21-05-2022

[Dt] N'oublie pas l'Alliance avec YHWH !

Deuteronomy 8:1-20 par : Père Alain Dumont
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Encore un grand passage qui manifeste comment YHWH, et Lui seul, est la Source de toute VIE. Comment les fils de YiSseRâ’éL, une fois parvenus de l’autre côté du Jourdain, sont appelés à ne jamais oublier ses commandements ; pour retrouver dans ce Sol le Jardin vivant prévu dès le commencement de la Création.
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous ouvrons aujourd’hui le ch. 8 du Deutéronome, qui commence en résumant les v. 12 à 15 du ch. 7 : s’il faut écouter le commandement, c’est-à-dire le faire, le mettre en pratique, c’est qui n’en dépend rien de moins que la VIE : « Tout le commandement que Moi, Je te commande AUJOURD’HUI, vous le garderez pour le faire afin que vous viviez, que vous vous multipliiez, que vous entriez pour hériter du Sol que YHWH a juré à vos pères. » (Dt 8,1). Au sens littéral, c’est donc déjà un commandement VITAL.

Maintenant, écoutons bien la séquence : vivre – multiplier – entrer. Est-ce que la logique n’aurait pas dû être : entrer d’abord, puis vivre de la TORâH et multiplier ? Eh bien non, parce que la TORâH ne dépend en rien du Sol. C’est même exactement le contraire : c’est le Sol qui dépend de la TORâH. Pourquoi ? Parce que ce qui est attaché à la TORâH, ce qui procède de la TORâH, c’est LA VIE ; de sorte qu’avec YHWH, il faut D’ABORD recevoir la TORâH afin de VIVRE par elle, c’est-à-dire apprendre à y puiser les ressources nécessaires pour mettre cette vie en œuvre. Ceci en place, tout peut commencer : on peut ENTRER sur le Sol promis par YHWH pour y injecter la puissance de vie puisée dans la TORâH, génération après génération ; pour faire fructifier ce Sol dans la vigueur du NOM de YHWH, c’est-à-dire le faire passer de la fécondité potentielle que YHWH a inscrite dans ce Sol, à une fécondité réelle. Et c’est là que se révèle la mission de l’homme à collaborer à l’accomplissement de la Création.

En fait, nous dit la TORâH, cette collaboration, YHWH l’espère depuis le 7e jour de la Création. C’est ce que la TORâH nomme l’ALLIANCE. Et de ce point de vue, le cœur du péché, le « péché originel », c’est le refus de cette Alliance pourtant vitale. Ça nous est raconté de manière magistrale au ch. 3 de la Genèse. ‘ÂDâM et H.aWWâH refusent d’écouter le commandement de YHWH. Ils dénoncent toute collaboration possible avec Lui pour faire un putsch, pour se rendre les maîtres du jardin. Un jardin qu’on pourrait tout à fait décrire avec les termes des v. 7 à 10 : « Un bon Sol, un sol d’eaux courantes, de puits et de nappes profondes qui sortent dans la vallée et dans la montagne, sol à blé, à orge, à vigne, à figue, à grenade ; sol olive, à huile et à miel ; sols où tu mangeras ton pain sans pénurie, où tu ne manqueras de rien ; un sol aux pierres de fer et aux montagnes dont tu extrairas le bronze. Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras YHWH, ton ‘ÈLoHîM, sur le bon Sol qu’Il t’a donné. » (Dt 8,7-10). Vous pourrez aller lire le récit de Gn 2 pour comparer. Mais quoi qu’il en soit, ce que nous permet de comprendre le Deutéronome ici, c'est que le sol du Jardin d’ÈDèN a dès le départ été offert à ‘ÂDâM et H.aWWâH pour être travaillé EN COLLABORATION, en ALLIANCE avec YHWH. Mais voilà qu’ils n’ont pas voulu de cette alliance, de sorte qu’ils portent la main sur le fruit défendu : à savoir le fruit de la CONVOITISE qu’on pourrait résumer ainsi : « Tout pour ma pomme ! ». Comme quoi la pomme, dans cette histoire, n’est pas forcément là où on croit !

Du coup, la sentence est inévitable, qu’on comprend complètement à la lumière de la TORâH : YHWH fait partir ‘ÂDâM et H.aWWâH en EXIL. Pas pour toujours, puisque le jour où leur descendance consentira à cette collaboration, ils seront à nouveau les bienvenus dans ce jardin pour le travailler en Alliance avec YHWH, d’autant qu’avec eux, ce retour rejaillira sur toutes les générations qui les auront précédés ! Un jour, il faudra qu’on parle de ça, c’est une part de ce qu’on appelle la communion des saints en christianisme. Mais ça n’est pas l’objet aujourd’hui. Ce qui est dit dans notre chapitre, c’est que la TORâH travaille le peuple de YiSseRâ‘éL pour qu’il soit le premier à opérer ce retour, cette TeShOuVaH. On peut dire de ce point de vue que la TORâH travaille à réparer l’ingratitude des premiers jours, l’ingratitude de tout le genre humain vis-à-vis de YHWH, en choisissant YiSseRâ‘éL comme son peuple et en appelant chaque génération à faire mémoire de cette Élection, à retrouver le chemin de l’Alliance. YiSseRâ‘éL ici nous précède, il nous dessille la route en ne craignant pas d’essuyer les plâtres ! Ce qui devrait susciter de notre part un minimum de reconnaissance, de gratitude.

Tout ça pour dire que le Sol sur lequel va entrer YiSseRâ‘éL, en soi, n’est pas premier. Ce qui l’est, c’est la puissance de la VIE qui, grâce à l’obéissance à la TORâH et jamais sans elle, habite YiSseRâ‘éL dès AVANT de passer sur le Sol ; une VIE qui s’avèrera capable de faire de ce Sol le SIGNE de l’exubérance qui jaillit dès lors que les hommes s’allient à YHWH, trouvent en sa Parole la ressource qui leur donne la vigueur nécessaire pour faire fleurir la vie dans une Création qui n’attend que ça. Rappelons-nous encore une fois : « La Création est à l’affût du dévoilement des fils de Dieu qu’elle attend depuis bien longtemps ! » (Rm 8,19). Sans cette collaboration des hommes avec YHWH, la Création reste en suspens ; elle reste un pur potentiel qui ne sait pas, par elle-même, passer à l’état d’accomplissement.

Et là comprenons bien : il ne s’agit pas d’entrer sur le Sol pour y cultiver des carottes jusqu’au jugement dernier ! Il y a une montée, une croissance inscrite au cœur de ce projet de YHWH. Or cette puissance est puisée dans l’étude de la TORâH, dans la vigilance de la mémoire à travers la prière, la louange et l'offrande des sacrifices. Elle concerne chaque génération qui, pour ce qui lui revient, donne au potentiel inscrit dans le Sol de se déployer toujours plus. Ce faisant, l’héritage fructifie et se développe de génération en génération. À charge pour chacune d’entre elles de se rappeler l’avertissement des v. 11 à 20 : « Garde-toi d’oublier YHWH, ton ‘ÈLoHîM, en ne faisant pas ses commandements, ses jugements et ses décrets que je te commande aujourd’hui ! […] Si pour oublier, tu oublies YHWH, ton ‘ÈLoHîM ; suivant d’autres ‘ÈLoHîM en les servant et en te prosternant devant eux, je l’atteste aujourd’hui contre vous : pour mourir, vous mourrez ! » (Dt 8,11.19) — Tiens : même avertissement que pour ‘ÂDâM, j'espère que ça ne surprend personne, puisqu’il s’agit de la même dynamique. Dit autrement, vu qu’il n’y a aucune vie dans les divinités faites de mains d'hommes, il n'y a rien à y puiser pour faire fructifier la création, et c'est la mort assurée !

Parce qu’on le veuille ou non, la tentation de l’oubli sera toujours là : quand tout semble progresser naturellement, quand les richesses semblent proliférer aisément, on se dit toujours spontanément : « C’est ma vigueur et la force de ma main qui m’ont acquis cette richesse ! (Dt 8,17). Ben voyons ! Donc plus besoin de Dieu ! Tout ça, c’est de la superstition ! Et sans qu’on s’en aperçoive, on oublie le chemin d’élévation qui est la marque de l’Alliance ; on oublie ce chemin par lequel, dans l’obéissance aux lois de YHWH, l’homme se découvre béni, grandit et s’affermit en entraînant la création dans ce mouvement d’élévation. Et on tombe dans le détournement, dans l’exploitation du potentiel pour la seule jouissance du profit… L’accumulation des richesses devient le seul objectif ; on explique aux hommes qu’il n’y a pas d’alternative et les voilà peu à peu rabaissés au rang d’esclaves des lois du marché… avec leur disparition programmée, exactement à l’opposé de tout le projet divin qui fait paradoxalement office d’irréalisme. Enfin bref. Tout ça c’est dans notre chapitre, je n’invente rien !

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Toujours est-il que pour prévenir ce danger, même s’il n’en est pas formellement question dans notre chapitre, il va être indispensable de bâtir un lieu sur ce Sol pour y abriter l’arche dont on va reparler d’ici quelques chapitres : précisément pour signifier que la fécondité du Sol est en lien irréductible avec l’attachement de YiSseRâ‘éL à sa TORâH, donc à YHWH. Et bien entendu, cette mémoire n’est possible qu’à travers l’établissement de rituels charnels, de signes concrets qu’il s’agira de vivre régulièrement à l’occasion des grandes fêtes de pèlerinage où le peuple tout entier se rassemble pour reprendre toujours plus profondément conscience de lui-même et de son lien vivant avec YHWH dont procède toute bénédiction.

Alors précisément, petit exercice de mémoire : au ch. 16 de l’Exode, au v. 33, YHWH demande qu’une jarre de manne soit déposée auprès de l’arche, dans le sanctuaire. Ceci pour signifier certes que la nourriture vient bien de YHWH, mais qu’en définitive, la véritable nourriture n’est pas la manne en elle-même : c’est la Parole de Dieu ! C’est le signe charnel de ce qu’exprime le v. 3 : « Ce n’est pas de pain seul que vit le Terreux — ‘ÂDâM, c’est-à-dire tout homme ! Là, la visée ne touche pas que YiSseRâ’éL, mais à travers lui, tout le genre humain ! C’est déjà la dimension universelle de la TORâH qui pointe. — Le Terreux vit de tout ce qui sort de la Bouche de YHWH ! — c’est-à-dire de sa Parole, de sa TORâH. » (Dt 8,3). C’est ce qu’explicite encore plus profondément le Targum de ce passage : « Le fils de l’homme ne vit pas de pain seul ; le fils de l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche, des décrets du Verbe de YHWH. » (Targum Neofiti) ; ou alors, dans un autre targum : « Le fils de l’homme ne vit pas de pain seul, mais le fils de l’homme vit de tout ce qui a été créé par le Verbe de YHWH. » (Targum du Pseudo-Jonathan). On entend ici la citation de Jésus quand il répond au Satan, dans le désert.

Pour comprendre la logique, il faut se souvenir d’un principe important qu’on a déjà évoqué à une ou deux occasions : tout législateur n’est légitime que s’il assure la subsistance de sa population. C’est ce qui se passe dans le désert : YHWH donne sa TORâH sans oublier de nourrir son peuple avec la manne. Mais maintenant qu’on entre sur le Sol, on passe à une autre dynamique : il ne s’agit plus de nourrir le peuple comme on nourrit un enfant en lui donnant la béquée chaque jour. Il s’agit dorénavant pour le peuple de mettre en œuvre la TORâH de YHWH pour y puiser la vigueur qui donnera au Sol d’assurer la subsistance du peuple des Fils de YiSseRâ‘éL génération après génération ! Avec la traversée du Jourdain, on passe donc au régime adulte, non pas en laissant la TORâH derrière soi au désert mais en la gardant précieusement tout au contraire, puisque sans elle, le peuple oubliera la dimension d’héritage, détournera le Sol et pervertira le projet de VIE de YHWH pour retomber dans la mort dont précisément YHWH l’a délivré en le faisant sortir de MiTseRaYîM. En termes deutéronomiques : YiSseRâ‘éL perdra la bénédiction.

Dit autrement, la TORâH va à présent pouvoir entrer en œuvre sur le Sol pour que YiSseRâ‘éL, travaillé par cette Parole, fasse germer le fruit que le Sol contient en potentiel. Et là, redisons-le : nous sommes au cœur du projet divin, depuis le commencement : la Création est donnée avec tout le potentiel qu’y inscrit le Verbe de YHWH ; à l’homme de faire passer ce potentiel au réel — de le faire passer de la puissance à l’acte, diraient les aristotéliciens —, dans la lumière de cette Parole qui lui rappelle qu’il a entre les mains, non pas un pur produit de consommation pour satisfaire ses convoitises, mais un héritage qu’une seule génération ne suffit pas pour en explorer toute la richesse. À chaque génération donc de sonder ce potentiel pour ce qui lui revient avant de laisser la main à la génération suivante qui, à son tour, s’appuiera sur les découvertes de ses pères et repérera d’autres potentiels qu’il lui faudra déployer avant de transmettre, le moment venu, ce patrimoine aux ressources décidément infinies à la génération suivante, etc.

Si vous voulez, c’est une manière de dire que si la Parole de YHWH est nourrissante, c’est parce qu’elle donne à l’homme la vigueur nécessaire pour faire en sorte que le Sol donne la nourriture nécessaire à sa subsistance, et qu’à partir de là, l’homme déploie sa compétence au service de la Création dont il va peu à peu déployer le potentiel — les prophètes diront : l’homme va faire en sorte qu’adviennent, selon la volonté même de YHWH, « un ciel nouveau et une terre nouvelle » ! On trouve ça à la fin du ch. 65 d’Isaïe, au ch. 66 aussi, repris dans l’Apocalypse de saint Jean. Mais attention de ne pas brûler les étapes ! Tout passe d’abord par le don d’une nourriture qui n’est pas simplement de la bouffe en rayon dans les supermarchés, mais le fruit d’une écoute de la Création dont le déploiement de la richesse est confié à l’homme par la Parole même de YHWH ; au cœur d’une Alliance censée prévenir les débordements qui, sans cette collaboration intime, ne manqueront pas d’attirer l’homme dans leurs filets séducteurs, et surtout destructeurs.

De sorte qu’à l’inverse, dans ce qu’elle a de plus simple comme de la farine et du vin, fruits premiers de la terre couplé au travail de l’homme, la nourriture devient le signe premier et irremplaçable de la vitalité source de la TORâH ; son SACREMENT si vous préférez. Alors bien sûr : la TORâH est spirituellement nourrissante — on est nourri par une parole divine qui met debout, qui relève intérieurement, etc. — Mais ce relèvement n’a aucun intérêt s’il n’a pas de conséquence concrète, charnelle dans un premier temps sur la nourriture nécessaire pour qu’aucun peuple ne soit prisonnier de la misère — auquel cas il ne peut pas grandir ; et dans un second temps sur l’ensemble d’une Création au potentiel infini qui attend la révélation des Fils de Dieu pour advenir à son plein accomplissement !

C’est ce lien irréductible entre la puissance source de la TORâH et le renouvellement de la création que signifiera la pratique des sacrifices. Les sacrifices sont pour la Bible le signe du consentement des hommes à recevoir la création en gérance et non de se l’approprier comme s’ils en étaient l’origine et la fin. Pour éviter ce piège, un seul moyen, très charnel : prendre une part de ses biens pour le faire monter vers YHWH. Ce peut être une tête de troupeau, des colombes, de la fleur de farine ou du vin, ce que vous voulez. Mais une part dont l’homme consent à se défaire pour la faire monter vers Dieu ! Une manière de conscientiser une verticalité qui est la marque de l’homme à l’image de YHWH croisé à l’horizontalité de l’existence qui, sans cette verticalité, menace de noyer l’homme dans une dimension purement animale. D’où encore une fois la nécessité du Sanctuaire, du MiSheKâN comme de ce rappel que toute vie vient de YHWH et retourne à YHWH pour le plus grand bien de d’une liberté offerte à chaque génération qui consent à épouser ce mouvement d’élévation. Et ça, voyez, c’est déjà l’éternité en acte, dès ici-bas !

Donc l’enjeu, on le voit, est déterminant au moment de traverser AUJOURD’HUI le Jourdain pour recevoir l’héritage promis aux patriarches. C’est pour prévenir un tel piège que le v. 2 disait : « Fais mémoire de tout le chemin par où YHWH, ton ‘ÈLoHîM, t’a fait aller ; de ces quarante ans dans le désert pour te houspiller, t’éprouver, pour connaître ce qu’il y a dans ton cœur — le désir vers lequel te porte ta volonté —, si tu gardes ou non ses commandements. » (Dt 8,2).

Que veut dire que YHWH a houspillé son peuple, qu’Il l’a éprouvé ? C’est le début du v. 3 qui nous l’explique : « Il t’a houspillé et t’a fait avoir faim — Là, c’est le prophète Osée qu’il faut avoir à l’oreille, en particulier les deux premiers chapitres : le désert, c’est le lieu où le peuple fait l’expérience de l’inexistence des faux dieux, puisqu’ils ne le nourrissent pas. Donc : Il t’a houspillé et t’a fait avoir faim, puis c’est Lui qui t’a nourri de la manne — signe que YHWH est le seul et véritable Dieu, Celui qui donne la vie là où, sans Lui, ne règne que la mort ; « C’est lui, donc, qui t’a nourri de la manne — que tu ne connaissais pas et que n’avait connue aucun de tes pères afin de te faire savoir que ce n’est pas de pain seul que vit le Terreux. Le Terreux vit de tout ce qui sort de la Bouche de YHWH ! » On ne revient pas sur ce verset.

En tout cas, la suite le montre combien : même si elle constitue une épreuve — être nourri au jour le jour, ça n’a rien de drôle ! On l’a dit, c’est la marque du petit enfant qui dépend de la béquée des parents — Donc même si elle constitue une épreuve, la manne n’en est pas moins la marque attentive d’un Père qui participe à la croissance de ses enfants, comme l’explicitent les v. 4 à 6 qui sont d’une facture sapientielle assez flagrante. Pour ne prendre que le livre des Proverbes :  « Quand il y a de l'espoir, corrige ton fils, n'emporte pas ton âme jusqu'à le faire mourir. » (Pr 19,18) ; « Corrige ton fils, il sera ton repos et fera les délices de ton âme. » (Pro 29,17), etc. En précisant évidemment que la correction n’est pas la punition, mais le CADRE toujours redonné à un enfant qui en a besoin pour grandir et connaître les lois qui lui permettront, une fois adulte, de donner le meilleur de soi. L’idée est la même que l’émondage de la vigne utilisée par Jésus dans l’Évangile de Jean.

Au demeurant, le verbe YâSaR — corriger — a bien le sens d’instruire, de corriger par la parole comme au ch. 4 : « Des cieux Il t’a fait entendre Sa voix pour te corriger, et sur la terre, Il t’a fait voir Son grand feu, et c’est du milieu du feu que tu as entendu Ses paroles. » (Dt 4,36) Du coup, cette « correction » ou cette « instruction », liée à la garde des commandements et à la sagesse du cheminement, donne à l’épreuve de la manne une dimension pédagogique qui a pour finalité, comme dit le v. 6, la crainte de YHWH, c’est-à-dire le consentement, devant Lui, à n’être ni le commencement, ni la fin de toute chose.

Là, on est à nouveau dans la veine prophétique. Il suffit pour s’en convaincre de lire encore une fois Osée : « Quand Israël était jeune, je l’ai aimé de charité, et depuis l’Égypte, Je l’ai appelé ‘Mon fils’. [Les prophètes] les ont appelés — je traduis selon le targum, parce que le texte, sinon, est difficile à comprendre —, mais ils ont détourné leurs faces, sacrifiant aux Ba”aLîM et encensant des idoles. Mais c’est Moi qui ai mis sur pied ÈPheRaYîM ! Je l’ai pris sur mes épaules, et ils n’ont pas compris que Je prenais soin d’eux ! Des cordages des terreux, Je les ai tirés dans des torsades de charité — le texte est très difficile à traduire : en s’aidant du targum, on peut comprendre que YHWH a libéré son fils de l’esclavage (les cordages d’Adam, humains) pour le prendre dans les torsades de son amour — ; J’étais pour eux comme ceux qui lèvent un joug sur leur bajoue — l’image est celle des soins qu’on donne aux bêtes de somme en leur retirant le joug de la mâchoire. En corrigeant légèrement l’hébreu “oL, וֹל, le joug, on peut lire “OL, עוֵֹל, le nourrisson, ce que choisissent nombre de traductions : comme ceux qui lèvent un nourrisson sur leur joue. — Tendu vers lui, Je le nourrissais. » (Os 11,1-4) L’image est très belle et inspire sans doute notre passage du Deutéronome qui inscrit cet amour divin paternel dans la TORâH, et lui confère ainsi tout son poids dans la révélation. À partir de là, on ne peut plus simplement regarder YHWH comme un pur chef de guerre ou un Zeus à la manière des Grecs ! Et c’est évidemment à partir de là que Jésus peut lui-même légitimement parler de YHWH comme son propre Père.

Enfin voilà pour ce chapitre. Je vous laisse à sa lecture. Laissez-les vous inspirer pour inscrire en vous un vrai désir de vous mettre à l’école de la TORâH et des évangiles qui l’interprètent ; une TORâH qui nous rappelle l’importance de prendre les moyens de ne jamais oublier la mission qui nous est confiée dans l’Alliance : injecter dans la Création la puissance de Vie dont la Source est en YHWH, pour élever cette création jusqu’à Lui. On est là au cœur de l’encyclique du pape François Laudato si.

Nous verrons la suite la prochaine fois.

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