07-10-2022

[Dt] Mon père, ce témoin de l’Alliance

Deuteronomy 11:1-7 par : Père Alain Dumont
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L’Alliance avec YHWH se conclut et fait appel aux témoins avant d’énoncer les bénédictions et les malédictions attachées à cette alliance. Le peuple est ici appelé à recevoir des PÈRES la MÉMOIRE de l’histoire fondatrice des FILS de YiSseRâ’éL.
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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 Bonjour,

Nous allons bientôt finir la lecture de la première partie du Deutéronome avec le ch. 11. En général, ce chapitre étonne parce qu’on ne sait pas trop quoi en faire… SAUF si on le replace dans le cadre de ce qu’on a déjà appelé, à propos du livre de l’Exode, le FORMULAIRE D’ALLIANCE. On va en rappeler les grandes lignes.

Dans l’ancien Orient, une Alliance politique est structurée par un FORMULAIRE qui comprend, par exemple dans le cadre d’un traité royal comme on en a trouvé en Assyrie :

• une TITULATURE : « Moi Je suis le roi ! » ;

• un PROLOGUE HISTORIQUE au cours duquel le roi raconte ses hauts faits pour présenter ses lettres de créance ;

• un COMMANDEMENT FONDAMENTAL : « Aime ton roi ! » ; que vont développer des COMMANDEMENTS PARTICULIERS, comme par exemple : « Tu ne t’allieras pas avec l’ennemi ; tu t’engageras dans les troupes du roi quand il aura besoin de toi. » Ou alors : « Quand un marchand aura été spolié, le prince sur le sol duquel aura eu lieu cette spoliation lui sera redevable » etc.

• suite de quoi le formulaire présente des TÉMOINS qui attestent la validité de cette alliance.

• Le tout se termine par une série de BÉNÉDICTIONS pour ceux qui respectent l’alliance, et de MALÉDICTIONS pour les autres. On appelle ça les bénédictions et les malédictions CONDITIONNELLES. Or ce sont précisément de telles bénédictions malédictions qu’on trouve dans notre ch. 11, ce qui nous pousse à chercher quel formulaire d’alliance elles viennent conclure. Or on va le trouver au fil des deux chapitres qui précèdent :

– Dt 9,1-6 se présente comme la TITULATURE de YHWH TseVâ‘OT (le Dieu rassembleur) ;

– Dt 9,7 à 10,11 constitue le PROLOGUE HISTORIQUE ;

– Dt 10,12-13 composent le COMMANDEMENT FONDAMENTAL que les v. 14 à 22 développent en COMMANDEMENTS PARTICULIERS ;

– Dt 11,1 à 7 présente alors les TÉMOINS que sont les pères de YiSseRâ’éL ;

– Et enfin Dt 11,8-32 vont développer les BÉNÉDICTIONS et les MALÉDICTIONS conditionnelles.



S’ajoutent à ça deux versets qui encadrent le tout et forment une belle inclusion littéraire pour confirmer l’unité des ch. 9 à 11 : « Écoute YiSseRâ’éL ! Tu vas aujourd’hui passer le YaReDDiN pour venir déshériter des nations. » (Dt 9,1) / « Vous allez passer le YaReDDiN pour venir hériter du Sol que YHWH, votre ‘ÈLoHîM, vous donne. Vous en hériterez et vous y habiterez. » (Dt 11,31). Donc on reconnaît effectivement un Formulaire d’Alliance à partir du ch. 9, et du coup, on comprend sans plus de difficulté la place du ch. 11. Ceci posé, on peut en commencer la lecture des premiers versets, jusqu’au v. 7

Le v. 1 d’une part introduit tout le ch. 11 en s’appuyant sur les acquis de ce qui précède, au moins à partir du ch. 6 dont on retrouve ici le slogan : « Aime YHWH ton ‘ÈLoHîM et fais ses commandements ! » (Dt 11,1). On a vu à l’occasion que l’hébreu ‘âHaV, אָהַב, aimer, constitue d’abord un impératif de loyauté que la TORâH pour sa part inscrit dans la dynamique d’une réponse à l’amour premier de YHWH pour son peuple. Souvenons-nous au ch. 7 : YHWH déclare sa flamme à YiSseRâ’éL : « Je me suis épris de toi ! ».

Voilà pour le v. 1 qui pose donc l’ensemble du ch. 11 sous l’égide de l’amour. C’est important de ne pas l’oublier pour une interprétation juste de ce chapitre.

Les v. 2 et 7 reprennent quant à eux l’histoire pour attester de son authenticité à travers le sceau de la VISION : « Vous connaissez aujourd’hui — non pas vos fils qui n’ont pas connu et qui n’ont pas VU la correction de YHWH, votre ‘ÈLoHîM — [Vous connaissez donc aujourd’hui] Sa Grandeur, Sa main-forte et Son bras étendu, Ses signes et Ses œuvres qu’Il a faits au milieu de MiTseRaYîM envers PaRe“oH, le roi de MiTseRaYîM, et envers tout son sol ! » (Dt 11,2-3) Et le v. 7 insiste : « Oui, VOS yeux ont VU toute la grande œuvre qu’a faite YHWH ! » (Dt 11,7).

Alors c’est un peu subtil, mais on va tenter de s’y retrouver. Il ne fait aucun doute que Moïse s’adresse à des pères, puisqu’il dit : « Ce ne sont pas VOS FILS qui ont vu la correction de YHWH ». Du coup, on se pose la question : qui sont-ils ? Quels sont ces pères qui ont « VU toute la grande œuvre qu’a faite YHWH ! » (Dt 11,2.7) puisque la génération sortie de MiTseRaYîM et qui était au Mont H.oRéV qu’évoquent les v. 4 à 6 est morte dans le désert pour avoir refusé de pénétrer en KaNa“aN par le sud comme le lui commandait YHWH ? On est 40 ans plus tard, c’est-à-dire une génération plus tard.

La problématique tourne manifestement autour de la VISION :« Ce ne sont pas VOS FILS qui ont vu la correction de YHWH » (Dt 11,2) et « Oui, VOS YEUX ont VU toute la grande œuvre qu’a faite YHWH ! » (Dt 11,7). Seulement voilà : de quelle vision parle-t-on ? S’il s’agit d’avoir assisté aux événements de la sortie de MiTseRaYîM, on vient de le dire : la génération à qui s’adresse Moïse à cet instant ne l’a pas vécue. On retrouvera par ailleurs le même problème à la fin du livre de YeHOShOu“a/Josué supposé s’adresser à cette même génération : « YHWH est notre ‘ÈLoHîM ; c'est Lui qui NOUS a fait monter, NOUS ET NOS PÈRES hors du sol de MiTseRaYîM, de la maison des esclaves . Il a fait SOUS NOS YEUX ces grands signes. » (Jos 24,17). Il faut donc se demander de quelle VISION il s’agit.

En fait, il ne s’agit pas d’avoir “vu” quoi que ce soit qui eût laissé un “souvenir”. Il s’agit, encore et toujours, de MÉMOIRE, avec cette différence essentielle, dont on a déjà parlé à l’occasion, que le souvenir ne peut pas se transmettre ; alors que le propre de la MÉMOIRE est d’être TRANSMISSIBLE. Il faut même aller jusqu’à dire que la MÉMOIRE constitue le CŒUR même de la transmission ; le cœur de toute transmission. Alors maintenant, pourquoi parler de VISION à propos de la mémoire ?

Parler de VISION, c’est d’abord parler de LUMIÈRE puisque les yeux ne perçoivent rien sans la lumière extérieure. Or on a déjà vu que pour la Bible, il y a certes la lumière extérieure, mais il y a surtout la lumière INTÉRIEURE. Et si d’une certaine manière, on peut rapporter la lumière extérieure au souvenir — il ne s’y réduit pas : il y a des souvenirs propres à chaque sens : souvenir auditif, gustatif, tactile et olfactif ; mais en ce qui concerne nos versets, c’est la VISION qui importe — ; si donc on peut rapporter la lumière extérieure au souvenir, on peut rapporter la lumière intérieure à la MÉMOIRE.

Mais là encore attention : là où les souvenirs constituent pour ainsi dire la somme des instants vécus par un individu qui s’impriment en lui et forment une sorte de banque de données ; la MÉMOIRE, elle, n’est précisément PAS une banque de données. La MÉMOIRE est une FACULTÉ, un dynamisme de la pensée et de la chair qui permet de VOIR au sens d’INTERPRÉTER le présent à la LUMIÈRE des leçons du passé — ce qui s’est passé, qui a passé ou n’a pas passé… — ; ceci afin de pouvoir, sur la base de cette interprétation, ENVISAGER LES POSSIBLES qui ouvrent la route de l’à-venir.

Or c’est précisément à travers le thème d’une telle VISION à TRANSMETTRE, donc d’une MÉMOIRE, que la Bible explore ce qu’est un PÈRE et ce qu’est un FILS. Être PÈRE et être FILS ne sont pas des états, et encore moins des états successifs : celui qui devient père ne cesse pas d’être fils pour autant.

Être PÈRE et être FILS, c’est un MOUVEMENT D’ÊTRE qui ne cesse de PASSER de l’un à l’autre, entre l’un et l’autre ; c’est un ENTRE-DEUX. Non seulement un entre deux générations, mais en soi-même entre le fils que je ne cesse pas d’être et le père que je deviens ou que je suis devenu. On pourrait dire la même chose au féminin, mais la Bible, ici, parle des pères et des fils, donc on explore ce domaine-là ; ça va déjà nous faire pas mal avancer.

Il y a donc ce mouvement d’être — la MÉMOIRE — qui fait toute la saveur, tout le bouillonnement de l’existence, et qui fait qu’on se sent VIVANT en étant conscient d’un LIEN qui nous ATTACHE intérieurement à d’autres qui constituent notre famille, notre clan ou notre peuple. Là, il faut lire entre autres le beau livre de Boris Cyrulnik : Sous le signe du lien. Je vous y renvoie pour ceux que ça intéresse. Or précisément, la Bible a bien saisi ce LIEN ; elle a remarquablement saisi ce mouvement d’être, ce mouvement à l’intérieur de l’être ; et elle l’a DRAMATISÉ, au sens où elle en a fait un RÉCIT grâce à quoi cette MÉMOIRE, cette CULTURE qui lui est propre, non seulement peut, mais DOIT se TRANSMETTRE CHARNELLEMENT. Non pas comme une série de concepts à assimiler ou comme un manuel de morale à appliquer, mais comme une HISTOIRE À RACONTER, qui va manifester le LIEN qui court entre les générations et imprégner la CHAIR du peuple des FILS de YiSseRâ‘éL. Une HISTOIRE que la Bible met en scène à chaque page de la TORâH, des Prophètes et des Psaumes ; de sorte que cette HISTOIRE transmet une SAGESSE qui permet jusqu’à aujourd’hui à ceux qui consentent à l’écouter, d’apprendre à interpréter leur existence et à s’inscrire dans ce MOUVEMENT D’HISTOIRE, dans ce MOUVEMENT D’ÊTRE qui se révèle être un MOUVEMENT de VIE qui court de la naissance à la mort de chacun, et passe de génération en génération.

Alors on l’aura compris : pour la Bible, être FILS, ce n’est pas être le fruit d’un géniteur ; le fils ne se réduit pas à la progéniture. Être FILS, c’est intégrer la mémoire qu’un MAÎTRE TRANSMET ; un MAÎTRE qu’il reconnaît et consent à recevoir comme PÈRE. Alors bien évidemment, ce Maître peut être le géniteur, mais pas seulement : ce peut être n’importe quelle autre figure paternelle, jusqu’à YHWH en personne — on peut par ailleurs avoir plusieurs pères dans l’histoire d’une vie, qui ne s’annulent pas les uns les autres mais prennent chacun en charge, à des moments différents, une part de cette vie filiale pour l’amener à grandir, l’amener à trouver son lieu d’être.

Dit autrement : selon la Bible, le véritable FILS, c’est celui qui prend Maître, qu’il prend PÈRE… jusqu’au moment où, grâce à ce lien de transmission, le Fils se met à VOIR ce que VOIT ce père, ou plus exactement : il se met à voir COMME voit le père. Voilà qu’à la lumière de l’héritage auquel il consent ; à la lumière du TÉMOIGNAGE que porte le PÈRE, le FILS devient peu à peu capable de VOIR, c’est-à-dire d’interpréter sa propre vie ; il devient capable de discerner les traits de Lumière divine qui le traversent et de mettre en œuvre ce qui n’était encore en lui qu’un POTENTIEL dont il ne soupçonnait pas l’existence. Un potentiel qu’il va porter à son accomplissement ; à travers lequel il va pouvoir CRÉER, ENTREPRENDRE, parfois DÉCOUVRIR d’autres potentiels, d’autres possibles qu’il va à son tour porter comme un TÉMOIGNAGE de vie. Le FILS devient alors apte à être PÈRE, c’est-à-dire à TRANSMETTRE ce qu’il VOIT ; à devenir à son tour un TÉMOIN de l’Alliance qui le lie à YHWH comme à sa source ; comme la ressource de son être à l’intérieur du peuple auquel il appartient. Il va être capable de dire en vérité les mots de Moïse : « Oui, mes YEUX ont VU toute la grande œuvre qu’a faite YHWH ! » (Dt 11,7).

Tout ça pour dire que, pour la Bible, la TRANSMISSION est par essence ce qui caractérise la PATERNITÉ. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de transmission côté maternel ; le PÈRE n’est pas le détenteur de cette transmission ; mais pour la Bible en tout cas, il en est bel et bien le GARDIEN. Le PÈRE se reconnaît donc à ce qu'à travers les événements qui rythment son histoire et celle de son peuple, il veille à être le témoin vivant de la mémoire de ses pères, chargé de la transmettre à ses fils pour leur donner de VOIR à quel point les récits et les commandements inscrits à même la chair de YiSseRâ‘éL constituent leur héritage le plus prégnant.

Alors pour bien comprendre que cette VISION nous touche de près, vous et moi, on va prendre un exemple : je n’ai jamais VU Jésus de mes yeux ! Mais j’ai reçu, de l’Église et de mes pères, les récits, c’est-à-dire l’héritage qui me permet d’accéder à Sa Parole, d’apprendre à Le suivre jusque dans Sa passion et Sa résurrection, et de découvrir comment je suis BÉNI en tant que chrétien. Voilà l’HÉRITAGE qui m’a été TRANSMIS, non pas comme un souvenir puisque c’est impossible, mais comme une MÉMOIRE dont le récit s’inscrit dans ma CHAIR. À partir de là, voilà que je me mets à VOIR mon existence dans la lumière de Jésus et de l’Église. Un ENTRE-DEUX s’est installé entre Jésus et moi comme un MOUVEMENT D’ÊTRE, un mouvement de vie qui m’ancre dans mes origines multiples pour les revisiter à chaque fois que nécessaire comme autant de points d’appuis pour interpréter ma propre vie. Et voilà que ce mouvement d’être me bouscule ; voilà que je reconnais les traits de lumière qui me traversent ; voilà que j’aime YHWH qui me secoue, me décale, me sort de mes refuges faciles. Je VOIS ce que mes pères ont vu en leur temps : la Grandeur de YHWH, sa main forte, son bras étendu, ses signes et ses œuvres dans ma vie et autour de moi, etc. Voilà ce qui m’est une RESSOURCE lumineuse, qui m’est donc une BÉNÉDICTION puisque c’est par elle que je me mets à VOIR un tas de possibles que, laissé à moi-même, je n’aurais jamais VU, ni même entrevu. Bref, je vis, et je me sais BÉNI. Et j’apprends à aimer ça ; à aimer que YHWH, en Christ, m’aime comme ça, en me secouant sans cesse… parce que c’est précisément le signe qu’Il me sauve de la malédiction d’une religion qui, à force de certitudes paresseuses, en devient vite idolâtre. Cette BÉNÉDICTION manifeste le LIEN spirituel, le lien d’amour qui m’unit à YHWH comme un fils à son Père Originaire, en Christ. Et c’est ce qui fait de moi un FILS de ‘AVeRâHâM dont l’appel retentit pour moi : « Va vers toi, vers le Sol que je te montrerai » (Gn 12,1) ; un appel auquel j’aime répondre chaque matin dans la prière en disant : « Me Voici ! » à la suite de mes pères comme ‘AVeRâHâM, Moïse, SheMOu‘éL, David, Marie, Jésus, les apôtres et tous les saints qui ont jalonné et jalonnent encore aujourd’hui le chemin béni du peuple de YHWH.

Alors maintenant, quel est le moteur de cet entre-deux qui nous fait passer du statut de fils à celui de père — sans jamais cesser d’être fils, rappelons-le — ? Eh bien aussi inattendu que ça puisse paraître, le moteur de la transmission s’appelle la JOIE qui naît de l’expérience de la BÉNÉDICTION ! Quand je me sens BÉNI, quand je sens que mes ressources, que mes appuis intérieurs sont opérants lors des défis de l’existence à relever, une JOIE indicible jaillit. Donc une émotion ; donc la nécessité vitale, charnelle, de la partager, dans la mesure où une émotion n’est gérable qu’à partir du moment où elle est partagée. On entend ça de la bouche même du Christ, qui vit de la BÉNÉDICTION DU PÈRE : « Je vous ai dit tout cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit portée à la plénitude. » (Jn 11,15) C’est cette JOIE de la Bénédiction — qui n’a rien de tranquille, j’espère qu’on le comprend bien — qui fait du Père un TÉMOIN. Le PÈRE TÉMOIGNE qu’il se sait BÉNI, qu’il sait où sont ses points d’appuis, ses points d’amour ; et sa plus grande joie est d’en ouvrir le chemin à ses fils pour qu’ils reçoivent le plus bel héritage qui soit, l’héritage même de AVeRâHâM, à savoir : la BÉNÉDICTION

Et pour aller jusqu’au bout : si c’est la capacité d’être TÉMOIN de la BÉNÉDICTION dans l’Alliance avec YHWH qui fait entrer dans la dimension PATERNELLE, c’est précisément par cette dimension que l’homme se ressent comme IMAGE de YHWH : comme cet être de PASSAGE, cet être de TRANSMISSION, ce LIEU D’ÊTRE de YHWH dans le monde créé. On pourrait dire que l’acte créateur consiste en la TRANSMISSION de la TRANSMISSION, et c’est l’homme qui, au nom de tout le monde créé, s’en trouve chargé. Et c’est le propre du message du Christ Jésus que d’avoir révélé le mystère de TRANSMISSION qui demeure en YHWH même, entre le Père et le Fils éternels ; entre le Père qui est la VOIX de DIEU et le Verbe qui porte cette Voix comme la PAROLE, c’est-à-dire le TÉMOIGNAGE du Père éternel. De sorte que lorsque la TORâH met sur les lèvres du Créateur : « Faisons le ‘ÂDâM à Notre image et à Notre ressemblance. » (Gn 1,26), on peut tout à fait entendre : « Faisons de lui un Fils pour qu’il goûte avec Nous la joie d’être Père, à l’image du Père et du Fils éternels, dans la communion de notre Esprit en qui s’opère toute TRANSMISSION créatrice de VIE.

Alors maintenant, on a tous les éléments pour interpréter le texte de notre début de chapitre : Moïse s’adresse donc implicitement à des PÈRES, c’est-à-dire aux Hébreux habités par la MÉMOIRE de tout YiSseRâ’éL depuis la sortie de MiTseRaYîM ; des pères fondés dans l’héritage de YHWH, se sachant BÉNIS de la BÉNÉDICTION de leur père AVeRâHâM ; de sorte que par elle, les voilà prêts à tout entreprendre, à commencer par recevoir l’héritage. Cette génération à qui s’adresse Moïse n’est pas factuellement sortie de MiTseRaYîM, pas plus qu’elle n’a factuellement vécu l’épisode du Mont Sinaï ! Elle n’en a donc AUCUN SOUVENIR. Mais il faut croire que ses pères, avec le secours de Moïse, ont su lui en transmettre la MÉMOIRE à travers les récits de ces épisodes inauguraux, de sorte que cette génération, et toutes les autres qui suivront jusqu’à aujourd’hui, VOIT ce que ses pères ont VU, depuis AVeRâHâM, YiTseRâQ et Ya”aQoV et se découvre prête à transmettre cette VISION à ses propres fils pour leur donner de poursuivre le chemin.

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Comprenons enfin qu’en inscrivant cette TRANSMISSION DANS LA TORâH, Moïse l’institue vraiment comme un commandement, une MiTseWâH à part entière, et même comme la première et la plus fondamentale de toutes les MiTseWOT puisque c’est par elle que la Bénédiction de YHWH a été énoncée potentiellement en faveur ‘AVeRâHâM ET DE SA DESCENDANCE. La transmission n’est donc pas une simple disposition du cœur : TRANSMETTRE est un COMMANDEMENT au fondement même de l’être de YiSseRâ’éL — et de l’Église greffée sur YiSseRâ’éL, dira saint Paul ! la TRANSMISSION FAIT PARTIE de la MÉMOIRE de la TORâH et donc de l’être profond de YiSseRâ’éL, au point que l’entrée en KaNa“aN — comme le retour en KaNa“aN après la période de l’Exil ; ou encore comme le Retour sur le sol de YiSseRâ’éL aujourd’hui — ce que les Juifs nomment leur עֲלִיָּה, “aLîYYâH —. Chaque ENTRÉE sur le Sol promis donc, pour quelque génération que ce soit dans la ligne de ‘AVeRâHâM, dépend de la TRANSMISSION assurée dans l’entre-deux des pères et de leurs fils. La TRANSMISSION, aujourd’hui largement mise en cause par une société qui renie YHWH pour se vouer au baal de l’argent roi, constitue ainsi une véritable ÉTHIQUE DE L’ÊTRE, l’éthique de la TORâH que Jésus reprendra à son compte pour en étendre la portée à tous les peuples de la terre.

Voilà. Voyez, c’est tout ça, entre autres, qui habite implicitement ces quelques versets dont l’objectif est de positionner les Fils de YiSseRâ’éL comme TÉMOINS de l’Alliance au moment où il va leur falloir entrer sur le Sol promis. Leurs yeux sont bien ouverts : ils savent VOIR YHWH à l’œuvre, dit Moïse ; ils ont donc conscience de ce que YHWH attend de leur génération. Du coup, ce témoignage atteste non seulement que l’héritage est reçu, mais qu’ils accèdent dans le même temps à une PATERNITÉ qui les constitue comme un PEUPLE de TRANSMISSION.

De cette Transmission, le Sol promis porte le signe en tant que sur lui sera édifié le futur Temple de Jérusalem. Un Temple de PIERRES, ce qui n’est pas anodin si on veut bien ne pas oublier que la PIERRE, ‘èVèN en hébreu, se décompose en ‘âV, le père, et BéN, le fils ; de sorte que chaque pierre du Temple s’avère le symbole charnel de la TRANSMISSION inscrite ainsi au cœur du cœur de l’âme de YiSseRâ’éL appelé ici comme TÉMOIN de l’Alliance.

Alors on n’en dira pas plus pour aujourd’hui. On verra les conséquences de tout ça à propos des bénédictions et des malédictions qui viennent conclure le formulaire d’Alliance. D’ici là, je vous souhaite une lecture féconde de ces versets 1 à 7.

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