pour ALLER VERS SOI, ce qui n’est pas si simple ! C’est sans doute la raison pour laquelle, un tel départ suppose une secousse d’ÊTRE hors du commun ! Et de fait, cette nuit de Salut fut un vrai CHOC ! Ça a été un TRAUMA digne de ce nom qui a changé le cours de l’histoire de TOUT YiSs
eRâ’éL pour faire se lever ce peuple et le mettre en marche alors que jusqu’à ce moment, malgré les appels et les rappels lancés par YHWH par l’intermédiaire de ses prophètes, l’histoire ne parvenait pas à se dire ; elle restait comme figée ! Figée dans une idolâtrie dont les rois eux-mêmes ne parvenaient pas à se défaire.
Donc ok : en 701, Y
eROuShâLaYiM est sauvée ; mais c’est au prix qu’il faut à présent tout reprendre à zéro ! Non qu’il faille “repartir” de zéro ; mais maintenant qu’une Voix s’est fait entendre dans la NUIT, il va falloir laisser ce souffle divin nous inspirer les mots qui permettront d’INTERPRÉTER le mystère. Il va falloir nous mettre à l’école de ce Souffle. Fini de n’envisager que le mode survie ; de n’en faire qu’à sa tête au gré des pulsions. Il va falloir OBÉIR et trouver dans cette obéissance le chemin de la BÉNÉDICTION dont les prophètes n’arrêtent pas de rebattre les oreilles à leur peuple. Bref : il va falloir devenir adulte, et consentir pour ça à recevoir enfin l’HÉRITAGE des pères.
Alors à ce stade, précisons : en fait, quand on dit que « tout a commencé en 701 », c’est à la fois vrai et pas vrai. Ce qui a commencé en 701, c’est un RÉVEIL ; un REVIVAL ! Un RENOUVEAU. Un réveil suscité par l’ÊTRE par cette SECOUSSE qui va permettre à TOUT YiSs
eRâ‘éL de renouer avec une ORIGINE qui remonte à plusieurs générations auparavant, mais qu’on n’arrivait pas à rejoindre, faute de savoir la VOIX de l’ÊTRE. En fait, comme dit le patriarche Ya”aQoV à BéYT-’ÉL : « L’ÊTRE était là, mais on ne le savait pas ; on ne le connaissait pas ! ».
Alors, suite à ce RÉVEIL, les Fils de LéWî se mettent au travail : ils scrutent les récits mémoriaux des différentes traditions désormais agglutinées autour du Sanctuaire de Y
eROuShâLaYiM depuis qu’elles ont dû fuir le sol natal. Ils deviennent alors capables de faire jouer des ENTRE-DEUX qui jusqu’alors leur avaient complètement échappés. Ils découvrent, à l’écoute de ces récits épars, que cette VOIX de l’ÊTRE-PARLANT était bel et bien déjà passée autrefois ! Et Dieu merci, même si on ne l’avait pas entendue, des traces de ce passage, de CES passages restaient gravées dans la mémoire des clans de YiSs
eRâ’éL et de Y
eHOuDâH. Ces traces formaient un corpus d’indices qui pointaient tous dans la même direction : YHWH était l’ÊTRE, Celui qui est, qui était et à venir, illuminant toute nuit pour qu’un À-VENIR s’ouvre là-même où, sans ces passages, l’histoire serait restée figée dans le mutisme.
il s’agit donc pour les Fils de LéWî de rassembler les témoignages concernant les passages de la Voix de l’Être, les SECOUSSES D’ÊTRE qui ont marqué la mémoire des clans ; et surtout de les articuler pour en faire un RÉCIT qu’on sache transmettre, non plus seulement aux membres d’un clan particulier, mais à TOUT YiSs
eRâ‘éL. Vraiment, j’espère que vous sentez à quel point cette expression de TOUT YiSs
eRâ‘éL est un marqueur de ce renouveau de la pensée juive dont le Deutéronome porte la griffe. À chaque fois que, dans le texte, vous lisez : TOUT YiSs
eRâ‘éL , rappelez-vous : il est rédigé après 701, donc à partir du vii
e siècle.
Autrement dit, il s’agit pour les scribes de mettre en mots
un HÉRITAGE qui soit transmissible à toutes les générations qui viendront et qui constitueront désormais à proprement parler le PEUPLE JUIF. C’est d’ailleurs parce qu’il est question d’HÉRITAGE, de TRANSMISSION qu’on appelle la bible un TESTAMENT ! Ne cherchez pas d’autre raison ! Il s’agit de l’HÉRITAGE que livre YHWH à travers ces SECOUSSES d’ÊTRE que TOUT YiSs
eRâ‘éL est la seule nation à savoir reconnaître comme autant de signes de sa BÉNÉDICTION, de son ÉLECTION. Alors bien sûr, tout ne s’est pas élaboré dans l’instant : l’élaboration patiente de ce récit et de cette TORâH sera le grand œuvre de l’Exil à Babylone et des siècles qui vont suivre. Mais elle a COMMENCÉ là. Comme un BIG-BANG, un RÉVEIL, un SURSAUT spirituel qui allait changer la face de TOUT YiSs
eRâ’éL, et par lui changer rien de moins que la face du monde.
XX. COLLECTER L’HÉRITAGEAlors concrètement, quelles étaient ces traditions réunies à Y
eROuShâLaYiM ? Et comment les Fils de LéWî ont-ils commencé à faire jouer les ENTRE-DEUX de ce qui allait constituer l’HÉRITAGE le plus fabuleux de tous les temps ? On peut
grosso modo les réduire à quatre — ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en avait pas d’autres, mais ces quatre-là, à tout le moins, étaient fédératrices et s’articulaient sur quatre grandes figures fondatrices.
Tout d’abord, deux clans majoritaires participaient plus activement à la fédération du Royaume de YiSs
eRâ’éL : ceux de ‘ÈPh
eRaYîM et M
eNaShèH. Ce sont eux qui faisaient le plus la pige au Royaume de Y
eHOuDâH auprès de qui, pourtant, ils venaient aujourd’hui trouver refuge. En mémoire de cette compétition, pas étonnant donc que leur figure fondatrice ait eu un traitement à part : ‘ÈPh
eRaYîM et M
eNaShèH se disaient fils d’un certain YOSéPh. Ces deux clans n’étaient pas dépourvus de prétentions hégémoniques, sans doute agaçantes pour les autres clans de la fédération du Nord. On en a une trace dans le récit des premiers songes de YOSéPh au sein de sa famille, au ch. 37 de la Genèse. Mais quoi qu’il en soit, on peut dire qu’à côté de Ya”aQoV, YOSéPh est l’autre patriarche fondateur de YiSs
eRâ‘éL — on s’est suffisamment arrêté sur lui dans les vidéos sur la Genèse —. On a tendance à le laisser de côté, mais c’est dommageable, parce qu’il reste une figure incontournable des ORIGINES, donc de la mémoire de TOUT YiSs
eRâ‘éL.
Toujours est-il que la tradition de ‘ÈPh
eRaYîM et M
eNaShèH nous raconte que YOSéPh va passer par quinzaine d’années d’esclavage et de prison en MiTs
eRaYîM ; jusqu’à ce qu’UNE NUIT déterminante, YHWH passe ! Pharaon est SECOUÉ en songe, et parce que YOSéPh seul s’avère capable de lui en donner l’interprétation, le voilà propulsé de la mort à la vie : par les mots souverains de Pharaon, YHWH élève YOSéPh de sa prison jusqu’aux plus hautes destinées de l’Empire, de sorte qu’il sauvera ses frères sémites de la famine annoncée ! Premier indice, qui donne à penser, donc à parler : YHWH, cette nuit-là, a SOUFFLÉ, et l’histoire dont la fermeture semblait programmée, s’est ouverte sur un à-venir totalement inattendu en faveur de YOSéPh, et par lui en faveur de TOUT YiSs
eRâ‘éL.
À côté de cet immense personnage, remonte parallèlement en mémoire la figure de Ya”aQoV. Ya”aQoV est cette fois la figure fondatrice des tribus du Nord-Est de KaNa“aN. Lui aussi, dit cette autre tradition, alors qu’il partait en Exil pour fuir la mort qui le guettait après ses frasques au sein de sa propre famille ; lui aussi donc connut UNE NUIT où passa YHWH, à BéYT-’ÉL :
« Oui : YHWH est en ce lieu-là et moi, je ne Le connaissais pas. » (Gn 28,16). À partir de quoi le patriarche Ya”aQoV fait alliance avec YHWH — dit autrement, il consent à un ENTRE-DEUX singulier avec l’ÊTRE —. Ça ne veut pas dire qu’il change de vie à cette époque, mais quand même : l’alliance, entre YHWH et lui, est posée.
Ce n’est que plus tard, alors qu’il revient sur le sol de ses pères, qu’une autre NUIT, sur la rive Nord-Est du torrent du YaBoQ, YHWH passe et lutte dans la poussière avec le patriarche . Encore la fameuse secousse d’ÊTRE ! Qu’est-ce qui s’est passé ? On ne sait pas trop, mais ce qu’on sait, c’est que le Patriarche a été SECOUÉ et qu’il en est ressorti BÉNI !
« Je ne te laisserai pas partir que tu ne m’aies béni ! » (Gn 32,27). Cet ÉVÉNEMENT allait pour le coup changer sa vie ! Il se savait béni, bien que le signe de cette bénédiction fût, paradoxalement, une blessure à la hanche ! Voilà : dans cette SECOUSSE, dans ce COMBAT SPIRITUEL, il perd sa superbe extérieure — Il boitera tout le reste sa vie — ! Jusque-là, Ya”aQoV marchait extérieurement droit, mais dans le fond, il était boiteux à l’intérieur — c’était un fieffé filou ! D’ailleurs, le prophète Osée ne l’aimait pas —. En même temps, reconnaissons qu’il était courageux ; c’était un leader, donc tout n’était pas négatif chez lui. Il n’en reste pas moins qu’après le passage de l’ÊTRE qui fut pour lui une invraisemblable SECOUSSE d’ÊTRE, le voici DROIT À L’INTÉRIEUR : sa blessure extérieure restera la marque inscrite dans sa CHAIR du passage de l’ÊTRE, mais cette blessure même constituera toute sa vie le signe, le rappel de sa BÉNÉDICTION. Grâce à elle, dit cette tradition, Ya”aQoV pourra traverser les années sombres qui se profilent pour lui et sa famille ! Deuxième indice, qui donne à penser, donc à parler.
À l’Ouest, par ailleurs, une autre figure, une autre tradition se distingue : celle de YiTs
eRâQ. On sait peu de choses sur lui, mais on se souvient d’UNE NUIT, un autel fut dressé sur la montagne de YHWH pour que son père l’offrît en sacrifice. Mais il fut épargné par, nous dit-on, un passage de l’ÊTRE qui retient le bras de son sacrificateur. Là encore, c’st une sacré SECOUSSE D’ÊTRE ! C’est cette SECOUSSE qui fera que cet épisode ne passe jamais dans l’oubli, de sorte que sa descendance, depuis, sait que jamais YHWH n’acceptera que lui soit offert un sacrifice humain ; encore moins un premier-né, comme cela se pratiquait communément dans le culte de Bâ”aL ! Dès lors, fini cet acte idolâtre ! Le culte de l’ÊTRE et celui de Bâ“aL sont dorénavant étrangers l’un à l’autre. On ne joue plus dans la même cour ! Alors il faudra du temps pour que cette distinction prenne effet — il n’est pas impossible qu’elle n’ait eu véritablement force de loi qu’à partir de 701, et encore, pas sûr parce que la suite ne va pas être très simple —, mais en attendant, la leçon de cette SECOUSSE va marquer la mémoire de TOUT YiSs
eRâ’éL, génération après génération ! Troisième indice, qui donne à penser, donc à parler.
Ceci dit, il y avait aussi un patriarche en Y
eHOuDâH, dans le Sud, du nom de ‘AV
eRâHâM, dont le nom signifie père d’une multitude — je vous passe les détails. Pour lui aussi on faisait mémoire d’UNE NUIT, d’un sommeil mystérieux où YHWH était passé et avait tranché avec ce patriarche une alliance — un ENTRE-DEUX —, assortie de la promesse d’un fils à venir dans sa vieillesse ; le ch. 15 de la Genèse en a gardé la trace, entre autres. Quatrième indice, qui donne à penser, donc à parler.
Et quitte à lui donner une place dans le récit national , les Fils de LéWî vont faire valoir que sur ces quatre figures majeures, quand bien même on se souvient qu’il vient de Mésopotamie, ‘AV
eRâHâM se positionne comme le seul patriarche judéen ! Or il y a un fait incontournable : le Royaume de Y
eHOuDâH est le seul sol définitivement agréé par YHWH au détriment de celui de YiSs
eRâ‘éL qui, lui, a disparu ! Ce qui leur laisse à penser que ‘AV
eRâHâM a une place d’élection singulière dans l’ENTRE-DEUX avec YHWH ! Raison pour laquelle les Fils de LéWî, à bon droit, vont le positionner comme le père TOUT YiSs
eRâ‘éL, c’est-à-dire de tous ceux qui, à son exemple, ont foi en l’ÊTRE. C’est comme ça que ‘AV
eRâHâM devient « ‘AV
eRâHâM notre père », ‘AV
eRâHâM ‘aViNOu,
אָבִ֔ינוּ אַבְרָהָ֤ם. C’est ANALOGIQUE, on est d’accord. Ça n’est pas historique au sens analytique occidental, mais il n’empêche : le sens purement historique ne donne rien à penser — c’est comme ça, c’est tout ; circulez il n’y a rien à en dire ! —, alors que l’ANALOGIE, elle, nous présente les patriarches selon un ordonnancement réfléchi et inspirant ! Et personnellement, j’aime à penser qu’en Jésus, pour les chrétiens aussi, ‘AV
eRâHâM est bien ‘âVîNOu,
אָבִ֔ינוּ , notre père !
Enfin, on ne peut pas laisser sous silence une dernière tradition, connue au viii
e s. à Y
eROuShâLaYiM à l’époque du roi H.iZ
eQiYYâHOu / Ézéchias — ; qui remonte au moins au roi DâWiD. Le clan de Y
eHOuDâH garde la mémoire que le premier roi de la dynastie jérusalémite fit quérir une arche précieusement gardée jusque-là à Qir
eYaT-Yé“âRîM,
קִרְיַת יְעָרִים,pour l’entreposer non loin de Y
eROuShâLaYiM sa capitale ; une arche pour laquelle son fils Sh
eLoMoH, dit-on, fit édifier un grandiose sanctuaire !
Or il se trouve que cette tradition était dans le même temps attachée à un certain Moïse. Elle rapportait — entre autres — qu’UNE NUIT, alors que les Hébreux étaient esclaves en MiTs
eRaYîM, l’ÊTRE était passé pour secouer les HÉBREUX et les mettre en marche vers le sol promis, en KaNa“aN. l’ÊTRE avait fait retomber sur les premiers-nés mâles de MiTs
eRaYîM le projet du Pharaon de l’époque d’exterminer tous les premiers-nés mâles des Hébreux qu’il trouvait trop nombreux sur son territoire. Suite de quoi, il avait laissé les Hébreux partir dans le désert — je vous renvoie aux vidéos d’introduction sur l’Exode.
Ce qui nous occupe ici, c’est de comprendre que si ce récit a été non seulement retenu mais posé au fondement du Roman National de TOUT YiSs
eRâ‘éL, c’est que l’ENTRE-DEUX avec l’épisode du Salut de Y
eROuShâLaYiM était trop flagrant pour être ignoré ! Il fallait que ce
modus operandi de YHWH fût posé au fronton de l’histoire de TOUT YiSs
eRâ‘éL, pour toutes les générations.
Et c’est ainsi que les Fils de LéWî ont su lever tous ces « lièvres » ; en rassemblant toutes ces secousses qui ont marqué l’histoire de leur peuple et que les différents clans n’avaient pas réussi à oublier.
Alors résumons : SUR LE COUP, Y
eROuShâLaYiM a été bien secoué ; mais voilà qu’APRÈS COUP, à la lumière des mémoires que collectent les Fils de LéWî, cette SECOUSSE renvoie à une multitude d’autres secousses antérieures et dévoile en définitive à TOUT YiSs
eRâ‘éL un DIEU UNIQUE EN SON GENRE ! Un ÊTRE capable même, pour secouer le peuple qu’Il a élu, de se servir paradoxalement de ses ennemis, de sorte que les scribes s’ouvrent à la conception de quelque chose de complètement fou, voire
a priori de révoltant à vue purement humaine : Celui qui a été à l’œuvre dans ce déferlement assyrien, avec tout son lot de massacres, d’éradications et de déportations, c’était YHWH ! C’était l’ÊTRE-TEMPS, l’ÊTRE-PARLANT qui ouvrait à son peuple le chemin de la BÉNÉDICTION ! Il faut tout de même avoir un certain culot pour affirmer ça ; ou alors être inspiré, parce qu’on est ici au-delà de la limite du supportable ! À la limite de la mise en récit ! Et pourtant… Voyez : le RÉEL de cette histoire est d’une violence inouïe, mais l’inspiration des Fils de LéWî, la mise en place de tous ces ENTRE-DEUX de l’histoire, a permis de transformer ce RÉEL violent en une RÉALITÉ qui maintient encore aujourd’hui le peuple Juif au sommet de sa vigueur spirituelle dans le monde.
Et si on veut bien aller jusqu’au bout, c’est cette même capacité interprétative qui, en Christ, permet aux chrétiens de se greffer sur cette histoire pour en retirer des fruits qui DEMEURENT. À condition de faire ce que leurs frères aînés ont fait avec leur histoire propre : garder la parole du Maître comme source de toute BÉNÉDICTION, en faisant jouer les ENTRE-DEUX nécessaires par lesquels le RÉEL de leur histoire devient une RÉALITÉ qui leur permette de tenir leur place dans le monde : une histoire sainte ; une histoire d’élection, de consécration, une histoire vivante que même la mort ne saura pas éradiquer :
« Amen ! Amen ! Je vous le dis : celui qui garde ma parole ne verra pas la mort à jamais ! » (Jn 8,51). Voilà la BÉNÉDICTION des bénédictions.
Alors… il nous reste pour finir vraiment à décrypter comment tout ça s’est concrètement mis en œuvre dans l’histoire qui nous est racontée dans le second Livre des Rois ; on verra que ça n’a pas été si facile, mais bon, ce sera pour la prochaine fois.
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