05-01-2019
[Foi 2.3_A] - L'Eucharistie (1ère partie)
par : le père Alain Dumont
Aimer, c’est choisir de se donner a l’autre sans jamais reprendre ce don.
Voilà comment DIEU nous aime et voilà ce qui motive la Gratitude inscrite à la racine de toute Eucharistie.
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PLAN :
– L’Eucharistie – le sacrement de la Gratitude
– L’Eucharistie – mémorial du salut
– Un DIEU de parole
– La révélation du DIEU vivant
Duration:28 minutes 53 secondes
Tous droits réservés.Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,
Nous avons vu lors des dernières vidéos les deux premiers sacrements que sont le Baptême et la Confirmation, mais on l’a dit : ces deux sacrements seraient inutiles s’ils ne nous introduisaient pas à notre participation à un troisième sacrement qu’on appelle l’Eucharistie qu’on célèbre au cours de la « messe ».
Alors sur ce sacrement, on pourrait parler des heures ! J’ai moi-même écrit un petit manuel de liturgie où j’explique les rites de la messe sur une centaine de pages ! C’est très accessible et au besoin, je vous y renvoie avec votre accompagnateur. Pour nous, on va plutôt scruter la dynamique sacramentelle qui habite l’Eucharistie. Pour le déroulement, je vous mets quelques liens vidéo dans la fiche Pour aller plus loin.
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L’EUCHARISTIE – LE SACREMENT DE LA GRATITUDE
Commençons par dire que ce qu’on appelle la « Messe », c’est ce moment de prière communautaire où on célèbre précisément l’Eucharistie. On appelle ce moment « messe », du substantif latin Missa, du verbe mittere qui signifie ENVOYER. À la fin de l’Eucharistie, dès le Ve siècle, celui qui présidait la prière lançait à la fin : « Ite missa est », ce qui veut dire « Allez ! C’est l’envoi ! », avec une connotation de mission : « Vous avez reçu le corps du Christ, alors maintenant, allez dans le monde ! Ne restez pas ici ! Allez, dehors ! » Un peu comme les anges qui ont reçu les femmes au tombeau le dimanche de la résurrection du Christ : « Vous cherchez le crucifié ? Il est ressuscité, il n’est pas ici ! Allez, dehors ! Allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme Il vous l’a dit.” » (Mc 16,6-7) Eh bien la « messe », c’est ça : c’est l’ENVOI ! Ok, vous avez communié, mais maintenant ouste ! Dehors, au boulot ! Ite Missa est. Et de fait, les chrétiens ne sont pas faits pour rester dans les églises !
Ceci dit, depuis Vatican II, même si le terme « messe » est resté dans le langage commun, les chrétiens préfèrent parler de l’EUCHARISTIE, un très beau mot tiré du verbe grec eucharistéô, rendre grâce, qui se trouve dans le Nouveau Testament — alors que le mot « messe », non. « Rendre grâce » donc, non pas seulement au sens de « remercier » mais d’être dans la GRATITUDE. On en a déjà parlé mais je vous le redis pour que ça rentre bien : combien de fois ai-je lu des livres confondant remerciement et gratitude ? Même chrétiens ! C’est bien désolant, parce que la gratitude est d’une tout autre dimension. Quand vous remerciez quelqu’un, quelque part, vous vous dédouanez par rapport à lui : vous êtes invités à manger et vous ne partez pas à la fin du repas sans remercier, mais ce faisant, vous vous dédouanez vis-à-vis de votre hôte. Éventuellement vous l’inviterez à charge de revanche, mais c’est tout. Alors que la GRATITUDE, c’est autre chose. La gratitude n’est pas un dédouanement mais au contraire une OBLIGATION, au sens noble du terme, c’est-à-dire une DETTE MORALE. « Je suis votre obligé », disait-on en ce sens au XVIIe siècle. « C’est un honneur de faire fructifier le don gracieux que j’ai reçu de vous. » On se rappelle ici la parabole des talents : le seigneur donne 10 talents à l’un de ses serviteurs, 5 à un autre et 1 au dernier. Les deux premiers doublent la mise au retour du maître, ce qui est le fruit de leur GRATITUDE envers lui, et c’est cette GRATITUDE, en tant que moteur de leurs initiatives, qui réjouit le maître. Le troisième serviteur en revanche n’est pas dans la gratitude mais dans un simple rapport fonctionnel : « tu m’as donné 1 talent, le voilà, de quoi te plains-tu ? » Il ne vole pas son maître, simplement, il ne fait pas fructifier son talent, ce qui met son maître en fureur !
Eh bien là, c’est la même chose. Le mot EUCHARISTIE est tiré du récit du denier repas de Jésus avec ses disciples. C’est pendant ce repas que, comme tout bon juif, Jésus « rend grâce » pour le pain et le vin, en grec eucharistéin. Il ne s’agit pas simplement pour Jésus de dire : « Merci papa ! » avant de s’empiffrer comme un malpropre ! Partager le pain et le vin — qui constitue le rite crucial de chaque eucharistie, on va y revenir — Partager le pain et le vin donc, c’est d’une part reconnaître l’élan de vie qui habite ce pain et ce vin, et donc les recevoir DE DIEU, sans négliger pour autant le travail des hommes qui les a façonnés ; et c’est d’autre part s’ENGAGER, une fois consommés, à leur faire porter du fruit ! Et LÀ, ils deviennent d’ores et déjà un pain et un vin de GRATITUDE, un pain et un vin EUCHARISTIQUES auxquels Jésus va donner une orientation propre à travers ces paroles étonnantes prononcées sur ce pain et ce vin : « Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang ! »… Qu’a-t-Il voulu dire ?
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L’EUCHARISTIE – MÉMORIAL DU SALUT
Pour comprendre, il faut avant tout FAIRE MÉMOIRE, remonter dans le temps, jusqu’à Moïse. Le peuple des Fils d’Israël est esclave en Égypte et crie sa misère vers le DIEU de leurs pères, Abraham, Isaac et Jacob. Or voilà que DIEU appelle Moïse dans le désert — je vous le fais en très bref, vous irez voir les détails dans les vidéos de La Bible en Tutoriels ; mais normalement, si vous avez vu le film Les dix Commandements, ou plus récemment Exodus, voire Le Prince d’Égypte, vous connaissez en gros les affaires. Donc DIEU appelle Moïse et, du cœur d’un mystérieux buisson qui brûle sans se consumer, lui dit : « “Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob.” Moïse se voila la face car il avait peur de porter son regard sur Dieu. Le Seigneur dit : “J’ai vu, oui, J’ai vu la misère de Mon peuple qui est en Égypte, et J’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, Je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers une belle et vaste terre, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen — c’est-à-dire la terre de Canaan et les territoires remontant jusqu’à l’Euphrate ; un domaine assez grand somme toute —. Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à Moi, et J’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte Mon peuple, les Fils d’Israël.” » (Ex 3,6-10) C’est là un texte crucial auquel il faut constamment revenir pour comprendre la dynamique de Salut qui anime la foi juive et chrétienne.
Tout commence donc, non pas tant par ce message d’ailleurs que par le CRI DES FILS D’ISRAËL vers leur DIEU ; la supplication des esclaves qui souffrent du poids insupportable de l’oppression égyptienne et de la mort que leur programme Pharaon, le roi d’Égypte.
Eh bien déjà, au début de chaque messe, les chrétiens lancent ce même cri : ployant sous le poids de leur péché, ils crient vers Dieu : « Dieu, fais-nous miséricorde, libère-nous ! » Kyrie eleison !, dit le grec : « Seigneur prends pitié ! » Et de fait, on va voir que toute la structure de la messe s’articule sur les récits bibliques fondateurs.
Toujours est-il que le récit de l’Exode se poursuit : suite à cette supplication, un dialogue s’engage entre DIEU et les Hébreux ainsi qu’entre DIEU et Pharaon, l’un et l’autre par l’entremise de Moïse. Les Hébreux choisissent d’écouter leur DIEU et trouvent la vie ; Pharaon refuse d’écouter et il trouvera la mort — une mort qu’il a par ailleurs lui-même invoquée pour tenter d’anéantir les Hébreux. Cette mort lui revient en pleine figure, ce qui est le lot de tous les pécheurs, c’est-à-dire de ceux qui n’écoutent pas la Parole du DIEU d’Abraham, Isaac et Jacob, le DIEU de VIE, le DIEU qui rend vivant.
À nouveau on retrouve cette dynamique entre la Parole et l’écoute dans la suite de la messe, puisqu’après avoir imploré DIEU de nous délivrer de l’esclavage du péché et qu’en Son Nom, la Miséricorde ait été proclamée par le prêtre, commence ce qu’on appelle la Liturgie de la Parole : d’une part DIEU parle pour nous mener sur le chemin de la vie ; et d’autre part, le peuple écoute avec un cœur d’autant plus attentif qu’il sait qu’il y va de sa vie ! Le dimanche, on écoute ainsi un passage de l’AT — sauf pendant le temps pascal où l’on écoute le récit des Actes des Apôtres qui nous racontent la naissance de l’Église juste après l’ascension du Christ —. Cette première lecture est alors suivie du chant d’un Psaume qui lui est souvent relié ; suivi à son tour d’un extrait d’une des lettres du Nouveau Testament — lettres de Paul, de Pierre, de Jean etc. Tout ça pour nous préparer à écouter un passage d’Évangile qui nous raconte le ministère de Jésus parmi les siens, en Israël. Ce Jésus sur lequel se focalise tout l’AT et à partir de qui se déploie tout le NT et la vie de l’Église.
Donc à travers ces divers récits, la foi nous fait reconnaître déjà une chose absolument essentielle, à savoir que DIEU nous parle. DIEU nous parle à travers des figures de la Bible, à travers leur histoire, leurs pires travers comme de leurs plus grandes qualités ; de sorte que par ces récits, la foi nous fait discerner DIEU qui nous parle ! Non pas pour nous écraser mais au contraire pour nous ouvrir un chemin de vie là où la mort, tapie à la porte, est toujours prête à nous sauter dessus, tout baptisés et confirmés que nous soyons !
Or je voudrais m’attarder ici sur ce phénomène tout à fait étrange d’un DIEU qui parle à son peuple. En fait, c’est quelque chose d’ÉNORME quand on y songe !
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UN DIEU DE PAROLE
Quand on demande autour de soi qui est DIEU, on reçoit toutes les réponses possibles et imaginables : une énergie, quelqu’un qui veille sur nous, une protection, la nature, que sais-je ? Mais il est très rare qu’on nous dise : DIEU NOUS parle. Et c’est assez ennuyeux dans la mesure où derrière cette parole de DIEU, il nous est signifié bien des choses essentielles.
Déjà que nous sommes dignes que DIEU nous adresse la parole. C’est vrai qu’en soi, Il n’y est pas obligé. L’Univers semble baigné dans un silence sidéral, c’est le cas de le dire, et nombre de scientifiques, depuis Galilée, Diderot et consort, se contentent très bien de ce mutisme : « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger. » disait Voltaire. Un silence qui l’arrangeait bien du reste, parce qu’on a l’impression de n’être redevable à personne de l’existence … une diffuse délectation de licence qu’on travestit en liberté pour se donner des grands airs : « Ni dieu, ni maître, je fais ce que je veux, quand je veux, où je veux, comme je veux et si je veux ! »
Sauf que dans l’histoire, voici plus de 3 500 ans, un petit peuple proclame haut et fort que, lui, a fait un jour l’expérience de la Parole de ce DIEU créateur de l’Univers et de tout ce qui vit ! Alors non pas une parole chamanique comme on en trouve dans d’autres religions : une sorte de sorcier entre en transe et communique des messages de la divinité… Non non, rien à voir. Ici, il s’agit d’une Parole en laquelle certains hommes, comme Abraham ou Moïse pour ne citer qu’eux, vont mettre leur FOI ; une Parole divine qui va porter une ALLIANCE, c’est-à-dire s’engager dans un accord de fidélité réciproque entre deux parties, en l’occurrence entre DIEU et son peuple. Mais ça n’est pas tout ! Si on s’en tenait là, on aurait tout au plus un contrat de pure forme, de style administratif, conventionnel et sans vie… En réalité, on s’aperçoit que cette Alliance va faire naître une HISTOIRE à laquelle les deux protagonistes vont prendre part. Dit autrement, la parole divine va engendrer une parole humaine, et ce simple fait suffit pour nous prouver que cette parole divine est une parole de VÉRITÉ. Est une parole de vérité une parole qui donne la parole ; une parole qui clôt, qui ferme la bouche de l’autre est une parole perverse, une fausse parole. La parole vraie est intrinsèquement une parole qui LIBÈRE une autre parole vraie, de sorte qu’une HISTOIRE puisse se raconter et qu’une MÉMOIRE puisse prendre racine. Or l’expérience que va faire la descendance d’Abraham est précisément celle d’une PAROLE LIBÉRATRICE dont il va transmettre la MÉMOIRE de génération en génération. À commencer par un événement majeur qu’on connaît sous le nom de la LIBÉRATION D’ÉGYPTE qui va manifester que la LIBERTÉ dont il s’agit dans l’Alliance n’est pas idéologique, mais bel et bien CHARNELLE : DIEU s’engage à libérer son peuple quand celui-ci se trouve prisonnier dans l’esclavage mortifère ; et Il manifeste ainsi la pertinence de la FOI que le peuple peut mettre en Lui, prémices d’une RENCONTRE vivifiante qu’il va s’agir de découvrir peu à peu, et non sans combats… Mais voilà : c’est la vie, c’est le lot de toute épopée, de toute croissance. DIEU le sait, et c’est pourquoi Il ne rechigne pas à se lancer dans l’aventure. Et si je vous rappelle tout ça, c’est parce que l’Eucharistie chrétienne en est tout simplement le fruit le plus merveilleux ! Oubliez ce fondement et la messe devient un “truc” purement formel à nouveau, sans vie, ennuyeuse au possible et qu’il faut fuir à toutes jambes ! DIEU merci, la vie éternelle n’est pas une cité administrative où seul compterait un protocole totalitaire ! Quand DIEU parle, c’est pour offrir la vie, c’est pour se donner. Et pour cela, c’est CHOISIR
Alors redisons-nous rapidement les affaires. À l’époque de Moïse, DIEU a manifesté son attention fidèle au peuple Fils d’Israël en les délivrant de la main meurtrière des Égyptiens. Appuyé sur cet événement fondateur et depuis plus de 3 000 ans, aucun Juif ne doute que DIEU ait CHOISI son peuple — raison pour laquelle on parle du PEUPLE ÉLU : ce peuple est l’ÉLU du Cœur de DIEU. Il est « aimé de DIEU » comme dit la Bible, à condition de toujours se rappeler que pour DIEU, aimer ne consiste pas à éprouver un sentiment ! Aimer, pour DIEU et ceux qui se mettent à son école, c’est CHOISIR de se DONNER à celui ou celle qu’on a ÉLU. On y reviendra parce que c’est la base du sacrement chrétien du Mariage.
En attendant, ÉLIRE l’autre ne consiste donc pas à le désirer pour soi mais à CHOISIR DE SE DONNER à lui : voilà ce qu’on appelle l’amour de CHARITÉ qui seul apporte le bonheur et conduit à la joie. Rien à voir avec le sempiternel : « T’as d’beaux yeux tu sais ! J’suis bien avec toi ! » RIEN À VOIR ! AIMER — avec toute la force de ce verbe magnifique —, c’est encore une fois CHOISIR de SE DONNER À L’AUTRE sans jamais reprendre ce DON. Voilà comment DIEU « aime » Israël. Vraiment, toute l’histoire biblique est fondée sur ce pilier essentiel de l’ÉLECTION qui vise à une RENCONTRE NUPTIALE qui caractérise l’ALLIANCE DE DIEU avec le peuple des Fils d’Israël. C’est tellement essentiel que si on sort de ce contexte, on ne comprend RIEN à la Bible, ni au Judaïsme, ni encore moins au Christianisme. C’est ce qui fait que l’âme juive tout comme l’âme chrétienne n’est à nouveau rien d’autre que la GRATITUDE. Avoir la FOI, c’est vraiment entrer dans le mystère de cette GRATITUDE : quand vous savez que quelqu’un vous aime inconditionnellement parce qu’il a CHOISI, coûte que coûte, de vous aimer, vous êtes capables de soulever des montagnes, d’aller jusqu’au bout du monde ! Le chrétien, et le Juif avant lui, base donc toute sa vie, son agir et jusqu’à son être même sur cette certitude : le DIEU Créateur est aussi un DIEU SAUVEUR parce qu’Il nous aime de CHARITÉ ! Quand il dit qu’il AIME son peuple, ça n’est pas du boniment, les générations passées en ont fait l’expérience et nous ont transmis ce patrimoine extraordinaire ! Pas toujours confortable, tant s’en faut, mais vraiment EXTRAORDINAIRE, entièrement tourné au service de la Vie, et de la Vie Éternelle qui plus est. Toute l’ESPÉRANCE Juive et Chrétienne se fonde LÀ et motive, par mode de GRATITUDE, la CHARITÉ qui va illuminer notre existence.
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LA RÉVÉLATION DU DIEU VIVANT
Tout ce que nous venons de dire suppose évidemment l’affirmation d’un projet complètement fou aux yeux du monde d’aujourd’hui : DIEU désire RENCONTRER ceux qui se rendent disponibles à son amour, et qui constituent son « peuple » ! Et à travers eux, rencontrer, s’unir à Sa création ! Ça c’est complètement dingue et surtout inimaginable pour les pauvres pécheurs que nous sommes et pour qui tout ce qui n’est pas nous fait tellement peur ! Non, DIEU n’est pas une entité perchée sur ses nuages à la façon de Zeus et de son panthéon tellement immoral et velléitaire que les philosophes antiques refusaient de croire en eux, et on les comprend. Et toujours d’après ces mythologies par malheur ces dieux faisaient une incursion dans le monde des humains, c’était toujours sur des pulsions pas toujours avouables et à chaque fois au prix de catastrophes invraisemblables !
Rien de ça avec le DIEU d’Abraham et de Moïse qui se révèle en plénitude en Jésus ! C’est même l’extrême opposé pour la simple raison qu’Il est UNIQUE, ce qui ne signifie pas qu’Il serait numériquement UN comme on le dit partout mais, comme toujours : qu’Il REND UNIQUE ! Il est VIVANT, Il donne la VIE ; Il est LIBRE, il rend LIBRE ; Il est UNIQUE, Il REND UNIQUE ! Dire que DIEU est UNIQUE, c’est une autre manière de dire d’une part qu’Il est SAINT — à part —, et d’autre part qu’il est TRANSCENDANT — vous vous souvenez : cette fameuse transcendance qui est la condition de toute relation. Et hop c’est reparti : Il est SAINT au sens où Il REND SAINT : « Soyez saints car Je suis SAINT, Moi, le Seigneur votre DIEU ! » (Lv 19,2) ; Il est TRANSCENDANT parce qu’il REND TRANSCENDANT, donc UNIQUE. Par ailleurs, étant cet UNIQUE qui rend UNIQUE, ce DIEU est obligatoirement la source de la VIE : rendre unique, c’est dans le même mouvement donner vie, sans quoi on n’y comprend plus rien !
Alors maintenant, comment rend-on unique ? Par l’ÉLECTION ! Quand quelqu’un se sent CHOISI, il se sent UNIQUE, et c’est même le propre de la CHARITÉ que de mettre en œuvre cet élan vital en chacun de nous, de sorte qu’une RENCONTRE soit possible qui est le but par excellence de cette ALLIANCE conclue avec Abraham et orchestrée par la ToRaH de Moïse. Et c’est sûr qu’il n’y avait pas la moindre trace de charité dans la mythologie grecque !
De telles affirmations, qui appartiennent spécifiquement à la ToRaH, sont tellement inimaginables pour l’homme qu’on est obligé de parler ici de DÉVOILEMENT, de RÉVÉLATION de la part d’un DIEU qui se donne ainsi à connaître, à rencontrer. Sous l’inspiration de l’Esprit de DIEU, le voile est ainsi retiré sur la véritable nature de DIEU pour que tout homme découvre le projet dans lequel il est inscrit, qui motive son Salut et lui apprend l’immensité de sa dignité. Dit autrement : sans ce dévoilement, l’homme se forge un DIEU à son image dans le genre panthéon grec, égyptien ou ce que vous voulez ; c’est-à-dire des divinités qui ne sont jamais que les projections fantasmagoriques de l’esprit humain : « si j’étais un dieu — sous entendu si j’avais la licence de faire ce que je veux, quand je veux et avec qui je veux, je lancerais des éclairs, je régnerais sur la mer, je me ferais justice, etc. ». Or ici, le vrai DIEU nous prend à contre-pied : Il se DÉVOILE gracieusement à des hommes qui se sont rendus disponibles à sa rencontre — ce qu’on appelle des FIGURES, vous vous souvenez — ; des hommes que DIEU, du cœur de cette rencontre, de la CHARITÉ qu’Il est au plus profond de son être, va travailler à l’intérieur d’eux-mêmes pour en faire des lumières en ce monde, patiemment, génération après génération. Ce ne sera pas facile pour eux, mais en attendant, quelle aventure exaltante ! Toujours est-il que ces figures nous apprennent que DIEU ne cesse de se donner, de se révéler dans l’espoir d’être un jour accueilli chez les siens — c’est-à-dire nous, qu’Il ne considère jamais comme des étrangers dont Il aurait à se prémunir.
Or voilà ce que signifie « célébrer l’Eucharistie » : les chrétiens se rassemblent fraternellement pour accueillir — tel un peuple — le DIEU UNIQUE, VIVANT ET VRAI, en se mettant avant toute chose à son écoute. À l’écoute d’une Parole VIVANTE, toujours au sens d’une parole que donne la VIE. Écouter la Parole de DIEU nous rend VIVANTS nous-mêmes, c’est-à-dire à notre tour porteurs de VIE là où le péché, lui, nous rend morts, c’est-à-dire porteurs de mort.
Et c’est ainsi, à force de nous rassembler régulièrement, hebdomadairement pour nous mettre fraternellement à l’écoute de ce DIEU vivant qu’on comprend, par le Christ, que nul, pas même DIEU, ne donne la vie sans donner SA VIE ! On commence alors à entrer dans le mystère de l’ÉLECTION qui n’est pas seulement le fait que DIEU choisisse untel ou untel, mais qui est le fait que DIEU SE DONNE, que DIEU DONNE SA VIE à qui se rend disponible à ce DON vivifiant ; en sorte que tout homme qui reçoit cette parole se découvre à son tour UNIQUE, à charge ensuite, dans l’élan de la gratitude eucharistique, de témoigner et d’inviter ceux dont il se reconnaît le prochain, à emprunter le même chemin !
Du coup, cette Parole qu’on écoute entre autres le dimanche nous plonge dans le mystère de cette fameuse RENCONTRE qui a eu lieu en Jésus, le Verbe fait Chair ; une rencontre que ne cesse de faire grandir dans l’Église la COMMUNION EUCHARISTIQUE au corps et au sang du Christ qu’il nous faut à présent envisager. Mais ce sera pour la prochaine fois : avec ce qu’on vient de voir, vous avez déjà pas mal de grain à moudre avec votre accompagnateur.
Que le Christ Jésus vous garde en sa bénédiction.
Je vous remercie.
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