06-05-2021

[Dt] Le Cadre du Temple

Deuteronomy 5:16-21 par : Père Alain Dumont
Dernière réflexion à propos du Décalogue : la figure incontournable du Temple de Jérusalem pour comprendre la finalité du Salut et la vocation de l'homme réconcilié avec YHWH en Christ. Des notions que les chrétiens ne peuvent se permettre d'ignorer.
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous achevons aujourd’hui notre réflexion à propos du 5e commandement — « Glorifie ton père et ta mère » —, émerveillé de voir comment, au fil de tout un parcours qui a commencé avec la lecture du récit d’Abraham dans la Genèse, la TORâH nous entraîne patiemment à des considérations essentielles, tant sur le plan anthropologique que sur le plan spirituel ! La plus importante étant la source paternelle de cette TORâH qui construit pour ceux qui la reçoivent un contexte fraternel et communautaire qui les sauve des affres de l’histoire, quelles que soient les époques.

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Alors on a déjà vu l’importance de la TRAME Paternelle qui permet aux FILS de tisser leur propre histoire ; qui leur donne les moyens d’INTERPRÉTER leur histoire pour être en capacité de prendre les bonnes décisions au bon moment, concernant leur génération — ce qu’on appelle la BÉNÉDICTION. Reste, et c’est le dernier point qu’on traitera à ce propos, que la TRAME n’est rien si elle n’est pas elle-même tendue par un CADRE — qu’on appelle encore un MÉTIER en tapisserie. D’où la question pour nous, puisque l’image du tissage nous permet de mieux comprendre comment se construit la mémoire d’un peuple, quelle que soit sa culture : quelle est la trame qui sous-tend la mémoire d’Israël ? Pour un chinois avant le déferlement de l’idéologie communiste, ça pouvait être le corps de l’Empereur de Chine, on l’avait évoqué à propos du livre du Lévitique ; pour un Grec de l’Antiquité, c’était l’harmonie du Cosmos ; dans les civilisations amérindiennes, c’était le Soleil ; et donc, puisqu’anthropologiquement ce Cadre Analogique est incontournable quelle que soit la culture, pour Israël, ce CADRE se trouve être le TEMPLE de Jérusalem. Dit autrement : si je veux comprendre ce qui sous-tend toute la TORâH, il faut que j’arrive à percevoir comment le TEMPLE représente le CADRE INTERPRÉTATIF majeur de toute l’histoire du Salut.

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Là, il faut écouter la tradition orale juive, la fameuse TORâH SheBè“âL PèH — la « TORâH sur la bouche » — qui remonte jusqu’à l’époque du Christ et dont les Targum sont les principaux témoins, avec aussi la MiSheNaH qui recueille les premiers commentaires de la TORâH qui remontent à cette même époque. Ce qui veut dire que Jésus a baigné dans cette tradition orale, tout comme saint Paul, saint Jacques, et tous les disciples. Alors attardons-nous, rapidement, à déceler les traits saillants de cette TORâH SheBè“âL PèH, précisément à partir du CADRE INTERPRÉTATIF du Temple de Jérusalem.

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Cette tradition orale présente le TEMPLE de Jérusalem comme le lieu à partir duquel YHWH a COMMENCÉ LA CRÉATION. La pierre d’affleurement au sommet du Mont MoRîYYâH — ce rocher recouvert aujourd’hui par le Dôme musulman — est aujourd’hui encore considéré comme la Pierre à partir de laquelle YHWH a créé tout l’Univers. Encore une fois, c’est une INTERPRÉTATION ! Pas la peine de lui opposer le Big Bang qui n’est jamais, toute scientifique que soit cette théorie, qu’un paradigme interprétatif pour expliquer l’émergence de l’Univers. L’important n’est pas ici de choisir une interprétation contre une autre, puisque leur objectif respectif n’est pas le même : le Big Bang se donne pour objectif d’expliquer l’origine physique de l’univers ; la Bible, elle, se donne pour objectif de mettre en lumière la vocation de l’homme dans ce Cosmos et la manière d’y tenir sa place au service de la vie, dans un rapport en quelque sorte “gagnant-gagnant” que la Bible appelle la BÉNÉDICTION. Ce n’est évidemment pas la même chose.

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Toujours est-il que, selon la TORâH SheBè“âL PèH, le rocher d’affleurement situé au sommet du Mont MoRîYYâH — ou du Mont Sion, c’est la même chose — est donc considéré comme le Promontoire à partir duquel YHWH a créé le Cosmos. Ce Rocher a pour nom : ‘èVèN HaSheTiYâH, אֶבֶן הַשְְׁתִיָּה, la PIERRE DE FONDATION. HaSheTiYâH étant bâti sur la racine שׁוּת, ShOuT, qui signifie placer, asseoir, établir, et donc fonder.

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Or, toujours selon cette tradition, c’est sur cette PIERRE DE FONDATION que ‘AVeRâHâM aurait préparé l’autel du sacrifice de son fils YiTseRaQ ; que Ya“aQoV aurait eu le songe de l’échelle reliant le Ciel au Sol sur lequel il dormait ; et que Salomon aurait choisi de bâtir le premier Temple de YHWH à Jérusalem. L’interprétation de la TORâH SheBè“âL PèH établit ainsi une continuité dans l’histoire du Salut concernant cet affleurement du rocher ; et c’est le dernier jalon de cette interprétation qui nous intéresse dans la mesure où Jésus va la reprendre à son compte.

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Pour ce qu’on peut en savoir d’après le second Livre des Rois et les Livres des Chroniques — Salomon a bâti le TEMPLE de Jérusalem le Rocher du Mont MoRîYYâH, et c’est sur cet affleurement en particulier qu’était bâti leקֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים, le QoDèSh HaQQâDâShîM, le Saint des Saints, dans lequel reposait l’Arche d’Alliance. Cette Arche qui, on s’en souvient, était censée contenir les deux tables en pierre sur lesquelles était inscrit notre Décalogue qui constitue la substantifique moelle de la TORâH.

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Or toujours selon la tradition orale, non loin de cette PIERRE DE FONDATION, en direction de l’Est, était érigé le gigantesque autel des sacrifices ; ces fameux sacrifices par lesquels YHWH élève à Lui son peuple ; ce même peuple appelé à écouter et à garder la Parole représentée précisément par les deux tables contenues dans l’Arche. Eh bien : cette proximité traduit le lien intrinsèque qui relie les sacrifices offerts sur l’autel à la TORâH qui les prescrit. Dit autrement, ce voisinage signifie qu’offerts au plus près possible de ce Rocher, les sacrifices n’existent en définitive QUE pour accomplir la TORâH représentée par le Décalogue contenu dans l’Arche. Des sacrifices par lesquels, à l’appel de la TORâH, s’opère la réconciliation de l’Univers avec YHWH ; et c’est par ce biais que la TORâH se révèle comme la Lumière de la Création. Une lumière manifestée par les lampes de la MeNoRaH allumée jour et nuit, postée entre l’Arche et l’autel des sacrifices pour manifester que l’un et l’autre sont indissociables.

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Et comme de bien entendu, cette proximité était marquée rituellement : les rites sacrificiels demandaient à cet effet, une fois l’offrande consumée, de prendre du feu des sacrifices pour le porter sur le petit autel en or situé à l’intérieur du Sanctuaire, juste devant le rideau derrière lequel reposait l’arche, pour y faire monter l’encens — d’où son nom : l’Autel de l’encens. Et par analogie, ce petit brasier d’encens était considéré comme lié au sacrifice du Grand Autel extérieur qu’on portait ainsi devant YHWH ; et qui dégageait, grâce à l’encens, cette « agréable odeur » dont parlent les Psaumes, entre autres — agréable non pas au sens olfactif seulement, mais au sens où cette odeur, signifiant l’élévation du peuple, était « agréée » par YHWH — ; On faisait donc monter cette « agréable odeur » jusque dans les “narines de YHWH” — c’est encore une image qui vaudrait le coup qu’on s’y arrête si on n’avait le temps — en signe de Paix. Alors je vous renvoie à ce qu’on a dit de cet autel à propos du livre de l’Exode, mais en attendant, c’est cette image qui joue à plein par exemple quand Paul écrit : « Conduisez-vous avec charité, tout comme le Christ vous a aimés de charité et s’est livré pour nous, en offrande et sacrifice à ‘ÈLoHîM, en parfum d’agréable odeur » (Éph 5,2). Là il faut entendre que le sacrifice du Christ a été porté en présence de YHWH pour être agréé comme tel, ce qui veut bien dire que le cadre du TEMPLE joue à plein pour comprendre le mystère du Christ et de l’Église !

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Mais revenons à la symbolique du Temple qui a encore bien des choses à nous livrer. La TORâH SheBè“âL PèH enseigne que ‘ÂDâM a été façonné précisément à l’endroit où s’élevait le grand autel des Sacrifices. Ce qui signifie, dans le Cadre Analogique du Temple, que la plénitude de l’être de ‘ÂDâM se dévoile avant toute chose dans l’acte d’Offrande de soi à YHWH, en réponse au bienfait de la Création. Du coup, en élargissant cette considération, la TORâH SheBè“âL PèH en conclut que la proximité de la Création de ‘ÂDâM à l’endroit où allait être érigé le Grand Autel des sacrifices et de la ‘èVèN HaSheTiYâH, la PIERRE DE FONDATION à partir de laquelle a été initié la Création  ; cette proximité signifie que, dans cet univers, ‘ÂDâM a un rôle SACERDOTAL de premier ordre que la Création lui délègue. Eh bien, ici, réécoutons saint Paul dans l’épître aux Romains à propos de la vocation chrétienne : « Je vous convoque, frères, par les entrailles de compassion de ‘ÈLoHîM, à présenter vos corps en Offrande vivante, consacrée, que ‘ÈLoHîM puisse agréer : c’est là votre culte, [celui] qui convient à la Parole. Et ne vous conformez pas à ce monde-ci ! Laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée — par l’écoute de cette Parole —, pour éprouver — c’est-à-dire savoir INTERPRÉTER — quelle est la volonté de ‘ÈLoHîM : [éprouver] ce qui est bien, ce qu’Il agrée, ce qui vous porte vers la Finalité [de Son dessein de Vie]. »  (Rm 12,1-2). Ça n’est ni plus ni moins que l’accomplissement de la vocation sacerdotale adamique selon la TORâH SheBè“âL PèH !

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Dit autrement : sur cette micro-planète au cœur d’une micro-galaxie dans un des innombrables amas et superamas qui habitent l’univers, de cet univers à l’homme existe un lien de subsidiarité SACERDOTAL tout à fait étonnant dont s’émerveille la Bible : « Qu’est-ce que l’Homme pour que Tu fasses mémoire de lui ? Le fils de ‘ÂDâM pour que Tu le visites ? Tu lui as fait manquer de peu d’être un ‘ÈLoHîM, le couronnant de gloire et de majesté. » (Ps 8,5). Selon cette vision, l’homme se voit donc revêtir d’une mission sacerdotale universelle : selon un plan de Vie dessiné dès le commencement, il s’agit pour lui d’élever l’Univers dans un retour d’offrande, dans l’action de grâce, jusqu’à YHWH. Malheureusement, l’esprit de convoitise a enrayé ce mouvement de gratitude, mais il n’empêche : toujours d’après la TORâH SheBè“âL PèH, l’Univers ne peut pas se substituer à ‘ÂDâM pour opérer ce retour, raison pour laquelle Paul, dans la conclusion du ch. 8 de sa lettre aux Romains, dans le cadre de cette tradition orale, pourra affirmer que : « La Création est à l’affût du dévoilement des fils de Dieu qu’elle attend depuis bien longtemps ! » (Rm 8,19). C’est le moins qu’on puisse dire !

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Alors prenons à présent un autre biais : on l’aura compris, parler de TEMPLE, pour la Bible, ce n’est jamais parler d’une simple bâtisse. Certes, la construction d’Hérode le Grand, à l’époque de Jésus, était magnifique au point que même le Talmud — pourtant hostiles à Hérode — affirme que « Celui qui n’a pas vu le Temple d’Hérode n’a jamais rien vu de merveilleux de sa vie ». Reste néanmoins cette parole troublante de Jésus, qui sera reprise comme chef d’accusation contre lui : « Quelques uns — des disciples, précise Mt — disant du Temple qu’il était orné de pierres admirables et de splendides offrandes votives, Jésus leur dit : “Viendront des jours où de ce que vous contemplez, ne sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit détruite. » (Lc 21,5-6). Alors Jésus ne dit évidemment pas que le Temple n’a pas d’importance, ni qu’Il abandonne le Cadre Analogique du Temple ; il dit en revanche que la véritable nature du Temple ne relève pas de l’espace ; ne relève pas de son architecture de pierres. Comme tout ce qui touche YHWH, le Temple qui Lui convient est nécessairement un Temple VIVANT qui relève de l’HISTOIRE, qui relève du TEMPS.

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Ceci dit, Jésus ici n’invente rien dans la mesure où cette notion de Temple VIVANT appartient déjà à la TORâH SheBè“âL PèH. Rappelons-nous : selon la tradition orale juive, chaque pierre du Temple est porteuse d’une mémoire de BÉNÉDICTION qui se transmet de père en fils — je vous renvoie à ce que nous en avons dit à propos du 1er verset du 1er ch. du Deutéronome : ‘âV, le père ; BéN, le fils qui, lorsqu’on conjoint les deux termes, donne ‘èVèN, la pierre —. Dans la mesure où le Temple est le cadre INTERPRÉTATIF, le Cadre Oblatif qui révèle la vocation de tout être humain créé à l’endroit même où seront effectuées les offrandes d’Israël ; le TEMPLE de pierres est déjà en lui-même, génération après génération, le MÉMORIAL de la TRANSMISSION de la CONSÉCRATION du peuple, qui se reconnaît ainsi tout entier SACERDOTAL. Une CONSÉCRATION qui, à travers l’écoute de la TORâH et l’offrande conjointe des sacrifices, rend les cœurs COMMUNAUTAIREMENT disponibles aux ressources de la grâce et permet ainsi d’expérimenter la BÉNÉDICTION de YHWH : ce qu’on appelle par ailleurs la SAINTETÉ, puisque CONSÉCRATION et SAINTETÉ ne sont jamais que deux traductions en français d’un seul et même terme hébreu : QaDoSh. La SAINTETÉ n’a en soi rien à voir avec une perfection morale philosophique à la mode d’Emmanuel Kant. La SAINTETÉ est intrinsèquement liée au Cadre Analogique du Temple et s’en trouve, par essence, être une catégorie SACERDOTALE. Dit autrement, la SAINTETÉ est une dynamique CONSÉCRATOIRE d’OFFRANDE LIBRE DE SOI à l’Autre Transcendant, pour briser le vortex infernal qui, en raison de la convoitise, considère spontanément cet Autre Transcendant comme un ennemi a priori. Ce qui éclaire d’une manière magnifique l’appel de YHWH qui retentit à plusieurs reprises dans la TORâH, et en particulier dans le livre du Lévitique où il est pleinement à sa place : « Soyez saints car moi, YHWH votre ‘ÈLoHîM, Je suis Saint. » (Lv 19,2) ; ce qui signifie : « Consacrez-­vous à Moi car Moi, YHWH votre ‘ÈLoHîM, Je Me consacre à vous ! » : « Offrez-­vous à Moi car Moi, YHWH votre ‘ÈLoHîM, Je M’offre à vous ! » Alors, et alors seulement, se révèle la raison d’être de toute la Création, de l’Univers et de ses 15 milliards d’années, à savoir les NOCES avec YHWH ! La Création délègue à l’HOMME SACERDOTAL de garder CHARNELLEMENT la COMMUNION avec YHWH, vécue dans cette offrande réciproque où YHWH le Premier s’offre à sa Création, et où la Création , purifiée de toute convoitise, s’offre à son tour à YHWH par ‘ÂDâM et les offrandes qu’il est chargé d’élever vers YHWH. Voilà ce que la Bible appelle les NOCES entre l’Époux royal — YHWH — et sa bien-aimée — son peuple, ou le genre humain réconcilié en Christ qui entraîne avec lui la Création tout entière qui retrouve son statut, pour ainsi dire, de Jardin de “ÉDèN. Là, on a la clef essentielle, SACERDOTALE donc, qui ouvre le porche du Cantique des Cantiques.

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À partir de là, si le christianisme est greffé sur l’Olivier franc d’Israël, comme dit saint Paul, le Cadre du TEMPLE ne peut pas disparaître, même en régime chrétien ! Il subsiste tout au contraire dans la mesure où précisément, le TEMPLE est le lieu de la réconciliation de toute la Création avec YHWH. Avec évidemment un glissement de sens majeur qui pose toute la différence avec le judaïsme ; un glissement qui passe résolument, avec le Christ Jésus, de la pierre à la CHAIR, dans le sens des annonces prophétiques de Jérémie et Ézéchiel : « Voici l’alliance que je trancherai avec la maison d’Israël après ces jours-là — oracle de YHWH — : Je donnerai ma TORâH dans leurs entrailles, Je l’écrirai sur leur cœur. Et je serai envers eux comme ‘ÈLoHîM, et ils seront envers moi comme peuple. » (Jr 31,33), associé à Ézéchiel : « Je donnerai pour eux un cœur UN — unique au sens d’unifié ; un cœur communautaire, fraternel qui s’abreuve à la source du DIEU Père —, et Je donnerai dans leurs entrailles un esprit renouvelé. J'ôterai de leur chair le cœur de pierre, et Je donnerai pour eux un cœur de chair. » (Éz 11,19).

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Or voici qu’avec l’avènement du Verbe de DIEU fait chair, on passe de façon radicale d’une TORâH écrite sur des tables de pierre à une TORâH écrite sur un cœur de chair dont la Vierge, toujours dans le Cadre Analogique du Temple, est alors elle-même reconnue comme l’Arche de chair.

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Alors allons encore un peu plus loin à propos de la PIERRE DE FONDATION qu’on trouve aussi appelée la PIERRE D’ANGLE en architecture, c’est-à-dire la première pierre sur laquelle est réglée toute la construction d’un édifice. Or, renseignements pris, il n’y a pas de différence entre la PIERRE DE FONDATION et la PIERRE D’ANGLE en architecture ; une assimilation qu’on trouve dès le Ps 118(117),22 : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la fondation d’angle » (Ps 117,22) : רֹ֣אשׁ פִּנָּֽה, Ro‘Sh PiNNâH en hébreu. Or Ro‘Sh, en hébreu, c’est la tête, mais c’est surtout l’EN-tête, ce qui vient “en tête”, ce qui vient “d’abord”, ce qui est au “principe” ; c’est le mot utilisé au tout début de la Genèse : בְּרֵאשִׁ֖ית בָּרָ֣א אֱלֹהִ֑ים אֵ֥ת הַשָּׁמַ֖יִם וְאֵ֥ת הָאָֽרֶץ : « Au commencement, au principe — BeRé‘ShîT, un mot bâti sur la racine Ro‘Sh — Dieu crée les ciels et le sol » (Gn 1,1). Et là, un cerveau juif se lance ipso facto dans les analogies : בְּרֵאשִׁ֖ית peut se comprendre aussi : « sur le Ro‘Sh, sur la FONDATION — c’est-à-dire sur le Rocher de Fondation qui affleure sur le sommet du Mont MoRîYYâH —, ÈLoHîM crée les ciels et le sol. » On retrouve là l’idée d’une Création qui commence par ce lieu du Rocher où se concentrent, pour ainsi dire, toutes les énergies divines pour donner naissance à l’Univers.

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Alors en quoi tout ça nous intéresse en tant que chrétiens ? Eh bien tout simplement parce que cette interprétation est reprise dans le Nouveau Testament, avec les mêmes jeux de mots en grec. En Mt 21,42, Jésus par exemple cite le Ps 118  : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête d’angle » (Ps 117,22 LXX). On traduit toujours κεφαλὴ γωνίας, képhalè gônias par « tête d’angle », et c’est vrai que le plus souvent, képhalè désigne la “tête” ; mais tout comme en hébreu, képhalè signifie aussi le “principe”, le “fondement”. La képhalè gônias du Psaume est donc, dans le Cadre Analogique du Temple, bien plus la Ro‘Sh PiNNâH de l’hébreu, la fameuse FONDATION D’ANGLE à partir de laquelle est créé tout le Cosmos, et sur laquelle le sanctuaire de Jérusalem trouve son assise. Mais dans l’esprit de Matthieu — et de Jésus —, la FONDATION D’ANGLE, c’est le Christ en personne ! Ce qui explique les enluminures des plus anciennes traditions chrétiennes qui représentent le Verbe de DIEU comme l’Architecte de la Création.

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Sauf qu’il faut aller encore plus loin dans la mesure où Jésus va faire jouer l’analogie du TEMPLE et de son CORPS. Rappelons-nous saint Jean : « Détruisez ce Temple-ci, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs lui ont parlé ainsi : “C’est en quarante-six ans qu’a été édifié ce Temple-ci, et toi, en trois jours tu le relèverais ?” Mais Lui parlait du Temple de son Corps. » (Jn 2,19-21). Difficile d’être plus radical dans le passage de la pierre à la CHAIR ! En disant ça, Jésus n’est pas en train de dire que le Cadre Analogique du Temple de Jérusalem disparaît, bien au contraire : il met en œuvre précieusement cette analogie, mais, dans la ligne prophétique, pour l’assumer en sa CHAIR : toute sa personne assume désormais tout ce que signifie le Temple de Jérusalem en termes de sacrifices, bien sûr — la tradition chrétienne parlera de l’autel de la Croix ; du Christ Grand Prêtre et victime à la fois, etc. —, mais aussi en termes d’Alliance : « Cette coupe est le renouvellement de l’Alliance en mon sang répandu pour vous.” » (Lc 22,20).

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Non seulement donc, Jésus n’abandonne pas la typologie du Temple, mais le Nouveau Testament la reprend à son compte, puisque le Corps du Christ, génération après génération, n’est autre que l’Église, à son tour conçue dans le Cadre Analogique du Temple, dont un des noms est le BéYT HaMiQeDDâSh, la “Maison de Sainteté”, la Maison “Consacrée” ! Il suffit d’écouter Pierre par exemple : « Approchez-vous de Lui, la Pierre Vivante — la pierre de fondation —, rejetée par les hommes mais choisie et précieuse auprès de Dieu. Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une Maison Spirituelle, pour un sacerdoce consacré, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréés par Dieu, en Jésus-Christ. Car il est inscrit dans l’Écriture — Ah tiens ! — : “Voici que je place en Sion — le Mont MoRîYYâH — une pierre de fondation, choisie, précieuse ; et celui qui a foi en elle ne sera pas confondu” — c’est la définition même de la bénédiction —. » (1 P 2,4-6). Et là, on rejoint Paul dans l’épître aux Romains qu’on a citée plus haut : l’église, c’est le rassemblement SACERDOTAL par lesquels les chrétiens offrent leur vie pour élever toute la Création vers le Père, de sorte, comme on l’a dit par ailleurs, que la création interrompue le 7e jour par l’événement de la convoitise, puisse enfin reprendre et porter des fruits éternels, des fruits qui demeurent.

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On peut aussi penser à la lettre aux Colossiens, parlant aussi de l’Église comme le Corps du Christ — un Corps dont le Christ est la “fondation”, plus justement que la “tête” si on tient le Cadre Analogique du TEMPLE : « Il est la fondation képhalède l’Église ; Il est de commencement, le premier-né d’entre les morts afin d’avoir en tout la primauté. » (Col 1,18). Autrement dit, il est Celui par qui toute l’Église éprouve sa solidité et contre laquelle toutes les inondations de l’histoire ne pourront rien ! Ce qui rejaillit par ailleurs sur l’épître aux Éphésiens : « Soyez subordonnés les uns aux autres dans la crainte du Christ. Que les femmes le soient à leurs maris comme à YHWH ; car le mari est la fondation de la femme, tout comme le Christ est la fondation de l’Église. » (Éph 5,21-22). On reste dans le Cadre Analogique du Temple, sans quoi on n’y comprend rien et on fait passer Paul pour un gros macho, alors même qu’il énonce quelque chose d’absolument essentiel et que je vérifie à chaque rendez-vous de Conseil Conjugal que j’ai le bonheur d’exercer depuis 20 ans : je ne connais pas une seule épouse qui n’attende pas de son époux qu’il soit son Roc, donc sa fondation, pour pouvoir grâce à lui donner ce qu’elle a de meilleur pour que leur foyer soit lumineux. Et inversement, je ne connais pas un époux qui n’attende pas de son épouse qu’elle l’illumine, qu’elle l’inspire pour être ce ROC dont elle a besoin. Raison pour laquelle, toujours dans le Cadre Analogique du Temple qui structure et donne sens à la pensée juive, la TORâH SheBè“âL PèH dit de l’épouse qu’elle est gardienne de la lumière, en lien avec la MeNoRaH dans le Temple, en particulier lors de l’ouverture du ShaBaT, ce qui est loin d’être secondaire. C’est là une manière très noble d’affirmer que l’homme et la femme ne sont rien l’un sans l’autre : toujours cette « faiblesse » inhérente à tout individu qui nous oblige à jouer le jeu de l’altérité comme une grâce, au lieu de la réduire à un perpétuel jeu de conflits pour de mesquins motifs de convoitise, encore et toujours.

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Toujours est-il qu’à travers cette analogie entre le Corps de Jésus, qui est l’Église, et le TEMPLE, nous est révélé l’être même de cette Église est tout entier SACERDOTAL, dans la ligne des prophètes du Premier Testament : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation consacrée ! », avait dit YHWH par la voix de Moïse, en Ex 19,6. Or cet appel retentit de la même manière vis-à-vis de l’Église : « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation consacrée, un peuple racheté, afin que vous proclamiez les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable Lumière. » (1P 2,9) ; on songe aussi à l’Apocalypse de saint Jean. « À Celui qui nous aime de charité et qui nous a déliés de nos péchés par son sang ; et qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. » (Ap 1,6) ; « Tu as fait d’eux un royaume et des prêtres pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre ! » (Ap 5,10). Tout ça pour bien entendre que c’est à travers la figure du Temple que se construit le sens de la COMMUNAUTÉ chrétienne, la MAISON de l’Église dont parle souvent le pape François, comme réalité SACERDOTALE sur laquelle, n’en déplaise à certains, les presbytres, les prêtres, sont chargés de veiller.

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Toujours est-il qu’à travers cette CONSÉCRATION ; à travers l’offrande d’elle-même à la suite du Christ, son ROC et le Nouveau Grand Prêtre par qui advient définitivement le Pardon de YHWH, la COMMUNAUTÉ de l’Église se découvre en constante élévation vers le Père éternel, par le Christ dont le Corps constitue l’achèvement charnel du Temple de pierres qui demeure, qu’on le veuille ou non, comme le Cadre Analogique premier sur lequel se construit toute la dynamique du Salut. Génération après génération, paraît alors le sens d’une mémoire, d’une histoire qui marque l’identité et la vocation du peuple chrétien qui épouse la trajectoire CRÉATIVE à laquelle le convoque YHWH pour que la vie éternelle reprenne ses droits là où la convoitise, elle, ne conduit qu’à la mort.

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Donc vous l’aurez compris, toute l’histoire d’Israël s’articule sur le Temple, c’est-à-dire sur ce trait d’union qui relie Israël à YHWH, raison pour laquelle d’ailleurs l’Exode s’attarde sur plus de la moitié du livre à en décrire la construction à travers la figure du Sanctuaire du désert. Et pour nous chrétiens, toute notre histoire s’articule sur le Temple qui est le Christ, comme le fondement par qui s’opère la réconciliation de ‘ÂDâM avec YHWH ; de sorte que leur COMMUNION consommée permette enfin à la Création de reprendre. D’où l’importance de la dimension sacerdotale dont le baptême nous marque, puisque le Baptême nous fait prêtres, prophètes et rois. Cette dimension sacerdotale nous rappelle sans cesse notre attachement incontournable au Temple édifié sur la PIERRE DE FONDATION qui est le Christ, et à partir de laquelle est créé et sauvé tout l’Univers ! C’est parce que le sacerdoce baptismal est analogiquement attaché au Temple qu’il imprime en nous cette spiritualité de l’élévation, de la montée. C’est par cet attachement au Temple qui est le Christ que nous sommes habilités à célébrer l’Eucharistie qui nous unit au sacrifice de Jésus, Grand Prêtre et Victime à la fois.

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Le Cadre Analogique du TEMPLE est donc vraiment essentiel et ne peut pas être ignoré en régime chrétien. C’est lui qui motive le rassemblement dominical de la Communauté chrétienne : en se fondant sur l’écoute de l’Évangile, les chrétiens se savent partager un patrimoine commun qu’ils reçoivent du PÈRE par le Christ Jésus : ils se savent FILS, ils se savent FRÈRES, ils se savent UN pour participer à l’édification du Temple Vivant — le BéYT HaMiQeDDâSh, ma Maison de Sainteté ; la Demeure de YHWH — dont ils sont les pierres vivantes articulées sur la PIERRE DE FONDATION qui est le Christ. C’est dans cette communion que chacun trouve la force d’aller de l’avant dans une société qui, elle, cherche constamment à les dissocier les uns des autres pour les rendre esclaves de leur seule convoitise et les entraîner vers une mort programmée. Être une pierre vivante attachée à la Pierre de Fondation est le seul moyen pour les chrétiens de rester branchés sur la source de toute BÉNÉDICTION qui jaillit du Temple de YHWH : « Il me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici que des eaux sortaient de dessous le seuil de la Maison, au Levant — à l’Est, donc —, car la face de la Maison était au Levant, et les eaux descendaient sous le côté méridional de la Maison, au NèGèV de l’Autel — c’est-à-dire au Sud —. Il me fit sortir par la route de la porte du septentrion — au Nord cette fois — et me fit faire le tour par la route extérieure jusqu’à la porte qui fait face au Levant ; et voici les eaux s’écoulaient du côté Méridional. […]

Et il me dit : vois-tu, Fils de ‘ÂDâM ? Puis il me fit aller puis revenir sur le bord du torrent. Revenant, j’aperçus sur le bord du torrent des arbres de part et d’autre en très grand nombre. Et il me dit : Ces eaux s’en vont vers le district du Levant ; elles descendent vers la ‘ARâVâH et s’écoulent dans la Mer — la Mer de Sel, la Mer Morte — : elles sortent [donc] vers la Mer afin que [son] eau soit assainie. Tout être vivant qui foisonne, tout ce qui vient là, dans les deux torrents, vit ; et le poisson est très nombreux. Car ces eaux viennent là, et [les eaux de la Mer] sont assainies ; et tout ce qui vient là, vit.
Et  des pêcheurs se tiennent depuis En-Guédi jusqu’à En-Eglaïm ; et là où il y a des filets tendus, le poisson est selon son espèce, très nombreux, comme celui de la grande Mer
— la Méditerranée —. Ses marais et ses lagunes n’étant pas assainies, elles sont abandonnées au sel. Et près du torrent, sur ses bords, de part et d’autre, monte tout arbre à manger — tout arbre fruitier —, dont le feuillage ne fane pas et dont le fruit ne s’épuise pas. Chaque mois il donne des primeurs parce que ses eaux sortent du Sanctuaire. Ses fruits sont une nourriture et ses feuilles un remède. » (Ez 47,1-2.6-12).

Voilà la fameuse BÉNÉDICTION offerte à ceux qui s’attachent au Temple de YHWH : on retrouve le contexte du jardin de “ÉDèN dans la mesure où il n’y a plus de convoitise qui tienne : les fruits ne sont plus arrachés mais reçus comme une DON, comme le signe d’une COMMUNION féconde pour que la Création reprenne son cours paisiblement dans la puissance des synergies divines et humaines réconciliées. Et saint Jean ira jusqu’au bout de cette logique en contemplant le Corps du Christ en Croix comme le Temple renouvelé de côté duquel jaillit la source de toute BÉNÉDICTION : « S’étant approchés de Jésus, et voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez, vous aussi. » (Jn 19,33-35).

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Alors avec tout ça, on comprend mieux j’espère les enjeux du Deutéronome qui invite à opérer depuis 2500 ans à une RELECTURE INTERPRÉTATIVE, vivante, COMMUNAUTAIRE, de la TORâH. Et qui va jusqu’à inscrire cette interprétation à l’INTÉRIEUR même de la TORâH pour l’établir comme une NORME ! Interpréter n’est pas facultatif ! Si tu veux vivre, il FAUT t’abreuver à la source de la TORâH et de l’Évangile. Alors ton cœur s’ouvrira et, attaché que tu seras de tes frères et sœurs, tu trouveras le chemin d’INTERPRÉTATION de ta propre vie, tu te découvriras BÉNI en restant branché sur la Source de la VIE éternelle qui jaillit du côté du Temple de YHWH !

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Ça n’est rien de moins que tout ça qui est condensé dans le Décalogue que nous étudions et que gardaient précieusement les KéROuVîM dans le Saint des Saint du Temple de Jérusalem. Et là, comment ne pas glorifier nos pères et nos mères qui ont conjointement porté et transmis cette mémoire de libération ? À travers une histoire souvent difficile mais marquée par la FOI et l’ESPÉRANCE ? Et pour ça, pour les glorifier, garder la convocation hebdomadaire du ShaBaT — ou du Dimanche pour les chrétiens — et celui des fêtes annuelles de pèlerinage pour se rassembler entre pairs — p-a-i-r-s — et célébrer cette mémoire charnelle qui, du cœur de notre vie COMMUNAUTAIRE, permet de rejeter tout ce qui relève de la réduction sociétale du genre humain à un simple troupeau animal ; rejeter cette idolâtrie mensongère qui abaisse, qui utilise, qui “emploie” l’homme au lieu de l’élever. Pour ça — on remonte dans les prescriptions du Décalogue —, veiller à ne pas dénigrer le Nom de YHWH en le prononçant comme s’il était une idole qu’on pourrait manipuler à sa guise ; et enfin professer l’attachement essentiel à YHWH seul, comme l’enfant professe l’attachement qui le lie à ses parents de manière unique : de la même manière qu’on n’a pas des dizaines de parents, on n’a pas des dizaines de dieux. Des dizaines d’idoles, peut-être ; mais pas des dizaines de dieux.

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Reste que tout ça se choisit. Un choix que YHWH ne peut pas faire à notre place. Il élabore patiemment le Cadre du Temple pour nous faire entrer dans la nature SACERDOTALE de notre être — qui va contrer en nous le chemin maudit de la convoitise —, mais c’est à nous de CHOISIR d’y entrer pour recevoir la BÉNÉDICTION et la VIE attachés à cette mémoire. « Vois, Je mets devant toi la Vie et la Mort, la Bénédiction et la Malédiction : choisis la vie ! » (Dt 30,15) Une BÉNÉDICTION qui ne se réduit décidément jamais à une simple incantation, mais qui se présente comme le fruit d’un process FILIAL, FRATERNEL et COMMUNAUTAIRE que déroule implicitement le Décalogue.

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On peut toujours essayer d’autres chemins ; YHWH n’est pas un despote. Il dit simplement que le chemin de la BÉNÉDICTION, c’est celui du Décalogue : « Je mets devant toi la bénédiction et la malédiction ; la vie et la mort ; choisis la vie ! » dira la fin du livre. « Choisis ! » YHWH ne le fera pas à ta place ! Le process est là ; il l’a toujours été, dès les origines. À quoi Jésus répondra en disant : « C’est moi la Lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie. » (Jn 6,12) « Moi, Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. Personne ne vient au Père sinon par moi. » (Jn 14,6) Vous voyez ? Saint Jean dira ainsi ; « La TORâH a été donnée par Moise, la grâce est advenue par Jésus Christ. » (Jn 1,17). Qu’on pourrait traduire par : « La TORâH a été donnée par Moïse, la BÉNÉDICTION promise par cette TORâH est advenue par Jésus-Christ. » Tout se tient et appartient en fait à la même dynamique SACERDOTALE : c’est bien parce que le Christ est le TEMPLE véritable que cette BÉNÉDICTION advient ; une BÉNÉDICTION qui, dans l’illumination du Baptême et notre participation au culte eucharistique dominical, nous entraîne, par le Christ, avec Lui et en Lui, à offrir nos vies enfin libérées de toute convoitise. Du coup, on comprend peut-être encore un peu plus profondément les paroles de Saint Jérôme : « Ignorer la TORâH, c’est ignorer le Christ. » ? C’est en tous les cas se priver du Cadre Interprétatif qui permet de puiser à la source du Temple, à la source de toute BÉNÉDICTION et de toute VIE. Avouez que c’est tout de même dommage !

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Voilà donc ce qu’on peut dire à propos du 5e commandement du Décalogue. Pardon d’avoir été long pour ces entretiens, mais on touche là des notions tellement essentielles pour notre époque que je n’ai pas voulu en dire moins. Et croyez bien qu’on aurait pu en dire beaucoup plus !

Reste qu’il nous faut reprendre notre lecture pour avancer dans notre étude. Mais nous verrons ça la prochaine fois.

Je vous remercie.
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