15-04-2022

[Dt] Mange les peuples ?!?

Deuteronomy 7:16-26 par : Père Alain Dumont
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« Mange tous les peuples que YHWH, ton ‘ÈLoHîM, te livre ! » Qu’est-ce que Moïse veut dire ? Encore une de ces petites phrases aux richesses cachées tellement étonnantes !
Transcription du texte de la vidéo : 
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous terminons aujourd’hui la lecture du ch. 7 du Deutéronome, qui surprend un peu quand même. Suite à un passage uniquement centré sur les bénédictions, le v. 16 renoue avec une violence assez radicale. Du moins dans une première lecture, parce qu’il faut lire très précisément ce verset pour l’entendre en vérité.

Littéralement : « Mange tous les peuples que YHWH, ton ‘ÈLoHîM, te donne ! » (Dt 7,16). Là, c’est vraiment très malencontreux de traduire « manger » par « dévorer » ou pire : « supprimer ». Dévorer, c’est détruire. Manger, c’est assimiler. Ça n’est pas la même chose. Du coup, on peut entendre ce verset de manière déjà bien différente : « Assimile tous les peuples que YHWH te donne ! » (Dt 7,16). On est donc dans la ligne du ch. 6 : « Lorsque YHWH ton ‘ÈLoHîM te fera venir vers le Sol qu’Il a juré à tes pères, ‘AVeRâHâM, YTseRâQ et Ya”aQoV, de te donner, avec des villes grandes et bonnes que tu n’as pas bâties, avec des maisons pleines de tous biens que tu n’as pas remplies, avec des puits que tu n’as pas creusés, avec des vignes et des oliviers que tu n’as pas plantés, mange — Ah ! même verbe qu’en 7,16 — et rassasie-toi, mais garde-toi d’oublier YHWH qui t’a fait sortir du sol de MiTseRaYîM, de la maison des esclaves ! » (Dt 6,10-11)

Donc on entend mieux le commandement : « Assimile tous les peuples ! », mais reste la question : qu’est-ce que ça veut dire ? Rien d’autre en définitive que : « Ne te laisse pas assimiler par eux », c’est-à-dire : « ne te laisse pas séduire, ne te prosterne pas devant leurs divinités. » Raison pour laquelle le verset poursuit : « Ton œil ne sera pas complaisant pour eux : tu ne serviras pas leurs ‘ÈLoHîM, car c’est un piège pour toi ! » (Dt 7,16). Alors évidemment, si on traduit par “dévorer” ou “supprimer”, le texte pousse au génocide sans compassion ! Sauf que la fin du verset nous interdit justement d’aller dans cette direction : l’objectif n’est pas d’anéantir les peuples du Sol, mais de ne pas adorer leurs idoles !

Alors relisons maintenant ce verset avec une traduction qui prend en compte ce qu’on vient de dire : « Assimile tous les peuples que YHWH te donne ! Ton œil ne sera pas complaisant pour eux : tu ne serviras pas leurs ‘ÈLoHîM, car c’est un piège pour toi ! » (Dt 7,16). C’est exactement en ce sens que Jésus dira : « Quiconque regarde une femme en brûlant de désir pour elle, a déjà commis l’adultère dans son cœur. » (Mt 5,28). Même chose : pas de complaisance pour ne pas tomber pas dans le piège ! Et la comparaison avec Jésus n’a rien d’incongru ici concernant la fidélité dans le mariage, puisqu’on sait, depuis le v. 7, que YHWH s’est épris de son peuple qu’Il a choisi pour Épouse. En termes prophétiques : tu ne commettras pas l’adultère avec leurs Ba“aL ! Dit autrement : Assimile les peuples pour ne pas te laisser assimiler par leurs croyances. Grâce à la TORâH de vie, tu es en capacité de le faire !

Et de fait : concrètement, Israël s’est bien construit en assimilant les peuples du Sol. Vous vous souvenez qu’on a vu que YHWH était déjà vénéré par un certain nombre de peuples, dont beaucoup étaient sur le Sol de KaNa“aN. Ce qui s’est passé au fil de l’histoire, c’est dans un premier temps une sorte d’harmonisation de ce culte sous la férule des Roi du Nord et sous l’inspiration de prophètes comme “ÂMOS ou HOShé“a / Osée. Cette harmonisation va passer la vitesse supérieure sous les coups de l’invasion assyrienne qui va générer la première vague de réfugiés dans le Royaume de Juda. Et puisqu’à quelque chose malheur est toujours bon, à partir de ce moment-là, au VIIIe siècle, grâce à l’écriture alphabétique linéaire qu’apporte la culture assyrienne, vont pouvoir être édités les premiers linéaments du Deutéronome. Grâce à ce début de mise par écrit de la TORâH, le roi Yo’ShiYâHOu /Josias va commencer à imposer la centralisation du culte à Jérusalem de sorte que tout un travail d’assimilation se met en branle.

Là-dessus, invasion babylonienne qui descend cette fois jusqu’en Juda : destruction de Jérusalem et du Temple, exil des notables, etc. Ce qui ne doit pas nous faire oublier ceux qui, au travers de tous ces événements, vont RESTER sur le Sol. Parce qu’eux aussi, à leur manière, sont marqués par l’histoire ! Eux aussi à leur manière, sans le Temple, vont chercher à pérenniser le culte de YHWH sur place ! Du coup, quand, un demi-siècle plus tard, les exilés sionistes reviennent, évidemment que l’évolution n’a pas été la même entre ces deux groupes juifs, d’où les conflits internes d’autant plus violents qu’il n’y a désormais plus de roi comme figure unificatrice !

C’est un certain NeH.èMeYâH / Néhémie, au milieu du Ve siècle alors que l’empire Perse vient de renverser Babylone, qui est envoyé à Jérusalem comme plénipotentiaire du roi pour rebâtir Jérusalem et stabiliser politiquement la province de Judée. Or comment va-t-il s’y prendre ? En réorganisant le culte et en relançant l’assimilation ! Une assimilation à partir de laquelle vont être rassemblées toutes les traditions du Sol liées aux anciens sanctuaires voués à YHWH, au Nord et au Sud, et chacun attaché à diverses figures patriarcales comme ‘AVeRâHâM, YiTseRâQ et Ya”aQoV, mais aussi YOSéPh ; quatre figures fondatrices, donc, qui vont s’articuler sur une cinquième qui n’est pas à proprement parler « patriarcale » au sens où il n’a pas eu de descendance active dans l’histoire ; je veux parler bien évidemment de Moïse. Toujours est-il que c’est à partir de ce retour d’Exil, donc, que vont être fédérées, assimilées en une seule famille toutes ces traditions, sous l’égide de ce qu’on désignera sous le nom des « Tribus d’Israël ». Voilà, dans ses grandes lignes, la fameuse ASSIMILATION que notre v. 16 rend légitime en la plaçant sous l’approbation de la TORâH.

Donc c’est un travail de longue haleine, qui ne s’est évidemment pas fait sans accrocs ; et si on va bientôt faire le récit de la conquête du Sol avec YeHOShOu“a / Josué, c’est bien sûr pour fonder dans les tout débuts l’unité des fameuses “tribus” ; même si dans les faits, cette unité ne sera effective qu’à partir de l’assimilation judéenne du Ve siècle. Mais c’est aussi pour garder en mémoire que le Sol de l’héritage ne se résume pas à la seule province de Judée : cet héritage dans le Nord jusqu’aux Montagnes du Liban, et dans le sud jusqu’à l’Oued de MiTseRaYîM dans le désert du NèGèV. Alors on ne va pas parler ici des batailles que rapporte le livre de YeHOShOu“a / Josué, ça n’est pas notre objet. Disons simplement que ces récits guerriers s’inspirent semble-t-il assez largement des chroniques assyriennes. Pour asseoir leur pouvoir, les Assyriens avaient cette habitude de placarder dans tous les hauts lieux de l’empire les récits des batailles qui leur avaient valu leur légitimité impériale au nom du dieu ASsuR. Or on retrouve le même genre de propagande dans le livre de YeHOShOu“a qui va suivre : on peint un tableau de guerre idyllique où sont bien marquées les frontières du Sol qui constitue l’héritage de YHWH. Mais quoi qu’il en soit, en mettant cet impératif d’assimilation sous l’égide de Moïse — avant, donc, de pénétrer sur le Sol promis —, le rédacteur du Deutéronome est en train ici de valider, de légitimer cette assimilation qui, dans les faits, a demandé du temps — il ne le sait que trop bien, lui qui vit plus de cinq siècles après le récit qu’il met en scène. Bon, j’espère que vous ne vous perdez pas trop dans toutes ces allées venues dans le temps…

Ceci dit, maintenant, notre récit pose une autre question : si ce Sol constitue précisément l’héritage des Fils de YiSseRâ‘éL, ça suppose par conséquent que les nations en face sont déshéritées. Et c’est ce que dit explicitement le v. 17 : « Comment pourrai-je les déshériter ? » (Dt 7,17) — on traduit le plus souvent par “déposséder”, mais c’est beaucoup plus subtil que ça — Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce Sol a une destination singulière, qui est d’être le lieu où est honoré YHWH par l’observance de la TORâH ! Donc si les nations qui l’occupent n’observent pas cette TORâH, c’est que ce Sol ne leur est pas destiné, tout simplement. Sauf qu’attention : l’argument vaut évidemment pour YiSseRâ‘éL ! Accepter ce Sol en héritage suppose pour le peuple de se mettre en travail sur lui-même pour soulever le Joug de la TORâH ! Il ne s’agit surtout pas, à la manière des empires conquérants, de se considérer comme une nation qui jouirait de se sentir toute-puissante sous prétexte qu’elle aurait l’appui de YHWH ! Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir. Il s’agit de répondre à l’exigence de YHWH qui veut que, sur CE Sol, et pas un autre, un culte véritable Lui soit rendu. Ce qui par ailleurs est une manière de dire aux Fils de YiSseRâ‘éL : Je vous interdis de conquérir d’autres sols, d’autres pays. Installez-vous LÀ, et à partir de là, faites rayonner la lumière de la TORâH pour tous les peuples de la terre ! Il y a donc une véritable VISION derrière cette installation ; et donc une exigence, on vient de le dire ; une exigence qui, si elle n’est pas tenue, aura pour conséquence que l’héritage sera perdu par YiSseRâ‘éL, et que le Sol sera restitué aux nations. L’auteur du Deutéronome ne le sait que trop bien ! Ce fut la grande angoisse de l’Exil : YHWH nous aurait-Il déshérités ??? Non, répondent les prophètes : revenez à YHWH, et vous retrouverez l’héritage ! Et le but premier de la rédaction de la TORâH n’est pas ailleurs que de tout faire pour que l’héritage ne soit pas perdu : l’Exil a été un avertissement suffisamment cuisant pour qu’on ne tergiverse plus en la demeure !

Reste que le piège guette YiSseRâ‘éL, et c’est précisément ce que racontent les livres de SheMOu‘éL / Samuel et des Rois : « Tous les anciens de YiSseRâ‘éL se rassemblent et viennent auprès de SheMOu‘éL à Rama. Ils lui disent : “Voilà que tu as vieilli et tes fils ne vont pas sur tes chemins ; maintenant donc, établis sur nous un roi pour nous juger comme toutes les nations ! » (1S 8,4-5) Wouaille ! Maintenant, j’espère qu’on voit bien le danger ! D’autant que la Bible nous dit bien que ce piège mènera à la division et à la déportation ! La royauté en YiSseRâ’éL, c’est un échec cuisant, qui reste inscrit comme tel dans la chair de YiSseRâ’éL ! La seule royauté qui vaille, c’est celle de YHWH, dont Jésus, qui est Roi, dira qu’elle n’est pas de ce monde ! « Pilate appela Jésus et lui dit : “C’est toi, le roi des Juifs ?” […] Jésus répondit : « Mon règne, le mien, n’est pas de ce monde-ci. Si mon règne à moi était de ce monde-ci, mes gens à moi auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais non, mon Règne à moi n’est pas d’ici.” » (Jn 8,33.36). Vous entendez ? Jésus est dans le droit fil du Deutéronome. Ce qui est d’autant plus nécessaire, dira la tradition chrétienne, qu’a posteriori, en tant que Jésus est la MèMeRaH de YHWH, le Verbe du Père, Il n’est donc rien de moins que l’inspirateur divin de toute la TORâH… Alors évidemment, ce point-là est une pierre d’achoppement pour nos frères Juifs, mais en attendant, si la tradition chrétienne perd ce fondement, elle se met à son tour à fonctionner comme les nations ; elle se réduit à une simple communauté morale et là, elle perd inévitablement l’héritage offert par l’Évangile !

Alors pour en revenir à notre texte, c’est exactement pour prévenir ce piège mortel que les v. 18 à 20 s’érigent comme un rempart : face à l’entreprise que demande YHWH et qui te dépasse ; qui semble être complètement fou humainement parlant et t’entraîner vers la mort, mets ta peur dans ta poche et FAIS MÉMOIRE ! « Si tu dis en ton cœur : “Ces nations sont plus nombreuses que moi ; comment pourrais-je les déshériter ?”, n’en aie pas peur ! Pour faire mémoire, fais mémoire de ce qu’a fait YHWH, ton ‘ÈLoHîM, à Pharaon et à tout MiTseRaYîM, les grandes épreuves qu’on t vues tes yeux, les signes, les prodiges, la main forte et le bras étendu par lesquels YHWH, ton ‘ÈLoHîM, t’a fait sortir. » (Dt 7,18-19). Etc. Le rempart contre toute peur vis-à-vis du projet de YHWH — et pour nous du projet chrétien inspiré par le Christ Jésus —, c’est donc LA MÉMOIRE ! On ne peut pas être plus clair ! Mais c’est vrai que c’est déroutant, et là, on entend saint Paul : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que DIEU a choisi afin de couvrir de honte les sages ; et ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que DIEU a choisi afin de couvrir de honte ce qui est fort. » (1Co 1,27). Comme quoi la connaissance de la TORâH confère tout leur relief à des phrases qui, sorties de leur contexte, en sont réduites à de petits slogans de consolation… Alors que la dynamique est bien plus puissante dès lors qu’on en saisit les racines.

Notons bien de ce point de vue la forme intensive de l’hébreu : « N’aie pas peur ! Pour faire mémoire, fais mémoire ! ». De la même manière qu’en Gn 2 concernant la manducation de l’arbre de Connaissance du Bien et du Mal, YHWH dit : « Le jour où tu en mangeras — le jour où tu l’assimileras —, pour mourir, tu mourras ! » (Gn 2,17) Ah tiens ! Donc d’un côté, on a “assimiler pour ne pas mourir”, et de l’autre : “ne pas assimiler sous peine de mort”… Quelle est la différence ? La TORâH tout simplement ! Eh oui : pour Adam et Ève, la TORâH se résume à son essentiel, en deux commandements qu’ils REFUSENT ! D’un côté un commandement positif qui invite à assimiler tous les fruits du jardin porteur de bien, de bénédiction ; de l’autre, un commandement négatif qui interdit l’assimilation d’un seul arbre : celui de la connaissance du Bien et du Mal, c’est-à-dire l’Arbre de la légitimation du mal sous le couvert du bien ! Pour la Bible, le mal consiste à préférer donner la mort et refuser d’obéir au commandement de vie, au commandement attaché à l’arbre de Vie. Bref, le mal, c’est de désobéir à la TORâH, ce que vont faire Adam et Ève ! Or quelle est la conséquence ? Dieu les déshérite du Jardin ! C’est la même dynamique, et il n’est pas surprenant de voir que l’auteur de ce passage de la Genèse est de la même école que l’auteur deutéronomiste ! Ce qui donne le discernement pour ne pas tomber dans le piège de la mort, c’est la TORâH, fut-elle réduite à sa plus petite expression comme ici, ou déployée magnifiquement comme en Dt 30, encore et encore : « J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et le Sol : Je donne face à vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant YHWH ton ‘ÈLoHîM, pour écouter sa voix et t’attacher à Lui ; c’est Lui ta vie, la longévité de tes jours sur le Sol que YHWH a juré de donner à tes pères, ‘AVeRâHâM, YiTseRâQ et Ya”aQoV. » (Dt 30,19-20). Toute la TORâH consiste en cette vaste inclusion qui va du Jardin de ‘ÈDèN au Sol de KaNa“aN, avec au centre l’appel du Lévitique à la sainteté : « Soyez saints car Je suis saint, Moi, YHWH, votre ‘ÈLoHîM. » (Lv 19,2). Dit en termes deutéronomistes : détachez-vous de toute convoitise car Je suis détaché de toute convoitise, Moi, YHWH, votre ‘ÈLoHîM. Soyez libres car Je suis libre, Moi, YHWH, votre ‘ÈLoHîM. Mais pour ça, vous avez besoin de Ma TORâH, dit YHWH, sans quoi, « pour mourir, tu mourras ! ». Enfin bref : tout ça pour dire que l’expression intensive : « Pour faire mémoire, fais mémoire », comme « pour mourir, tu mourras » ; cette expression, donc, est une affirmation non négociable. On pourrait traduire : « Sois victorieux de tes peurs ! Pour sûr, fais mémoire ! »

Et là, c’est absolument génial : on est en train de nous dire que faire mémoire de la TORâH — ce qui suppose de la connaître — est LE moyen le plus excellent pour trouver le courage d’entreprendre ce que YHWH nous inspire. Et de fait : pourquoi, quel est l’intérêt de faire mémoire ? Sinon POUR ENTREPRENDRE, pour prendre virilement sa place dans le monde au nom de YHWH ; et dans la même ligne au nom de Jésus pour les chrétiens. Or redisons-le, bis repetita, one more time, le meilleur moyen de faire mémoire, c’est de RACONTER, avec ce fruit ô combien essentiel qui veut que L’HISTOIRE RACONTÉE FAIT LA COMMUNAUTÉ ! L’histoire racontée fonde ce qui unit une communauté en dépit de tout ce qui peut en séparer les membres, qui ont chacun leur tempérament, c’est-à-dire leur manière de vivre cette réalité communautaire. Et la communauté, quand elle est saine, n’a pas d’autre but que de favoriser la vie ; donc de favoriser l’entreprise, favoriser la croissance ; tout ça est synonyme. C’est d’ailleurs vrai pour n’importe quelle communauté, n’importe quelle culture ; mais c’est éminemment vrai en ce qui concerne le peuple de la TORâH et celui de l’Évangile qui lui est greffé.

Dit autrement, si je sais faire mémoire des générations qui ont précédé et qui ont su relever, à la lumière de la TORâH, les défis qui étaient les leurs, grâce à cette histoire que je porte dans ma chair, je vais être en mesure de considérer que la TORâH et l’Évangile m’ouvrent à la même capacité de relever les défis qui sont les miens ! Pourquoi apprendre PAR CŒUR la Parole de Dieu, les Psaumes ou l’Évangile ? Parce que cette parole assimilée RACONTE UNE HISTOIRE ; raconte MON histoire, celle de mes pères que je porte en ma chair ; une histoire qui a su porter des générations entières pour leur donner l’énergie d’entreprendre, de faire croître l’héritage de YHWH, là où, laissées à elles-mêmes, les événements les auraient tout simplement submergés. Pensons une nouvelle fois ici à la parabole de la maison bâtie sur le ROC.

Alors voilà : donc si nous faisons mémoire, comme nous y invite avec insistance la TORâH, pas de problème pour comprendre le v. 20 qui, sans ça, reste insupportable de violence. Mais à la lumière de la mémoire, si on se souvient de la violence et de la mort invoquée par Pharaon contre Israël qu’il veut faire disparaître ; si on se souvient de la leçon qui veut que celui qui invoque la mort contre un ennemi verra cette mort retomber sur lui-même et sur les siens — rappelons-nous de la dixième plaie, de la mort des premiers-nés —, alors on comprend que les guêpes que YHWH est prêt à lâcher sur les ennemis d’Israël le seront si ces ennemis se comportent avec la même prétention que Pharaon à éradiquer Israël de la surface de la terre.

Alors maintenant, approfondissons la question : Pourquoi YHWH veut-Il qu’Israël s’installe, et qu’il s’installe LÀ ? Certainement pas pour se vanter au nez et à la barbe des autres nations ! Non pas pour fanfaronner à l’instar des rois assyriens, babyloniens ou perses. Encore une fois, notre ch. 7 a explicitement posé qu’Israël est le plus petit d’entre les peuples. YHWH veut qu’Israël s’installe sur ce sol pour avoir son QG, pour ainsi dire, à Jérusalem — pourquoi là et pas ailleurs ? Là, vous irez le Lui demander quand vous vous présenterez devant Lui —. Toujours est-il que YHWH veut qu’Israël s’installe sur ce Sol pour qu’à partir de là, les hommes s’ouvrent peu à peu au véritable sacrifice qui ne consiste pas à acheter les bienfaits ou à nourrir une pseudo-divinité, mais à poursuivre la Montée vers Lui que la sortie de MiTseRaYîM a amorcée. Il s’agit d’apprendre peu à peu à renoncer à l’égo meurtrier pour se recevoir d’un autre et, à la lumière de la TORâH qu’il s’agit de scruter et de célébrer à travers le culte, découvrir ce qu’EXISTER pleinement signifie. Or c’est là que l’homme a besoin de YHWH.

Par conséquent, au regard de cet enjeu qui va avoir un retentissement sur tout le genre humain, s’opposer à l’installation d’Israël, c’est s’opposer à ce projet divin qu’Israël portera certes courageusement, mais pas sans peine. Être élu ne garantit pas la belle vie. Être élu, c’est recevoir une mission d’élévation en ce monde pour qu’advienne le Règne de YHWH dont la puissance ne relève pas de ce monde où le mal prend les rennes sous couvert d’un bien mensonger. Ceci dit, puisque dans un premier temps, ce monde ne reconnaît que la force armée, eh bien : à YiSseRâ‘éL de montrer où est la véritable force ; à YiSseRâ‘éL de prendre les moyens de s’installer ; de rester lui-même grâce à l’observance des commandements de YHWH en veillant à ne pas se compromettre avec les idoles qui corrompent les nations. Encore une fois, aucune vanterie derrière tout ça, mais la conscience naissante d’une mission d’élévation qui s’inscrit au cœur d’une existence digne de ce nom, là où n’importe quelle autre nation ne se perçoit exister, elle, qu’en écrasant les voisins.

Ceci dit, désormais, face à la volonté des nations d’exterminer ce dernier “petit venu” pour ainsi dire, plus question pour les Fils d’Israël de se contenter de prendre la fuite comme à l’époque de la sortie de MiTseRaYîM. Il faut affronter les problèmes en face, entrer sur le Sol et faire son nid ! Et face à « ceux qui veulent t’exterminer, extermine-les ! » dit YHWH au v. 24 ! Entendons par là : Défends-toi !

Alors oui : venant de la bouche de YHWH, on est surpris par la violence des mots. En fait, la lumière est dans les v. 25 et 26 : extermine LEURS IDOLES ! C’est-à-dire, encore une fois : « assimile-les ! » LÀ est la véritable conquête : anéantir LES IDOLES des nations, ce qui, en raccourci, donne : « Anéantis les nations » qui s’identifient à ces idoles. Et là, on comprend mieux. C’est violent, évidemment. Mais rappelons-nous toujours que la TORâH, tout comme les Évangiles n’est pas pour les mollassons qui veulent bien des fruits mais refusent de se salir les mains en allant les cueillir !

Quant à la question de l’Abomination, on touche là un thème prophétique et sapientiel. Et à nouveau, nous dit le récit, il faut FAIRE MÉMOIRES. Ici, le prophète Isaïe est le plus clair : « Les façonneurs de statues sont tous un Tohu — le “néant” si vous voulez ; ils défont la création : ils sont au niveau du Tohu-Bohu primordial du premier ch. de la Genèse — : celles qu’ils convoitent sont sans aucun profit ; leurs témoins ne voient ni ne connaissent rien, de sorte qu’ils sont dans la confusion. Quelqu’un a-t-il formé un ‘ÉL ou fondu une statue sans aucun profit ? Voici que tous ses adeptes sont dans la confusion et ses artisans rougissent ! Ils se rassemblent tous, ils se tiennent là, ils tremblent et ensemble, ils sont dans la confusion. […] Ils ne connaissent pas, ne discernent pas car un crépi empêche leurs yeux de voir et leur cœur de comprendre. Nul ne réfléchit en son cœur, nulle connaissance ni discernement pour se dire : “J’en ai brûlé la moitié au feu, j’ai aussi panifié du pain sur les braises, j’ai rôti de la viande et je l’ai mangée. Et de l’excédent, voilà que j’en fais une abomination pour me prosterner devant un bout de bois !” Pasteur de cendre ! Cœur abusé, dévoyé. Il ne sauve pas sa gorge — son âme — car il ne sait pas dire : “Assurément, c’est une imposture que j’ai dans la main !”. » (Is 44,9-11.18-20).

Donc là, quand Israël entrera — ou reviendra après l’Exil en KaNa“aN —, pas question d’être assimilé pour se dissoudre dans la masse des nations en vénérant leurs idoles mortes puisqu’elles ne donnent pas la vie ! La fidélité à l’Alliance avant tout, pour que par l’Élection, le témoignage de l’amour de YHWH porte ses fruits de vie ! C’est ce que commencera à nous dire le ch. suivant que nous verrons la prochaine fois. Je vous souhaite une lecture féconde de tout ce ch. 7 qui nous dit en son centre : « Garde les commandements, les décrets et les règles ! » (v. 11), parce que YHWH s’est épris de vous, le plus petit de tous les peuples (v. 7), et qu’il n’attend qu’une chose : partager à ceux qui montent vers Lui en étant fidèles à la TORâH la vie inscrite dans la bénédiction de l’Alliance (v. 13-14) ; une vie promise dès la fondation du monde, nous dit à sa manière le récit d’Adam et Ève. Mais en tout état de cause, ne deviens pas tiède en vénérant les vaines idoles (v. 25-26).

Il me semble qu’à sa manière, Jésus n’a pas donné un autre enseignement que celui-ci, lui que Jean-Baptiste présentait comme l’ÉPOUX par qui allait advenir la bénédiction des bénédictions dans l’Alliance, à savoir le Salut de toutes les nations.
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Les Psaumes expriment le dialogue permanent de l'homme avec son Dieu.


David les a écrits, Israël les a reçus et les chante encore chaque jour. Comme tout juif, Jésus les connaissait par cœur. Après la Résurrection, l'Église les a fait siens, précisément parce qu'ils étaient la prière quotidienne de Jésus. C'est donc Lui qui, aujourd'hui, nous les donne à chanter comme sa propre prière. Il convenait de leur laisser une place privilégiée dans un site consacré à l'écoute de la Bible.

Ici, les tutoriels ne nous expliquent pas les Psaumes : ils les mettent en œuvre pour vous aider à préparer la psalmodie de chaque dimanche. Car il ne suffit pas de "réciter" les Psaumes. Il faut les chanter, et laisser la mélodie leur donner chair.

Les Psaumes sont classés par année (A, B ou C), selon les différents temps liturgiques. Cliquez sur le Psaume que vous avez la charge de chanter au nom de votre communauté, et prenez le temps de répéter à l'aide du tutoriel, autant de fois que nécessaire pour vous permettre d'assurer votre voix.

  • Attention à garder le tempo, sans ralentir ni accélérer.
  • La psalmodie demande une voix soutenue et sûre.
  • Pour cela, pensez toujours à bien prendre votre respiration et à appuyer votre phrasé sur la première syllabe de chaque verset. 

Pour apprendre les principes généraux de la psalmodie, pensez à regarder la vidéo du bas de la page.

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