La Parole est irréductiblement PREMIÈRE pour ne pas passer à côté de la BÉNÉDICTION promise par YHWH à ceux-là seuls qui la gravent dans leur chair. Étudier et connaître intimement la TORâH, c’est se donner les moyens d’INTERPRÉTER sa propre histoire, comme Jésus l’a fait en son temps, et de savoir discerner au quotidien les trésors de la bénédiction divine promise à la descendance de ‘AVeRâHâM.
Transcription du texte de la vidéo : https://www.bible-tutoriel.com/ancien/pentateuque/deuteronome/ecoute-israel-dt-1-11/message/dt-11-la-benediction-savoir-interpreter-sa-propre-histoireTous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel,
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Bonjour,
Nous continuons notre lecture du Deutéronome ; mais alors même qu’on vient de lire l’injonction de la glorification du père et de la mère au ch. 5, 16, il m’est apparu qu’était venu le temps de réfléchir sur les enjeux de telles paroles dans le cadre de toute la TORâH, puisque le propre du Deutéronome dans sa facture finale, c’est de REPRENDRE l’ensemble de cette TORâH pour la déterminer comme cette histoire fondatrice à travers laquelle YHWH dévoile l’existence d’un chemin ; un chemin qui répond à l’aspiration à la Vie et à la Bénédiction inscrite dans le cœur de tout homme !
Je vais donc vous emmener sur un nouveau terrain pendant quatre vidéos : celui de la THÉOLOGIE BIBLIQUE, c’est-à-dire d’une réflexion de la raison sur le socle des données bibliques. D’une part, on va parler de la nécessité de l’INTERPRÉTATION ; d’autre part, on parlera dans la deuxième vidéo du sens de la PATERNITÉ et de la FILIATION ; dans la troisième vidéo, il sera question de l’importance de la COMMUNAUTÉ ; et enfin, dans la quatrième, on parlera de l’analogie du Temple qui viendra synthétiser tout cet ensemble. Tout ça, évidemment, à propos de cette glorification du père et de la mère.
Alors allons-y.
Que fait l’auteur du Deutéronome lorsqu’il « reprend » la TORâH, c’est-à-dire les quatre livres précédents ? Alors je vous rappelle : le cœur de la TORâH, c’est le récit de l’EXODE auquel, pendant la période perse, on a ajouté le livre de la Genèse comme un préambule. Parallèlement à ces récits existaient des codes de lois qu’on a tissés ensemble pour former le Livre de l’Exode. Le livre du Lévitique, lui, très attaché au temple de Jérusalem, réduit les récits pour se concentrer sur la législation. Quant au livre des Nombres, il renoue avec le récit en même temps qu’il énonce à son tour de nouvelles lois ; sans que ces livres soient d’ailleurs réellement unifiés. Nous, on essaie de faire une lecture lisse de l’ensemble — et c’est le rôle propre du travail interprétatif —, mais dans les faits, on ne peut pas dire que ces livres aient été écrits en véritable concertation, tant s’en faut. MAIS ils sont présentés comme liés, ne serait-ce que par la trame de l’errance dans le désert. Donc on a le droit, et même le devoir de les écouter en polyphonie !
Quant au Deutéronome, eh bien il semble que ce soit justement à partir de lui que la TORâH a commencé à voir le jour. Son code de loi primitif, édité sous Josias d’après ce que disent les livres des Rois, a semble-t-il été le premier code digne de ce nom à partir duquel s’est articulé le reste de la TORâH au fil des siècles. Par après, d’autres lois sont venues alimenter le livre, ainsi qu’un récit reprenant les étapes à partir du départ du Mont HoRèV jusqu’à la frontière du Jourdain, et comme on le verra en son temps, un récit racontant la mort de Moïse. C’est cet ensemble qui se présente en définitive comme une MiSh
eNéH TORâH, dira le ch. 17, v. 18 ; une seconde TORâH —
Deutéro – nomos en grec — ; non au
sens numérique mais au sens d’une REPRISE de l’ensemble, d’une RELECTURE interprétative tout orientée vers l’avènement de la BÉNÉDICTION — on le verra
particulièrement à propos du ch. 30 — ; une BÉNÉDICTION qui s’enracine sur les promesses de YHWH à ‘AV
eRâHâM dès le début du ch. 12 de la Genèse ; ce qui fait que, de Gn 12 à Dt 30, on a une vaste inclusion englobant tout le Pentateuque et qui nous présente le thème de la BÉNÉDICTION comme le fil conducteur, comme la trajectoire de toute la TORâH.
Dès lors, que nous dit le rédacteur deutéronomiste ? En substance, c’est assez clair : « Tu veux trouver pour toi-même et pour les tiens le chemin de la BÉNÉDICTION promise par YHWH à ‘AV
eRâHâM ? Alors LIS, étudie, plonge sans relâche dans les récits de tes pères ; grave-les en toi pour te donner, à partir de là, les moyens d’INTERPRÉTER TA PROPRE VIE, dans les deux sens : à savoir d’une part en déchiffrer le sens, et savoir d’autre part l’orchestrer, la mettre en œuvre, la mettre en jeu. Là est la BÉNÉDICTION de YHWH à laquelle tu aspires ! »
Voilà : dans sa grande lucidité, la Bible nous enseigne ici quelque chose d’essentiel qui nous fait sortir de ces pseudo-bénédictions incantatoires façon StarWars : « Sois béni ! », « Que la force soit avec toi ! »… « Que la puissance de Dieu te protège », etc. Tout ça c’est du vent ! du Fantasme à la petite semaine ! « Riri, Fifi et Loulou font des incantations » ! Aucune bénédiction n’advient par ce type d’attitude ; bien plutôt la malédiction dans la mesure où ce genre de phrase malheureuse entretient des espoirs vains et encourage la démission de la volonté, tout ça à cause de contes de fées qui virent tous au cauchemar à force de promettre du vent !
Tout au contraire, l’étude à partir de laquelle se développe l’art de l’interprétation — ce que la Bible nomme par excellence la SAGESSE — : voilà le chemin de la BÉNÉDICTION. La Sagesse biblique vise en fait un seul objectif, très précis : être en permanence en capacité de mesurer l’azimut de la BÉNÉDICTION ; c’est-à-dire de discerner ce qui y mène — le fameux CHEMIN qui mène au BIEN, non pas au sens du “bien-être” qu’on se contente de recevoir, mais du BIEN à mettre en œuvre ; le bien qui produit du bien ; qui fait grandir et qui fait vivre, dans cette communion nécessaire qui allie l’homme à YHWH : l’homme qui laboure son désir comme on laboure une terre —
« Mon âme a soif du Dieu vivant ! », Ps 42(41) — et YHWH qui sème à tout vent cette parole vivifiante comme une semence :
« Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain au mangeur ; ainsi la parole qui sort de Ma bouche : elle ne retournera pas vers Moi à vide, sans avoir fait ce que Je désire, sans avoir accompli sa mission. » (Is 55,10-11). Or la mission de la parole de YHWH, ce n’est rien d’autre que faire jaillir la BÉNÉDICTION, à condition néanmoins que la terre soit travaillée, qu’elle soit prête à accueillir la semence — et ça, c’est la part de l’homme — :
« “Écoutez ! Voici que sortit le semeur pour semer, et comme il semait, des semences tombèrent sur le bord du chemin ; et les oiseaux maraudeurs sont venus et ils les ont mangées. D’autres tombèrent sur un sol rocailleux ; là, il n’y a pas beaucoup de terre, et aussitôt elles levèrent, puisqu’elles n’avaient pas épais de terre ; mais quand le soleil se mit à briller, elles se fanèrent ; et n’ayant pas de racines elles se sont desséchées. Et d’autres tombèrent en fourré de ronces ; et les ronces montèrent et elles les étouffèrent et elles n’ont pas donné de fruits. Mais d’autres tombèrent en bonne terre et elles montèrent et elles grandirent et elles fructifièrent ! Il y en eut à trente ; il y en eut à soixante ; il y en eut à cent pour un !” Et il leur disait : “Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il écoute !” » (Mc 5,3-9, trad. sur le texte Araméen). Là j’espère qu’on entend Jésus accomplir la TORâH — et les prophètes en l’occurrence :
« Ne pensez pas que Je sois venu pour délier de la TORâH ou des Prophètes ; Je suis venu non pour délier, mais pour mener à la plénitude. » (Mt 5,17, trad. sur le texte Araméen).
Toujours est-il que la TORâH se présente donc tout entière comme un APPEL à trouver le chemin de cette BÉNÉDICTION. Elle ne l’ouvre pas : ça n’est pas son rôle. Son rôle est d’alimenter le DÉSIR d’en discerner le chemin pour pouvoir l’emprunter. Elle promet à celui qui ÉTUDIE — c’est-à-dire qui écoute — pour GARDER la TORâH, que ce chemin s’ouvrira devant lui comme une voie de DISCERNEMENT et d’INTERPRÉTATION qui illuminera sa propre vie et donnera de savoir y reconnaître la
BÉNÉDICTION promise. En apprenant ces paroles, en les gravant dans le cœur pour les garder, on travaille et on retourne le champ spirituel nécessaire pour permettre aux paroles ensemencées par YHWH de germer en nous, de grandir et de fructifier en sachant INTERPRÉTER notre existence au jour le jour pour pouvoir prendre les bonnes décisions ; celles qui nous gardent dans la trajectoire, dans l’histoire tissée par toute une famille, tout un peuple au sein duquel chacun se découvre capable de sortir de toute situation mortifère. Voilà la BÉNÉDICTION !
Alors maintenant on a compris : travailler et retourner la terre ne signifie pas faire des jeûnes à n’en plus finir et à se donner la discipline pour dompter la chair, comme on disait dans l’ancien temps ! Ça n’a rien ni de juif, ni de chrétien : c’est, platonicien, stoïcien ou ce que vous voudrez, mais encore une fois ça n’est ni juif, ni chrétien ! En revanche, s’il y a bien une “discipline” à observer, une MiTs
eVaH, c’est prioritairement de tout mettre en œuvre pour APPRENDRE et GARDER en soi la parole ensemencée comme une RESSOURCE — en quoi tient tout entière la BÉNÉDICTION —, d’une part pour rebondir dans les épreuves ; et d’autre part pour démultiplier la joie dans les moments de grâce. Et c’est cette parole inscrite sur le cœur — c’est-à-dire intégrée charnellement — qui nous fera discerner l’importance incontournable du jeûne, de l’aumône et de la prière. Mais c’est d’abord la parole.
Par ailleurs, n’oublions jamais qu’il s’agit d’une parole VIVANTE, c’est-à-dire une parole qui est faite non pas seulement pour être inscrite dans des bouquins, mais pour être PRONONCÉE, PROCLAMÉE et donc ENTENDUE, ÉCOUTÉE ; en particulier dans la liturgie qui rassemble le peuple. C’est essentiel de bien comprendre ça, parce que c’est par la VOIX entendue COMMUNAUTAIREMENT que la Parole est semée, qu’elle donne la vie en façonnant dans cette assemblée un seul cœur et un seul esprit, comme dit saint Luc dans les Actes des Apôtres. Isaïe le formule clairement de la part de YHWH :
« Prêtez l’oreille, et venez à Moi ! Écoutez et votre être vivra ! » (Is 55,3) Ce qui fait dire aux rabbins, non sans sagesse, que la vraie Vie entre… par les oreilles ! La Vie, non pas physiologique mais comme une MÉMOIRE CHARNELLE qui, au fil du temps, jour après jour, heure par heure, manifeste l’élaboration d’une HISTOIRE COMMUNE, partagée par tous ceux qui consentent à entrer dans le jeu de l’INTERPRÉTATION ; donc de l’étude et de la mise en pratique de la TORâH que vont interpréter les rabbins pour le peuple juif d’une part ; tout comme Jésus va interpréter cette TORâH pour le peuple chrétien d’autre part.
Et là j’espère qu’on le voit bien : MÉMOIRE et INTERPRÉTATION vont de pair. Quand une mémoire permet ainsi aux individus de prendre leur place dans le monde et de s’y tenir debout, fiers de leur propre histoire greffée sur celle de leurs pères, alors il faut le dire : l’INTERPRÉTATION EST L’ŒUVRE SPIRITUELLE LA PLUS GRANDIOSE QUE L’HOMME SOIT APPELER A ÉLABORER DANS SON EXISTENCE. C’est par l’INTERPRÉTATION que sa vie et celle des siens se met à composer une HISTOIRE qu’il va s’agir de RACONTER pour en transmettre l’âme, c’est-à-dire transmettre l’art et la joie d’interpréter encore et encore pour que subsiste la LIBERTÉ, quelles que soient les circonstances ! Chez l’homme libre, L’INTERPRÉTATION à partir de la TORâH et des Évangiles NE CESSE DONC JAMAIS, et doit constamment être alimentée par l’écoute communautaire avant tout !
La difficulté, c’est que la MÉMOIRE n’est définitivement jamais une simple accumulation de données. Raison pour laquelle greffer des puces électroniques dans le cerveau comme en rêvent certains n’aura pour effet que de formater des imbéciles ! Même cette soi-disant ‘IA’, Intelligence Artificielle, est un leurre : vous aurez beau mettre des milliards de données dans l’unité centrale d’un robot, il ne sera pas « intelligent » pour autant ! Tout simplement parce que la MÉMOIRE est une réalité vivante qui ne subsiste que par l’activité spécifiquement humaine de l’INTERPRÉTATION ; à tous les niveaux : personnel, bien sûr, mais en même temps COMMUNAUTAIRE ; ce à quoi s’attellent les nécessaires poètes, écrivains, peintres, musiciens, danseurs et artistes dignes de ce nom. Prenez l’église d’Auvers-sur-Oise. En soi, c’est déjà une très belle église du XII
e siècle comme tant d’autres ; pourtant, elle est plus célèbre que les autres dans son genre… pourquoi ? Parce que Vincent Van Gogh l’a peinte, et en a révélé l’âme singulière ! À travers l’œuvre de Van Gogh, voilà que cette église dévoile une âme qui appelle à la rencontre ; qui fait qu’en la regardant, on se sent appelé à venir y faire un pèlerinage en famille, avec des amis, que sais-je ? Parce que l’église d’Auvers-sur-Oise passe dans le patrimoine d’une MÉMOIRE COMMUNE ; d’une MÉMOIRE COMMUNAUTAIRE.
La MÉMOIRE COMMUNAUTAIRE passe par la poésie, le théâtre, etc. Elle passe aussi par des discours, mais c’est à la condition qu’ils soient CHARNELS, qu’ils engagent les tripes. Toujours est-il qu’un peuple qui n’a plus ni poète, ni dramaturge, ni écrivain ; un peuple sans culture donc, est un peuple mort. Or si on y fait attention, la BIBLE est un vivier incomparable de poésies et de drames — drame au sens littéraire, avec un PATHOS réel où les auditoires se sentent investis dans leur propre histoire personnelle et communautaire.
Tout ça pour permettre au peuple qui s’y abreuve de toujours savoir revenir à cette MÉMOIRE comme à un terrain de fondation ; non pas pour rester figé dans le passé mais pour se donner l’assise nécessaire qui permet d’INTERPRÉTER le présent, et donc de discerner les décisions justes à prendre pour envisager un avenir solide — pas forcément confortable, mais dans lequel on a de vraies raisons d’exister.
Or c’est là tout l’objet du DEUTÉRONOME. Si tu entres dans cette sagesse interprétative, alors tu seras un digne FILS DE LA TORâH, ou pour le dire autrement : tu seras un digne FILS DE MOÏSE, puisque le Deutéronome se donne précisément comme le modèle de toute RELECTURE, de toute INTERPRÉTATION.
Or le moment même de cette interprétation de Moïse est parlant : juste avant de traverser le Jourdain, qui va clore cette interminable errance dans le désert qui a commencé par le franchissement du YaM SOuPh, de la Mer des Roseaux, le moment est venu, nous dit Moïse, de faire une REPRISE, c’est-à-dire une RELECTURE de ce qui s’est passé. Et ce faisant, à ce moment précis où va se tourner une nouvelle page de l’histoire d’Israël, Moïse enclenche explicitement une tradition d’INTERPRÉTATION qui permet ici de décrypter cette sortie de MiTs
eRaYîM comme une MONTÉE, de sorte qu’à partir de là, la décision d’entrer en KaNa“aN puisse être vécue au titre d’une BÉNÉDICTION, et non pas seulement comme un soulagement ! Cette bénédiction ne signifie nullement que YHWH soutiendra les actions guerrières en fermant les yeux sur les exactions d’Israël. Elle signifie que, tant qu’Israël gardera la TORâH dans le cœur, s’appuiera sur une MÉMOIRE fondatrice mise en récit — une HISTOIRE — Israël saura trouver dans cette mémoire les ressources nécessaires pour poursuivre cette MONTÉE une fois le Jourdain franchi, génération après génération.
Du coup, la guerre d’installation que va mener Israël — du moins si on suit ce que nous en disent les livres historiques qui sont eux-mêmes des interprétations, parce qu’archéologiquement, l’installation n’a manifestement pas été aussi lisse que la Bible le raconte — ; du coup donc, la guerre d’installation ne s’interprète pas comme une prise de pouvoir ou une extension de territoire, mais comme une GUERRE JUSTE ! Si Israël est fidèle à la TORâH, fidèle au récit mémoriel de sa fondation, de sa raison d’être, comme un peuple en MONTÉE qu’accompagne YHWH, alors le peuple trouvera toujours en cette Parole, écoutée et gardée, l’énergie nécessaire pour se dresser et faire entendre fièrement sa voix dans le concert des nations ; pour leur communiquer la lumière de la Vie comme signe de la grandeur de la TORâH et de la glorification universelle de YHWH.
Reste que pour ça, pour permettre à toutes les générations d’être fidèles à la TORâH, il faut en quelque sorte modéliser un process. Eh bien c’est le but de cette relecture interprétative du Deutéronome que de présenter le MODÈLE normatif à partir duquel, par le jeu de l’INTERPRÉTATION, Israël va pouvoir garder sa mémoire comme la source de toute BÉNÉDICTION. Une BÉNÉDICTION qui permettra à Israël de ne jamais s’effondrer même dans les situations les plus tragiques — pensons à la Shoah par exemple. C’est grâce à cette science, à cet art de l’interprétation, que chaque génération peut garder ainsi le cap de la bénédiction promise à ceux qui sont fidèles à la TORâH et qui sauront du même coup glorifier le courage et la sagesse de leurs pères par qui cette mémoire leur aura été transmise.
On pourrait dire que le Deutéronome se présente en définitive comme la première TORâH Sh
eBè“âL PèH — la première TORâH
sur la bouche, la première TORâH orale. Une TORâH orale qui a voulu se mettre elle-même par écrit pour “donner l’élan” ; et instituer encore une fois l’INTERPRÉTATION comme une NORME, pour qu’Israël sente à quel point la Parole de YHWH qu’il doit garder est VIVANTE ; à quel point elle donne la VIE : « Allez-y ! Revisitez l’histoire des premiers pères ! Recevez cette histoire, étudiez-la pour la comprendre de l’intérieur ! Et à la lumière de cette REPRISE, à la lumière de YHWH qui a tissé cette histoire avec vos pères, vous VIVREZ au sens fort du terme — et pas seulement biologique — parce que vous saurez interpréter VOTRE propre histoire, vous reconnaîtrez que YHWH poursuit le tissage de votre histoire, de l’histoire de votre génération appuyée sur celle des pères ; et du cœur de cette histoire interprétée, vous vous découvrez charnellement frères et sœurs ; vous vous découvrirez de solides membres d’une seule et même COMMUNAUTÉ, d’un seul PEUPLE ; et là sera votre force face aux aléas de l’histoire. Vous saurez reconnaître comment YHWH s’attache à vous, à votre famille, votre clan, votre peuple ; non pas en vous évitant les épreuves — tant s’en faut — mais en vous donnant la puissance de les traverser et de grandir à chaque victoire. Bref, vous saurez reconnaître, même au milieu des pires épreuves, le fameux chemin de la BÉNÉDICTION. »
Alors c’est sûr que cet appel touche les chrétiens en plein cœur dans la mesure où pour nous, celui qui OUVRE le chemin de la VIE et par qui advient la Bénédiction, c’est évidemment le Christ Jésus dans la puissance de sa Résurrection ! Or on l’a déjà dit, Jésus n’a jamais fait que RELIRE la TORâH de Moïse pour en livrer son INTERPRÉTATION à travers le commandement de la charité. Et les chrétiens évaluent la pertinence de cette INTERPRÉTATION au fait — complètement inattendu — que les griffes de la MORT n’ont pas su Le retenir quand il est entré dans le Shéol en s’offrant sur la Croix. Le raisonnement de base est le suivant : si c’est par le péché, qui marque toute chair, que la mort sait nous retenir dans ses crochets, cette victoire du Christ sur la mort ne peut signifier qu’une seule chose : il n’y a aucun péché en lui ! Jésus n’a pas péché contre la TORâH ; ce qui signifie que son interprétation est JUSTE, puisqu’en vivant jusqu’au bout cette interprétation, il n’a pas péché contre YHWH. Il est « celui qui n’a pas connu le péché » comme dit saint Paul en 2Co 5, 21 ; ou encore saint Pierre :
« Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous marchiez sur ses traces — ah ! encore le chemin —
, lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche de qui il n’a été trouvé aucune ruse ; lui qui insulté ne rendit pas l’insulte ; souffrant, n’a pas menacé mais s’en est remis à Celui qui juge avec justice ; lui qui, sur le gibet, a porté lui-même nos péchés dans son corps afin que, morts aux péchés, nous vivions pour la justice ; lui dont la meurtrissure vous a guéris. Etc. » (1Pi 2,21-24).
Oui, mais la Bible n’arrête pas de nous dire que nul ne peut vivre sans pécher sinon YHWH ! Donc si la résurrection du Christ manifeste qu’il n’a pas péché, pas d’autre solution que de conclure que Jésus est YHWH en personne ! YHWH qui se soumet Lui-même aux paroles de la TORâH qu’Il a Lui-même inspirée, par quoi Il L’authentifie comme VRAIE, et ça c’est juste formidable ! YHWH en personne valide la TORâH comme Parole de VIE et de BÉNÉDICTION. Une TORâH dont, en Jésus, YHWH livre l’INTERPRÉTATION ultime, puisque passée au feu de la MORT et de la RÉSURRECTION. Ça, aucun prophète ne l’avait accompli avant Lui ! Dit autrement : si, en ayant accompli pleinement la TORâH, la mort n’a trouvé aucune prise en Jésus — si donc il n’a pas péché, encore une fois — c’est d’une part que son INTERPRÉTATION de la TORâH est parfaitement JUSTE et fidèle à l’esprit de Moïse ; et c’est que cette INTERPRÉTATION ouvre véritablement, charnellement, le chemin la BÉNÉDICTION promise — ce qu’on appelle en termes chrétiens la BÉATITUDE — ; une bénédiction ouverte désormais à tous ceux, GoYîM compris, qui voudront bien se mettre à son école pour s’élancer à sa suite :
« Je suis le chemin, la vérité et la Vie. » (Jn 14,6). En se rappelant que marcher à la suite de Jésus, c’est INTERPRÉTER SA VIE à partir de l’Évangile ; c’est donc consentir à plonger avec le Christ dans la mort — c’est le Baptême :
Baptismô veut dire PLONGER — ; y puiser la lumière qu’Il y a déposée et, dans le feu de cette lumière de VIE, consentir chaque jour à faire de son existence une OFFRANDE, une MONTÉE attachée à celle du Christ — c’est l’Eucharistie.
Dit encore autrement : si Jésus est ressuscité, s’Il est MONTÉ depuis les affres de la Mort, du Shéol, c’est qu’il est pleinement dans la dynamique de la BÉNÉDICTION invoquée dès les débuts de la TORâH avec ‘AV
eRâHâM, de sorte qu’en suivant son chemin, c’est-à-dire en prenant le temps de LIRE, d’étudier et de plonger sans relâche dans les Évangiles ; en prenant le temps de graver ses paroles de VIE en nous, nous recevons les moyens d’INTERPRÉTER notre PROPRE VIE et de garder le cap de la BÉNÉDICTION.
« Faites attention ! Ces paroles que vous entendez, c’est selon la mesure avec laquelle vous les recevez qu’elles seront, en vous, bien prises en compte ! Et elles s’accroîtront encore plus en vous, ces paroles que vous entendez ! Car à celui qui les a en lui, il sera donné encore — la BÉNÉDICTION par la capacité toujours plus grande d’interpréter et de discerner les actes à poser dans toutes les situations traversées, bonnes ou mauvaises —
, mais à celui qui ne les a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé — la MALÉDICTION : tout est vain parce que rien n’est interprété pour faire en sorte que la vie soit une MONTÉE dans la Lumière de la Vie. »
(Mc 4,24-25).
Du coup, à nous d’apprendre à notre tour à garder l’azimut de la BÉNÉDICTION qui consiste, dès ici-bas, en puisant dans la Lumière de la Résurrection déposée par le Baptême dans nos ténèbres, dans notre Shéol ; à nous donc à ne pas donner prise au péché en GRAVANT en nous l’enseignement parfait du Christ qui nous confère la puissance de toujours nous relever de la mort quand nous retombons dans ses griffes. Or entrer dans ce TRAVAIL interprétatif — qui n’a rien d’intellectuel : c’est un travail de MÉMOIRE, d’APPRENTISSAGE offert à tous, et à tous âges ; rien à voir avec le QI ! C’est une question de VOLONTÉ et d’assiduité, point final ! Et voilà ce qu’on appelle la FOI ! Le reste vient ensuite par surcroît, c’est tout ! — ; entrer donc dans ce travail, donc, voilà la FOI qui fait de nous des Fils et des Filles de Moïse, des Fils et des Filles de ‘AV
eRâHâM marchant sur le chemin de MONTÉE vers YHWH qui a déjà Lui-même fait le premier pas pour venir à notre rencontre par la TORâH et par son Verbe incarné.
Sauf que là, on vient de toucher une question très importante qui relance l’interrogation : ça veut dire quoi, « être fils ou fille de ‘AV
eRâHâM » ? C’est quoi, en définitive, ce rapport de FILIATION ? À quoi le cinquième commandement du Décalogue fait-il appel lorsqu’il dit :
« Glorifie ton père et ta mère » ? D’autant que ça semble aussi toucher le cœur de la relation entre le Fils éternel et le Père éternel :
« Père, je t’ai glorifié sur la terre. J’ai mené à l’achèvement l’œuvre que Tu m’as donnée de faire. » (Jn 17,4). De quoi parle-t-on exactement ?
Eh bien nous verrons ça la prochaine fois. Je nous souhaite d’ici là de laisser grandir en vous le désir de graver la TORâH et l’Évangile en nous pour découvrir à quel point ces Paroles fondatrices sont autant de lumières pour interpréter notre existence comme une MONTÉE, une ASCENSION à la suite du Christ Sauveur ; du Christ vivifiant ; du Christ par qui les chrétiens découvrent ce qu’être béni du Père signifie en vérité.
Je vous remercie.______________________________________________________________