02-01-2022

[Dt] Tephilin et Mezouzot

Deuteronomy 6:7-9 par : Père Alain Dumont
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Comment faire pour ne pas perdre, et surtout transmettre le plus grand commandement de la TORâH, sinon en l’inscrivant dans la chair ? À savoir l’attacher sur la main et entre les deux yeux, et l’écrire sur les poteaux des portes d’entrée des maisons… étranges coutumes, et pourtant si puissantes !

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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article


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Bonjour,

Vous vous souvenez que le v. 6 de notre ch. 6 du Dt nous a introduit à la pratique du MÉMORIAL — le fameux « AUJOURD’HUI —, et pour ne pas rester dans la pure exhortation formelle, les v. 8 et 9 vont très logiquement nous indiquer comment mettre en œuvre ce MÉMORIAL qui, je vous le rappelle, a pour tâche de maintenir le peuple fondé sur le socle temporel de son histoire. C’est là qu’il puise son unité ; c’est là qu’il se découvre BÉNI, VIVANT, au point de savoir traverser les épreuves de l’histoire, mais surtout de savoir stimuler ses plus grands esprits à travailler de concert en faveur de l’élévation de leur peuple ! Et c’est exactement ce que vise l’auteur Deutéronomiste !

Le v. 7 poursuit dans le même sens que le v. 6 : « Instille-les — c’est-à-dire les MiTseWOT, les commandements — à tes fils, que tes paroles soient en eux, assis dans ta maison et marchant sur le chemin, en te couchant et en te levant. » (Dt 6,7). Magnifique verset ! La parole est transmise en toute occasion, à temps et à contretemps, du coucher jusqu’au lever, ce qui veut dire que la nuit même appartient à YHWH qui œuvre dans le secret pour déposer sa lumière au plus profond des ténèbres humaines : « YHWH, Tu me scrutes et tu me connais ; Tu sais quand je m’assieds, quand je me lève ; de loin Tu discernes ma pensée… » (Ps 139,1-2). Voyez, YHWH est partout — du moins pour celui qui veut bien s’éveiller à sa présence, une présence qui n’est décelable QUE dans l’ordre du MÉMORIAL ! C’est parce que je mets en pratique le MÉMORIAL que je deviens capable de discerner la présence de YHWH en toutes choses et à tout moment. De nos jours, on pense assez communément que le mémorial est de trop ; que la « pratique », comme on dit, n’est pas nécessaire : « je suis croyant, pas pratiquant » ; sauf que le Deutéronome nous dit bien que ça ne marche pas comme ça ! Anthropologiquement, aucun peuple ne subsiste sans une pratique mémoriale, ce qu’on appelle parfois avec dédain le « folklore ». Sauf que le folklore, fût-il liturgique dans les traditions religieuses, est précisément ce qui soutient les structures profondes des peuples ! Il constitue leur colonne vertébrale ! Et redisons-le : si les nations sont utiles pour administrer les peuples qu’elles rassemblent, elles ne peuvent pas effacer ce qui fait la spécificité de ces peuples sans en éradiquer du même coup les populations… Ce qui est le propre des idéologies, quelles qu’elles soient et de quelque bord qu’elles se situent.

Ceci dit, en soi, ce v. 7 devrait nous inspirer pour le mettre en œuvre dans nos propres familles et dans nos communautés respectives. D’autant plus en ce qui nous concerne en tant que chrétiens, puisque Jésus n’est pas passé par un autre chemin que celui du MÉMORIAL pour transmettre sa parole à ses disciples et faire en sorte qu’ils la gardent : assis dans la synagogue, marchant sur les routes de Galilée, se couchant dans la mort et se relevant dans sa résurrection… « Instille-les à tes fils, que tes paroles soient en eux, assis dans ta maison et marchant sur le chemin, en te couchant et en te levant. »… Voilà donc, me semble-t-il, de quoi nous inspirer et faire de nous, en Christ, un PEUPLE de DIEU actif dans la transmission de la parole à l’image même de Jésus !

Alors la suite, au v. 8, est spécifiquement juive : « Attache [ces paroles] en signe sur ta main et elles seront en fronteau entre tes yeux. » (Dt 6,8). On a là l’origine de la pratique des TePhîLîN — un mot qui vient de TePhîLaH, la prière. Alors on en a peut-être déjà parlé, mais ça ne fait rien. En français, les TePhîLîN sont appelés les PHYLACTÈRES, du grec phylaktèrion, φυλακτήριον qui désigne un lieu de garde, comme ces petites boîtes dans lesquelles on garde des objets auxquels on tient. Concrètement, ce sont aujourd’hui de petits cubes en cuir qu’enfile chaque Juif pieux le matin pour la prière — il peut les garder toute la journée, mais doit les enlever pour la nuit —, et qui contiennent des parchemins sur lesquels quatre passages de la TORâH, inscrits en mi-nus-cu-le, citent plus ou moins ce commandement du v. 8. On compte deux passages du ch. 13 de l’Exode, les v. 1-10 et 11-16 ; Le SheMa“ YiSseRâ’éL que nous lisons, c’est-à-dire Dt 6, verset 4 à 9 ; et la bénédiction de Dt 11, v. 13-21.

Pour ce qu’on peut en juger, les premiers échos concrets de cette pratique des TePhîLîN ne remontent au-delà d’un siècle avant J.-C., ce qui signifie à tout le moins que Jésus les a portés chaque jour, d’une manière ou d’une autre ! Il est vraisemblable qu’une pratique plus ancienne était reliée à ces versets qui remontent au Ve siècle, mais on n’en a pas de trace. On pense généralement qu’elle est née au sein du parti des Pharisiens.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, un Juif pieu, chaque matin, attache un boîtier à son biceps gauche par une longue lanière de cuir qui s’entoure autour du bras gauche. Un autre boîtier est attaché sur le front entre les deux yeux, toujours par un jeu de lanières.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le sens de ces boîtiers est quasiment d’ordre sacramentel : avec la lettre ShîN gravée sur chaque boîtier, les nœuds formés en forme de DaLèT sur l’arrière du crâne et de YoD sur bras forment le nom ShaDDaï, le Tout-Puissant, qui est l’un des Nom de YHWH ; de sorte que celui qui porte les TePhîLîN porte le Nom divin et se trouve ainsi charnellement attaché à Lui.

Du coup, par la pratique de ce MÉMORIAL, encore et toujours, le Juif prend les moyens de ne jamais oublier qu’il a pour vocation de consacrer à YHWH toute sa vie : les bénédictions qui sont récitées en les enfilant rejaillissent sur les moindres détails, les moindres gestes et, bien entendu, sur les moindres paroles de sa journée. Je vous mets une vidéo très pédagogique juste après, sur le site de la Bible en Tutoriel, où le Rav Yoel Bennarouch explique le sens de cette pratique juive essentielle.

Le v. 9 poursuit  : « Tu écriras (ces paroles) sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. » (Dt 6,9) ; ce v. 9 est à l’origine d’un autre usage juif, celui de la MeZOuZâH, un mot qui désigne tout simplement le poteau d’une porte et qui, par extension, en est venu à désigner cet étui que chaque famille juive fixe à la porte d’entrée de sa maison. Cette MeZOuZâH contient à son tour les textes du SheMa“ YiSseRâ’éL et la bénédiction de Dt 11,13-21. En passant la porte, chaque Juif pieux touche cet étui du doigt en récitant le v. 8 du Ps 121 : « YHWH te gardera au départ et au retour, maintenant et à jamais. » (Ps 121,8).

« Au départ et au retour », « sortir et entrer »… Alors oui : une porte, c’est fait pour entrer et sortir, pour partir et revenir. Nous, on ne voit pas trop ce que ça a d’extraordinaire ! Mais pas si vite ! Parce que si on fait mémoire de l’histoire biblique, si on la prend comme fondement interprétatif de ce qui nous est donné de vivre quotidiennement, « sortir et entrer » s’avère en fait relever de rien de moins que la condition des hommes LIBRES, et non des esclaves à qui l’on peut interdire, soit de sortir, soit d’entrer. Ce qui fait que dans la Bible, la porte — qui pour nous est d’une banalité affligeante — est en fait dévoilée comme un signe fort de LIBERTÉ ; et c’est cette dimension que précisément, la MeZOuZâH va marquer, comme un MÉMORIAL. Alors évidemment, si l’histoire biblique ne constitue pas la trame de notre pensée, ce genre de pratique paraît juste superstitieux ! Mais si au contraire les figures bibliques nous habitent jusque dans notre chair ; si l’histoire biblique, et en particulier la TORâH, nous a été transmise par notre père comme le trésor essentiel à côté duquel tout le reste n’est que peccadille ; alors on va savoir interpréter, à chaque franchissement de la porte de votre foyer, ou pour sortir, ou pour entrer, qu’on est LIBRE, et que c’est une grâce ! Voyez, cette porte même, si effacée soit-elle dans le monde utilitaire où les aveugles sont rois ; cette porte même, pour celui qui sait s’appuyer sur la TORâH pour interpréter le sens de sa propre histoire ; cette porte même donc, marquée par la MeZOuZâH,  devient un signe quotidien du DON de la LIBERTÉ qu’octroie YHWH à ses fils. Où qu’ils soient, à quelque génération qu’ils appartiennent.

Disons les choses plus explicitement : quand YHWH demande d’écrire entre autres le SheMa“ YiSseRâ’éL sur les poteaux des portes, c’est encore et toujours pour établir un MÉMORIAL, donc un RITE par lequel mémoire est faite de la LIBERTÉ qui a été octroyée par YHWH à son peuple alors qu’il était esclave en MiTseRaYîM et voué à une mort programmée ; MiTseRaYîM d’où les Hébreux ne pouvaient « ni sortir, ni entrer ». Dès lors, dès qu’une MeZOuZâH lui est accolée, la porte devient le MÉMORIAL de la LIBERTÉ qui caractérise la vie du peuple élu depuis son origine et dont il est appelé à faire mémoire de sorte que ce geste on ne peut plus quotidien — mais ritualisé — éveille la conscience à la bénédiction ! Franchir le seuil d’une porte, ou d’une frontière, n’est pas anodin ; ce franchissement PARLE grâce au MÉMORIAL ! Il dit à tout Juif que la capacité de cet acte, aussi futile qu’il paraisse, a été payé cher ; qu’il la doit à YHWH comme un signe — un sacrement de l’élection qui libère ceux qui lui sont fidèles de toute emprise, quelle qu’elle soit ; et le protège ainsi au départ et au retour. Fort de cette ressource, toute la journée du Juif en est forcément illuminée, puisqu’il se sait BÉNI de YHWH, et avec lui son peuple tout entier.

Cette notion de LIBERTÉ est vraiment au cœur de la TORâH, au point qu’on va retrouver cette idée de SORTIR et ENTRER aux moments clef de l’histoire sainte. Au ch. 31 du Deutéronome, par exemple, quand Moïse annonce qu’il va mourir, il s’adresse à YiSseRâ’éL en ces termes : « J’ai 120 ans, moi, aujourd’hui, et je ne pourrai plus sortir et entrer. » (Dt 31,2). Voilà : la mort, dans l’esprit de l’époque, désigne ce séjour où la liberté n’est plus de mise, où la mort dans laquelle on entre semble poser inexorablement son emprise. D’où l’idée qui viendra plus tard de pouvoir un jour SORTIR de cette mort par une intervention de YHWH, ce qu’on appelle la résurrection.

C’est à l’époque de la révolte de la famille des Maccabées au IIe siècle avant J.-C. que paraît explicitement cette espérance. Alors que sept frères juifs et leur mère ont été arrêtés pour les contraindre à abjurer la TORâH, écoutons ce que le second fils lance à son tortionnaire : « Toi, scélérat, tu nous fais sortir de la vie présente, mais le Roi du Monde nous relèvera, nous qui mourrons pour sa TORâH, et nous fera entrer dans la vie éternelle ! » (2Mc 7,9) Vous entendez ? Sous un mode légèrement adapté, on retrouve bien la notion de « sortir et entrer » : le criminel fait SORTIR violemment de la vie, mais YHWH n’en fait que plus magistralement ENTRER dans une surabondance de vie ! C’est une exaltation de la LIBERTÉ des enfants d’Israël garantie par YHWH et que nul, même les pires antisémites de l’histoire, ne pourra jamais retirer à leurs victimes désignées !

Dans la même ligne, quand Jésus voudra exprimer la liberté des disciples qui le suivent, c’est la porte qu’il prendra spontanément comme image : « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il vivra. Il sortira et il entrera, et il trouvera une pâture. » (Jn 10,9). Entendons par là : « Il sera pleinement LIBRE ». C’est une manière originale d’exprimer, en quelque sorte, qu’Il est en personne la MeZOuZâH de tout homme qui met en Lui sa foi !

Alors maintenant, pour les chrétiens, c’est plutôt aujourd’hui la croix pendue au-dessus du chambranle de la porte d’entrée qui fait cet office. Mais elle aussi tient son rôle de MÉMORIAL de la LIBERTÉ dans la mesure où elle rappelle quotidiennement qu’en passant par la porte du Christ — la porte étroite —, le baptisé qui se fait disciple peut LIBREMENT « entrer et sortir » à la suite du ressuscité : ENTRER dans les situations mortifères — les fameuses croix de l’existence — pour les affronter courageusement, virilement, dans la puissance et la sagesse que confère la communion avec le Christ ; et savoir en SORTIR, toujours grâce à l’attachement au Christ, plus vivant qu’avant d’y être entré ! Tout ça, en définitive, pour ENTRER ultimement et sans peur excessive dans la mort véritable, sachant que Jésus l’en fera SORTIR tout comme Il l’a fait sortir de toutes les situations de mort affrontées au cours de son existence. Là, on a une vraie sagesse, qui se greffe remarquablement sur la sagesse biblique issue de la tradition mosaïque, de la TORâH. Non pas une sagesse conçue comme une simple construction intellectuelle, mais une sagesse construite comme la fondation d’une VIE. Une sagesse qui nous ouvre à la consistance charnelle de notre existence ; qui nous permet de toujours, TOUJOURS savoir interpréter les événements que nous traversons, les meilleurs comme les pires, pour aller de l’avant sans jamais baisser les bras. Au pire, on peut tomber, mais cette sagesse CHARNELLE, APPUYÉE SUR LES MÉMORIAUX — j’insiste ! — inspirés par YHWH ; cette sagesse charnelle, donc, à travers les mémoriaux qu’elle a institués, nous donne accès aux ressources nécessaires pour toujours nous relever. C’st donc une sagesse en forme de BÉNÉDICTION.

C’est cette vie concrète, CHARNELLE, accrochée à ces SIGNES qui nous plongent et nous replongent dans l’Alliance et l’Élection pour l’amarrer solidement à la mémoire qui rassemble dans la communion toutes les générations qui nous ont précédés ; c’est cette vie concrète, donc, qui fait de nous de dignes fils de ‘AVeRâHâM. Ces signes, ces MÉMORIAUX — qu’il s’agisse des mémoriaux juifs ou chrétiens — nous rappellent quotidiennement, charnellement, d’agir selon la Justice prescrite par la TORâH — les fameuses 613 MiTseWOT juives que Jésus résume dans les deux grands commandements de l’amour de YHWH et du prochain, auquel il ajoute celui de nous aimer les uns les autres comme Lui nous a aimés ; ces Signes, donc, ces MÉMORIAUX ne sont pas de simples petits “plus” dans une existence déjà trop remplie : ils en sont l’amarrage au ROC de l’histoire ; ils sont la mèche qui va permettre à la LUMIÈRE de la vie de briller dans notre existence et de se transmettre sans jamais perdre sa flamme ! Ces signes mémoriaux sont indispensables pour soutenir et relancer CHARNELLEMENT la JUSTICE qui impacte notre peuple, toutes générations confondues. Ils sont autant de points d’appuis, autant de points ressources pour qu’à travers chacun d’entre nous, en tant que chrétiens greffés sur l’Olivier Franc de YiSseRâ’éL, l’Église n’oublie jamais le chemin de la BÉNÉDICTION et mette toute sa fierté dans cette sagesse qu’elle tient de Jésus, et par Lui de Moïse et des Patriarches.

Alors pour finir, j’aimerais que nous écoutions la parole du Christ qui va dans le sens de cette inscription de la Parole de YHWH non seulement sur le cœur, mais dans la CHAIR, dans une traduction sur l’araméen qui est en fait la langue native des évangiles : « Il leur disait : “Faites attention ! Ces paroles que vous écoutez, c’est selon la mesure avec laquelle vous les recevez qu’elles seront en vous, bien prises en compte. Et elles s’accroîtront encore plus en vous, ces paroles que vous écoutez ! Car à celui qui les a en lui — c’est-à-dire gravées sur le cœur, inscrits dans la chair grâce, d’une part à l’apprentissage de ces paroles par cœur ; et d’autre part grâce aux mémoriaux qui en élargissent la portée en les inscrivant dans la communion des saints —, à celui qui les a en lui, donc, il lui sera donné encore ; mais à celui qui ne les a pas — celui qui néglige les mémoriaux, et qui loupe le chemin de la bénédiction qui leur est attaché —, même ce qu’il a lui sera enlevé.” — au sens où tout ce qui est construit sans ce fondement et sans ces appuis de la mémoire, est tellement fragile, tellement vain, qu’à la moindre inondation, tout s’effondre, fut-ce un empire financier ! On perd tout ! — » (Mc 4,21-23).

Il me semble qu’on a là le motif profond de l’impératif qui est le nôtre en tant que chrétiens d’inscrire, à la suite des Fils d’Israël, ces paroles sur notre cœur :
– En premier lieu, par le travail de mémoire, constituer cette fondation ; ce ROC à partir duquel YHWH nous donne de pouvoir INTERPRÉTER de manière VIVIFIANTE notre existence.
– En second lieu, vivre COMMUNAUTAIREMENT ces paroles grâce aux MÉMORIAUX que proposent les traditions — quelles qu’elles soient, pour peu qu’elles soient éprouvées par le temps comme de véritables balises, de véritables ressources sur le chemin de la bénédiction et de la vie qu’évoque le Deutéronome.

On pourrait aussi évoquer la notion de Trésor, comme quand Jésus parle du scribe véritable : « Tout scribe — c’est-à-dire ayant appris la TORâH par cœur, sans quoi il ne sera scribe que de nom — devenu disciple du Règne des Cieux est semblable à un Maître de Maison — entendons par là le Rabbin d’une synagogue — qui tire de son trésor — rappelons-nous : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,21) — qui tire de son trésor, donc — et du nouveau et de l’ancien. » (Mt 13,52) : ce scribe est donc maître de TORâH dans la mesure où, la TORâH étant sur son cœur non seulement parce qu’il la scrute chaque jour, mais parce qu’il pratique les mémoriaux des TePhîLîN et de la MeZOuZâH, parce qu’il porte les TsîTsiT dont parlait déjà le livre des Nombres (Nb 15,38) et qu’on retrouvera en Dt 22,12 ; parce qu’il vit les mémoriaux du ShaBaT et des fêtes annuelles, etc. Alors un tel scribe est capable de RENOUVELER fidèlement l'INTERPRÉTATION de ses pères, sans négliger ni trahir un seul mot, un seul YoD, un seul MaQQâPh de la TORâH ! En termes chrétiens : si nous avons les Évangiles gravés sur le cœur ; si nous sommes fidèles aux mémoriaux de notre Église, quelle que soit sa tradition, alors aucune hérésie n’est à craindre  ! C’est ce que disait saint Irénée de Lyon en parlant des pères de la foi qu’il a connus : en eux, disait-il, on n’a jamais trouvé d’hérésie parce qu’ils connaissaient les Évangiles par cœur ! On pouvait donc entendre leurs INTERPRÉTATIONS, leurs enseignements, sans crainte d’être égaré. Or cet apprentissage par cœur, était soutenu par une pratique mémoriale sérieuse.

Bien. Comme la suite reprend le fil de l’installation sur le sol que YHWH a juré de donner aux pères d’Israël, on va s’arrêter là en rendant grâce à Dieu pour ce passage inspiré une nouvelle fois si infiniment riche, au cœur de la TORâH. Je vous en souhaite une lecture féconde. Et n’oubliez pas : le bouton pour les dons, si le cœur vous en dit, c’est en bas, à gauche sur la page d’accueil du site !

Je vous remercie.
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