04-10-2021

[Dt] AUJOURD'HUI !

Deuteronomy 6:6 par : Père Alain Dumont

Encore un seul verset étudié… mais d’une telle richesse !
Il nous apprend :
– ce qu’est l’AUJOURD’HUI de YHWH ;
– ce que vise proprement la MÉMOIRE à travers la pratique du MÉMORIAL ;
– ce que signifie « mettre sur son cœur les paroles de YHWH » et les fruits de vie que produit l’obéissance rigoureuse à ce commandement divin.
Transcription du texte de la vidéo : https://www.bible-tutoriel.com/index.php?option=com_preachit&view=study&id=656:aujourd-hui&Itemid=1562
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article


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Bonjour,

Après nous être arrêtés un peu longuement sur les premiers versets du ch. 6 du Deutéronome, nous entendons à présent une parole étonnante au v. 6 :
« Ces paroles que moi-même — c’est-à-dire Moïse, et à travers lui YHWH, puisqu’écouter Moïse, c’est écouter YHWH — ; Ces paroles, donc, que moi-même je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur ! » (Dt 6,6). En quelques mots, on a là une sorte de concentré de TOUT ce qui vient d’être énoncé depuis le ch. 5 qui commençait ainsi : « Écoute, Israël, les décrets et les jugements que moi, j’énonce aujourd’hui à vos oreilles. Apprenez-les et gardez-les pour les faire — pour les mettre en pratique — ! » (Dt 5,1). On est dans la même dynamique au ch. 6.

« Apprendre les commandements pour les garder » d’un côté / « Mets mes paroles sur ton cœur » de l’autre : pour la Bible, les deux sont strictement synonymes : si tu mets Mes paroles sur ton cœur, dit YHWH ; c’est-à-dire si tu Les APPRENDS par cœur, alors tu sauras Les garder et elles seront pour toi une Parole de vie ! Une parole qui saura te garder à son tour, en particulier dans les épreuves les plus ténébreuses de ton existence ! C’est dans ce sens que Jésus dira par exemple : « Heureux — ‘ASheRèY, en marche — ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui La GARDENT — qui l’apprennent par cœur ! » (Lc 11,28) ; quand il s’adressaient aux foules pour leur parler, Marc précise après la parabole de la graine de moutarde — selon le texte araméen : « Ce sont des paraboles comme celles-ci que Jésus leur parlait — au sens de leur faire répéter, leur faire apprendre — ; des paraboles qu’ils étaient capables d’entendre ; aucune paraboles qu’ils n’avaient la capacité d’épeler — c’est-à-dire : de comprendre les mots. — » (Mc 4,33-34). Ou encore dans l’Évangile de Jean : « Amen, amen, Je vous le dis : si quelqu’un garde Ma parole — c’est-à-dire s’il l’apprend pour qu’elle soit sur son cœur ­—, il ne verra pas la mort éternelle ! » (Jn 8,51) Là, Jésus y va fort ! Sa parole a le même poids que celle de Moïse, voire celle de YHWH si on en croit ce qu’il dit un peu plus loin au ch. 14 : « Si quelqu’un M’aime, Ma parole, il La gardera et Mon Père l’aimera — en clair : celui qui garde la parole de Jésus est aimé du Père comme Jésus est aimé du Père, c’est-à-dire comme son fils —. Nous viendrons vers lui et Nous ferons auprès de lui une demeure. » (Jn 14,23). Et quel compliment pour les disciples lorsque Jésus, avant d’entrer dans son agonie, dit au Père dans sa grande prière sacerdotale du ch. 17 : « J’ai manifesté Ton Nom — HaShèMKhâ, on retrouve YHWH, le Nom — aux hommes issus du monde que Tu M’as donnés. Ils étaient à Toi et Tu Me les as donnés ; et ils ont GARDÉ Ta Parole. — ils l’ont apprise par cœur ! — » (Jn 17,6) Comme quoi garder la parole de Jésus, c’est garder la Parole du Père, de YHWH, et par Jésus, c’est donc VIVRE en véritable Fils de Dieu. Ça va quand même assez loin ! Et encore une fois, pour bien comprendre les paroles de Jésus, j’espère que vous voyez à quel point on a besoin de connaître intimement la TORâH de Moïse ; sans quoi on fait dire à Jésus n’importe quoi…

J’en profite pour vous rappeler que d’après la TORâH, le fils, ce n’est pas l’enfant. Le moment venu, l’enfant disparaît au profit de l’adulte ; mais le FILS, lui, ne disparaît jamais : le FILS, c’est celui qui reçoit et qui garde les paroles de celui qu’il reconnaît comme son père ; un père qui lui transmet la TORâH de YHWH et lui apprend à y obéir au quotidien. En écoutant son père lui transmettre la TORâH, les interprétations qui en sont faites, les coutumes qui lui sont associées, toujours pour la GARDER, le FILS reçoit les moyens d’interpréter sa propre existence sur la base de cette TORâH qui s’avère éternelle. La TORâH sera son socle, son ROC, pour discerner et prendre au jour le jour les décisions qui détermineront d’une part son essor personnel, et d’autre part l’essor de son peuple auquel, par la TORâH toujours, il se sent charnellement lié. Par la suite, ayant éprouvé dans sa propre chair la puissance de vie contenue dans ces paroles, le FILS à son tour se fait père pour transmettre ce socle vital à sa descendance.

Mais ce faisant, il ne cesse pas pour autant d’être FILS. Il ne cesse jamais d’écouter et d’apprendre ! Ce qui signifie que le fils, ou la fille, n’est ni plus ni moins que celui ou celle qui ne cesse jamais d’APPRENDRE en se plongeant et en se replongeant avec délices dans la TORâH qu’il reçoit de ses pères et qui illumine son histoire ! C’est tout l’objet, par exemple, du long Ps 119(118) qui est le Psaume filial par excellence. Je vous en lis quelques versets :
« Comment, jeune, purifier son sentier ? En GARDANT Ta parole — au moins, c’est clair : en l’apprenant par cœur ! Et de fait, le psalmiste poursuit —.
De tout mon CŒUR, je Te cherche ; garde-moi de fuir Tes MiTseVOT / les commandements inscrits dans la TORâH.
Dans mon CŒUR, j’abrite Tes propos pour ne pas fauter contre Toi.
Béni soit YHWH : apprends-moi Tes H.ouQOT / tes décrets.
J’énumère sur mes lèvres tous les jugements de Ta bouche — c’est-à-dire : je les répète chaque jour pour ne pas les oublier —.
Sur la voie de Tes témoignages, je suis en joie plus qu’en toute richesse.
Je veux méditer sur Tes injonctions et contempler Tes sentiers.
Je me délecte en Tes H.ouQOT / tes décrets, je n'oublie pas Ta parole. — Bien sûr, puisque je la connais par cœur, je redis tous les jours les paroles de cette TORâH qui me vient de mes pères par mon père ! — » (Ps 119(118),9-16) Etc.
Du coup, le père n’est pas “celui qui sait”, mais celui qui se sait FILS et qui va apprendre à ses enfants à devenir FILS à leur tour. Le Père, c’est celui qui aime et qui sait APPRENDRE ; qui sait où CHERCHER, qui sait reconnaître les ressources qui lui permettent de garder le cap de la vie. En termes deutéronomiques, le père, c’est celui qui se sait BÉNI. Et c’est en voyant leur père apprendre avec délices, encore et encore, comme un FILS qu’il ne cesse pas d’être, que ses propres FILS goûteront la joie de leur FILIATION, la joie d’apprendre et de scruter la TORâH chaque jour à leur tour et de se ressourcer, toute leur vie adulte, à cette parole fondatrice.

Voilà donc pour ce qui concerne le fait de garder la Parole et la mettre sur son cœur, ce qui veut dire obéir à cette parole, puisque le cœur, dans la Bible, est le siège de la volonté.
Ceci dit, revenons à nos versets et attachons-nous à un mot qui peut passer inaperçu si l’on n’y prend pas garde : AUJOURD’HUI. « Ces paroles que moi-même, je te commande AUJOURD’HUI, seront sur ton cœur ! » (Dt 6,6). Alors là accrochez-vous un peu, parce que ça bouleverse assez notre manière spontanée de réfléchir.
On avait dit à propos de Dt 5,1 que cet AUJOURD’HUI — HaYYîOM, הַיּ֑וֹם, en hébreu, ce qui signifie littéralement : LE JOUR — était celui du lecteur ; mais là, il faut aller plus loin. Cet AUJOURD’HUI du lecteur, et avant lui du rédacteur, est surtout attaché à l’AUJOURD’HUI de Moïse comme à un AUJOURD’HUI FONDATEUR. Ce n’est pas : « aujourd’hui et on verra demain... » ! Cet AUJOURD’HUI est un SOCLE MÉMORIAL qui, d’après le Deutéronome, célèbre la Convocation de tout le peuple au Mont H.oRèV où est reçue la TORâH, comme le raconte Ex 19.
Ceci dit, on se souvient que le peuple a quitté le Mont H.oRèV depuis longtemps ! C’est à la génération d’après que Moïse s’adresse ! Mais précisément : cette nouvelle génération, qui va entrer en KaNa“aN, doit, la première, ne pas oublier ce JOUR fondateur où YHWH a donné sa TORâH sur le Mont H.oRèV. Et pour ça, Moïse institue ici la MiTsVaH — le commandement — de garder MÉMOIRE de ce Jour fondateur, à travers la convocation lancée à TOUTES les générations qui suivent, de se rassembler RITUELLEMENT au pied du Mont H.oRèV, LE JOUR — AUJOURD’HUI — où YHWH donne sa TORâH ! Alors on va voir comment ça peut se faire.

Alors d’abord, insistons : ce JOUR est vraiment le ROC sur lequel TOUT YiSseRâ’éL s’arrime au Mont H.oRèV. Pour comprendre, il suffit de se rappeler la parabole de Jésus dans l’évangile de Luc à propos bien sûr de ses propres paroles, mais n’oublions pas que de son point de vue, ses paroles sont dans la même veine que celles de Moïse : « Tout homme qui vient à Moi, qui écoute Mes paroles — c’est-à-dire qui les garde et donc les apprend par cœur — et fait ce que Je dis — ça, c’est vraiment la preuve que les paroles de Jésus sont inscrites dans le cœur pour y déployer leur vitalité —, à quoi est-il comparable ? Il est comparable à un homme qui bâtit une maison : et il creuse, et il va profond, et il pose ses fondations sur le ROC. Et quand vient l’inondation, et qu’elle frappe cette maison, elle ne peut l’ébranler car elle était fondée solidement sur le ROC. » (Lc 6,46-48).

Eh bien : du point de vue du judaïsme, l’AUJOURD’HUI où le peuple est convoqué au pied du Mont H.oRèV est le ROC sur lequel se fonde chaque Juif en prière : chaque jour, chaque ShaBaT, chaque fête commence invariablement par le MÉMORIAL qui permet à tout Juif d’entrer dans l’AUJOURD’HUI de cette convocation pour recevoir la TORâH des mains de YHWH. C’est là tout le sens du RITUEL qui précède la prière — notamment celui de l’imposition des TePhîLîN qu’on va voir, comme par hasard, d’ici quelques versets.

Comprenons bien : le MÉMORIAL, c’est le RITUEL qui anime la MÉMOIRE — et on va voir plus précisément ce que ça signifie dans un instant. C’est par le RITUEL que tout Juif entre en prière, en se rendant ainsi rituellement, spirituellement, charnellement, au pied du Mont H.oRèV pour encore une fois recevoir la TORâH — il est FILS — et s’autoriser dès lors à la scruter, à l’APPRENDRE pour la GARDER, et accéder ainsi à une ressource exceptionnelle qui va porter sa vie et celle de son peuple jusqu’à l’excellence ! Un chrétien, lui, aura un autre RITUEL qui sera le signe de croix : le signe de Croix est un MÉMORIAL qui transporte le chrétien au pied de la Croix de Jésus pour recevoir de Lui son sacrifice et illuminer toutes les paroles et tous les gestes qui suivront : soit pour prier, soit pour étudier, soit pour manger, soit pour célébrer les sacrements, etc. Le Signe de Croix est notre MÉMORIAL, de la même manière que mettre les TePhîLîN pour un Juif est le MÉMORIAL qui le transporte au pied du Mont H.oRèV.

Alors maintenant, en quoi cet AUJOURD’HUI nous bouleverse-t-il ? Eh bien en ce qu’il nous fait ni plus ni moins qu’entrer dans le mystère de la 4e dimension ! Cet AUJOURD’HUI est en fait un MOMENT singulier du TEMPS sans lequel aucune trajectoire de libération intérieure n’est possible. Le rôle du MÉMORIAL est donc, non pas de réveiller le souvenir du SiNaï qui, comme tel, n’appartient jamais qu’à la première génération ; mais de produire, pour chaque génération, L’ENRACINEMENT à ce MOMENT exceptionnel du don de la TORâH au Mont H.oRèV ; de telle sorte que tout Juif, et tout son peuple à travers lui, puisse y fonder son histoire comme on fonde sa maison sur le ROC. Plus qu’un lieu, plus qu’un espace, le Mont H.oRèV est bien plutôt ce MOMENT du TEMPS, ce MOMENT initial de l’histoire du Salut où chaque génération de YiSseRâ’éL est spirituellement convoquée pour se joindre au tout premier consentement des pères : « Toute parole de YHWH, nous la ferons ! » (Ex 19,8).

Du coup, à travers cet AUJOURD’HUI, on a une forme prodigieusement dynamique de COMMUNION des saints — ou plutôt, en termes bibliques, de COMMUNION des JUSTES ! C’est ce qui explique qu’aucun Juif n’éprouvera jamais le besoin de faire des pèlerinages au SîNaï, puisque le Mont H.oRèV n’est pas d’abord un lieu, mais un MOMENT du TEMPS ; ce moment que le MÉMORIAL permet de revisiter de père en fils, chaque fois que la prière commence, chaque fois que l’étude commence, que le ShaBaT commence et que les fêtes commencent. À chaque fois, TOUT YiSseRâ’éL, TOUTES les générations de YiSseRâ’éL se trouvent rassemblées dans cet AUJOURD’HUI qui les fonde comme PEUPLE de YHWH. C’est hyper-fort !!! C’est en particulier l’esprit de la fête de ShâVou”oT, la Pentecôte, où les Juifs pieux célèbrent le don de la TORâH à Moïse et à YiSseRâ’éL, au Mont H.oRèV.

De ce point de vue, le MÉMORIAL se présente comme la manière la plus puissante de recevoir le TEMPS comme une GRÂCE, comme un allié. De nos jours, on oublie — on VEUT oublier le TEMPS qui nous glisse du coup entre les doigts et semble œuvrer sans pitié à notre dégradation. Sauf que si la chose est vraie pour le règne minéral, végétal ou animal où la conscience n’émerge pas ; pour l’homme biblique, il en va tout autrement : YHWH remet le TEMPS entre ses mains comme une RESSOURCE. Nous apprenons de la TORâH que le TEMPS est à recevoir comme une BÉNÉDICTION ; et une BÉNÉDICTION divine, s’il vous plaît, puisque c’est toujours pour PLUS DE VIE ! MAIS c’est à condition évidemment que l’homme ne renie pas sa dimension MÉMORIALE qui est en fait au cœur de sa dimension SPIRITUELLE. L’ESPRIT est ce par quoi non seulement nous habitons le temps ; mais plus encore : par l’exercice du MÉMORIAL, l’ESPRIT est ce par quoi nous BÂTISSONS le TEMPS comme une HISTOIRE de LIBERTÉ, une HISTOIRE de CROISSANCE ; une HISTOIRE de VIE qui répond parfaitement au projet de YHWH dès le commencement.

Il faut lire à ce propos les pages impérissables du rabbin Abraham Heschel, dans son magnifique petit livre : Les Bâtisseurs du Temps : « La civilisation technique est la conquête de l’espace par l’homme. C’est un triomphe auquel on ne parvient, le plus souvent, qu’en sacrifiant l’une des composantes essentielles de l’existence : le temps. Dans la civilisation technique, nous gaspillons le temps pour gagner l’espace. Notre principal objectif devient la mise en valeur de notre pouvoir sur le monde de l’espace. Cependant, avoir davantage ne signifie pas être davantage. Le pouvoir que nous acquérons dans le domaine de l’espace s’arrête brusquement aux limites du temps. Et le temps est le cœur de l’existence. […]
Nous nous refusons à regarder le temps dans les yeux ; nous fuyons vers la sécurité des objets de l’espace. [Mais] la joie de posséder est-elle un antidote à la terreur du temps qui croît jusqu’à devenir la panique devant une mort inévitable ? Les objets, lorsque nous les glorifions, ne sont que des contrefaçons du bonheur, une menace pour notre vie véritable ; les objets spatiaux, ces Frankenstein, nous accablent plus qu’ils ne nous soutiennent.
Il est impossible à l’homme d’éluder le problème du temps. Plus nous y pensons, plus nous réalisons que nous ne pouvons pas conquérir le temps par l’espace. Nous ne pouvons dominer le temps que dans le temps.
La plus haute ambition d’une vie spirituelle n’est pas d’entasser des connaissances à profusion, mais d’affronter des instants de sacré. Dans l’expérience religieuse par exemple, ce n’est pas un objet qui s’impose à l’homme, mais une présence spirituelle […]. Ce qui conserve l’âme, c’est le MOMENT de la vision intérieure, bien plutôt que l’endroit où elle s’est produite. Un instant de vision intérieure est une grâce qui nous transporte au-delà des confins du temps mesurable. La vie spirituelle entre en décadence dès lors nous ne parvenons plus à ressentir la grandeur de ce que le temps contient d’éternel.

[Ainsi] la Bible s’intéresse-t-elle au temps plus qu’à l’espace. Elle voit le monde selon les dimensions du temps. Elle s’étend sur les générations, les événements, plus que sur les pays et sur les choses ; elle s’intéresse à l’histoire plus qu’à la géographie. Pour comprendre l’enseignement de la Bible, il faut admettre comme prémisse — c’est-à-dire comme fondement — que le temps possède sa signification propre et son autonomie. » (Abraham Heschel, Les Bâtisseurs du Temps, éditions de Minuit (1957), p. 97-98.101-102.103).

Il s’agit donc pour YiSseRâ’éL, et à sa suite pour le peuple chrétien, de regarder le TEMPS en face, non comme un ennemi mais encore une fois comme une GRÂCE. Et pour ce faire, entrer dans la dynamique spirituelle du MÉMORIAL grâce auquel nous est offerte la capacité de nous enraciner dans les MOMENTS fondateurs, les MOMENTS « sacrés », pour reprendre Abraham Heschel, que nous ne savons donc rejoindre que si la MÉMOIRE s’en empare ; que si la MÉMOIRE nous en est transmise fidèlement, génération après génération. C’est tellement vrai que le ch. 1 de la Genèse, de facture sacerdotale, n’hésitera pas à dire que ‘ÈLoHîM crée ‘ÂDâM, le Terreux, « ZâKhâR OuNeQéVâH », qu’on traduit souvent par « homme et femme », ou « mâle et femelle », mais qu’on aurait tout intérêt à traduire d’après les racines de ces termes : « Mémoire et Écrin ». Alors on ne va pas développer cette question, mais simplement retenir que la MÉMOIRE appartient à l’essence même de ‘ÂDâM, à l’essence de l’Homme que YHWH crée à Son image et à Sa ressemblance. Et le but de la TORâH, c’est de mettre en éveil cette faculté de la MÉMOIRE. Quant à Jésus, il se branche complètement sur cette dynamique : quand il dit : « Faites ceci en MÉMOIRE de Moi », il institue un MÉMORIAL qui arrime les chrétiens à l’AUJOURD’HUI de son dernier repas avec ses disciples ; et par là, il les arrime à Sa passion et à Sa résurrection comme le MOMENT fondateur de leur vie nouvelle dans le Christ. On pourrait dire la même chose pour le Baptême. Mais en tout cas, le rôle du Mémorial n’est pas d’amener Jésus à nous, mais de NOUS amener à Jésus en mettant en œuvre cette capacité SPIRITUELLE qui participe à notre essence humaine la plus profonde ! Les sacrements, pour ainsi dire, nous font traverser le temps pour que fondés en Jésus, toutes générations confondues, nous puissions embrasser le présent, l’illuminer pour prendre les décisions quotidiennes qui feront de notre histoire une histoire SAINTE, au sein d’une histoire des peuples qui sait ainsi traverser les siècles, quels que soient les défis à relever.

D’où l’importance vitale de cultiver en nous le désir de nous attacher à ces moments fondamentaux comme à autant de moments « sacrés » ; non pas pour les revivre comme s’il s’agissait d’une machine à remonter le temps — encore un fantasme occidental de convoitise, de maîtrise… — mais pour garder charnellement ces moments comme autant de repères inscrits en nous pour nous guider au fil de l’aventure de l’existence. Quand je suis fondé en de tels moments « sacrés » ; quand ces moments sont inscrits en moi grâce à l’exercice charnel du MÉMORIAL, ils s’avèrent devenir une BÉNÉDICTION, c’est-à-dire une ressource extraordinaire de courage, de droiture et de justice qui font de mon histoire une HISTOIRE ÉTERNELLE DE SALUT.

En termes deutéronomiques : le TEMPS m’est donc remis entre les mains, soit pour la mort et la malédiction si je le gaspille au profit de l’espace que je ne fais qu’exploiter pour le consommer ; soit pour la vie et la bénédiction si je l’habite pour construire mon histoire, celle de ma famille, celle de mon peuple à travers les commémorations qui vont rythmer mon existence et la leur : le ShaBaT ou le dimanche, ainsi que les fêtes annuelles. On pourrait résumer en disant : dis-moi ce que tu commémores, et je te dirai si tu es vivant ou mort, si tu es béni ou maudit.

Voilà pour cet AUJOURD’HUI que nous n’allons pas quitter tout de suite, puisqu’on va prendre le temps de réfléchir au sens de cette petite phrase que Jésus nous commande de redire plus souvent qu’à notre tour dans la prière du Notre Père : « Donne-nous AUJOURD’HUI le pain de notre besoin. »… Mais nous verrons ça la prochaine fois.


Je vous remercie.

Les Psaumes expriment le dialogue permanent de l'homme avec son Dieu.


David les a écrits, Israël les a reçus et les chante encore chaque jour. Comme tout juif, Jésus les connaissait par cœur. Après la Résurrection, l'Église les a fait siens, précisément parce qu'ils étaient la prière quotidienne de Jésus. C'est donc Lui qui, aujourd'hui, nous les donne à chanter comme sa propre prière. Il convenait de leur laisser une place privilégiée dans un site consacré à l'écoute de la Bible.

Ici, les tutoriels ne nous expliquent pas les Psaumes : ils les mettent en œuvre pour vous aider à préparer la psalmodie de chaque dimanche. Car il ne suffit pas de "réciter" les Psaumes. Il faut les chanter, et laisser la mélodie leur donner chair.

Les Psaumes sont classés par année (A, B ou C), selon les différents temps liturgiques. Cliquez sur le Psaume que vous avez la charge de chanter au nom de votre communauté, et prenez le temps de répéter à l'aide du tutoriel, autant de fois que nécessaire pour vous permettre d'assurer votre voix.

  • Attention à garder le tempo, sans ralentir ni accélérer.
  • La psalmodie demande une voix soutenue et sûre.
  • Pour cela, pensez toujours à bien prendre votre respiration et à appuyer votre phrasé sur la première syllabe de chaque verset. 

Pour apprendre les principes généraux de la psalmodie, pensez à regarder la vidéo du bas de la page.

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