11-02-2018

[Nb] 50a - Les Offrandes des grandes fêtes (1)

Numbers 28:1-15 par : le père Alain Dumont
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Le commentaire de Nb 28,16 – 29,39 se trouve à la fin de la playlist : http://www.bible-tutoriel.com/message/50b-les-offrandes-des-grandes-fetes-2.html

Après avoir revisité les trois grandes fêtes de pèlerinage, le rédacteur du livre revisite à présent les trois fêtes du 7e mois et nous entraîne, à sa manière, vers la joie du Salut qui s’ouvre, au terme, non pas seulement à la Communauté d’Israël que YHWH convoque ici, mais à toutes les nations, toutes générations confondues.
Duration:27 minutes 59 secondes
Transcription du texte de la vidéo :
(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/nb-50-les-offrandes-des-grandes-fetes.html)
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous reprenons aujourd’hui notre lecture du ch. 28 à partir du v. 16 et nous irons jusqu’à la fin du ch. 29 qui se déploie sur le même thème, à savoir les offrandes à offrir dans le Sanctuaire à l’occasion des fêtes liturgiques annuelles.

Alors on commence par la plus importante de toutes, à savoir la fête de PèSaH., la fête de la Pâque, traitée assez originalement à ce stade de notre lecture. Sauf si on lit Ézéchiel, qui est l’inspirateur privilégié de notre rédacteur sacerdotal : « Le premier mois, le quatorzième jour du mois, ce sera pour vous la Pâque, une fête de sept jours ; on mangera des pains sans levain. » (Éz 45,21) et si on ajoute à ça ce que dit le livre du Lévitique : « Le premier mois, le quatorze du mois, au coucher du soleil, ce sera la Pâque en l’honneur du Seigneur. Le quinzième jour de ce même mois, ce sera la fête des Pains sans levain en l’honneur du Seigneur : pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain. Le premier jour, vous tiendrez une assemblée sainte et vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage. Pendant sept jours, vous présenterez de la nourriture offerte pour le Seigneur. Le septième jour, vous aurez une assemblée sainte et vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage. » (Lv 23,5-8) Ces deux rapprochements nous livrent la substance des v. 16 à 18 de notre ch. Donc jusque-là, rien de bien nouveau, si ce n’est que le rédacteur précise bien que les Azymes constituent, à partir du 15 du mois, la fête induite par la Pâque. Pour lui, le rituel familial est un acquis, donc il n’y revient pas, encore une fois ça n’est pas son objet. L’important pour lui est de référer la Pâque et la fête des Azymes qui suit au Sanctuaire, et évidemment surtout de fonder cette référence au temps de Moïse comme pour dire : « Voilà ce que Moïse a toujours voulu », même si on sait qu’historiographiquement, il n’en a été ainsi qu’à partir du retour d’Exil encore une fois. Avant, la Pâque était une fête familiale en soi, indépendante, pour ce qu’on peut en juger, de la fête des Azymes. Par exemple, au moment du roi Yo‘ShiYâHOu — Josias, on ne parle que de la Pâque uniquement, c’est dans le second livre des Rois au ch. 23. En revanche, le rédacteur sacerdotal, à la suite d’Ézéchiel, en fait bien une fête de pèlerinage obligatoire — obligatoire, entendons bien : au moment du retour d’Exil, c’est assez facile parce que la Communauté se groupe autour de Jérusalem et reste assez modeste. Comme toujours, avec le temps, la population s’étoffant, l’obligation va évidemment s’assouplir et prendre en compte les situations de chacun, surtout pour ceux qui sont en diaspora. Ceci dit, si vous vivez au loin et que vous célébrez la Pâque en famille ainsi que la fête des Azymes, cette célébration à elle seule se vivra en lien avec les sacrifices du Sanctuaire dont les bénéfices rejaillissent sur tout le peuple, réparti sur toute la terre.

Autre fête à partir du v. 26 : la fête des SEMAINES, ShaVOu“OT, appelée ici de façon assez inhabituelle : BiKOuRîM, la « Fête des Prémices » ou des Premiers fruits si vous préférez. Le texte est assez différent de ce qu’on trouve par ailleurs au ch. 23 du Lévitique à propos de cette fête ; le prophète Ézéchiel quant à lui n’en parle pas. Quelque part, c’est avant tout une fête populaire : les nomades ont toujours offert aux divinités les premiers-nés de leurs troupeaux et les sédentaires le meilleur des prémices de leur terroir, la date de cette offrande variant naturellement selon les régions et les produits offerts. Cette cérémonie donnait lieu à des réjouissances, comme dans le livre des Juges par exemple au ch. 9, v.27 à l’occasion de la fête des vendanges à Sichem. Au moment de s’installer sur cette terre, Israël va assez naturellement assimiler ces réjouissances qu’elle va synthétiser en deux fêtes : la fête des Moissons au printemps et celle des Récoltes à l'automne — on a ça dans le livre de l’Exode au ch. 23, v. 16 — sans oublier évidemment de les fonder mythiquement dans le temps de Moïse, toujours pour dire : Moïse a intégré ces fêtes parce qu’elles sont en rapport avec la sortie et la montée d’Égypte ! Et c’est ainsi que la fête des Semaines établit un lien d’une part avec l'offrande des prémices à YHWH et d’autre part avec l'action de grâces pour le don de la Terre Promise. On aura ça dans le ch. 16 du Deutéronome, v. 9 à 12 qui précise que cette fête est célébrée au Sanctuaire, sept semaines « après qu'on eut coupé les épis », c’est-à-dire après le début de la moisson de l'orge. Le Code de sainteté, au ch. 23 du Lévitique, précise pour sa part que la première gerbe doit être offerte le lendemain du ShaBaT qui suit Pâque et que 50 jours plus tard doit être célébrée ShaVOu”OT, la Pentecôte, au cours de laquelle on doit offrir une oblation nouvelle accompagnée d'Holocaustes et d’Offrandes pour le manquement au cours d'une convocation sainte, c’est-à-dire une fête de pèlerinage, et c’est là qu’on rejoint les versets qui sont les nôtres.

En fait, que fait le rédacteur sacerdotal ici ? Il précise la nature de l'Offrande faite à YHWH. L'oblation nouvelle n'est plus la répétition de l'Offrande de la première gerbe des religions traditionnelles mais l'Offrande de la MOISSON nouvelle, comme un nouveau motif d'honorer YHWH. Dit autrement, là où les gerbes remercient la divinité pour les produits de la terre — ça, c’est dans toutes les religions agraires —, la MOISSON, elle, rend grâce à YHWH pour l’accomplissement de la Promesse : la Terre Donnée porte des fruits qui sont le gage de la dynamique de Vie qui ne se dérobe jamais au peuple qui obéit aux commandements de YHWH qui est à la source de cette dynamique.

Alors, quoi qu’il en soit, les Offrandes sont alors offertes au Sanctuaire comme pour les autres fêtes. C’est comme ça que toutes les offrandes traditionnelles de prémices, toutes les fêtes populaires de la moisson se trouvent condensées au retour de l’Exil en une seule cérémonie solennelle. Notons simplement que le grec des Septante a traduit BiKOuRîM, la fête des prémices, au v. 26, par τῇ ἡμέρᾳ τῶν νέων, « le Jour des choses nouvelles », ce qui était le sens admis à l’époque du Christ, un sens qui évoque l’accomplissement de l’Exode, comme en Isaïe :  « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert — ça c’est l’exode —, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi — rappel de l’élection du Sinaï —. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. » (Is 43:19-21). Mais en même temps, pour des chrétiens, Celui qui accomplit véritablement ce qui a été inauguré en Moïse, c’est le Christ ressuscité de l’Apocalypse : « Celui qui siégeait sur le Trône déclara : “Voici que je fais toutes choses nouvelles.” Et il dit : “Écris, car ces paroles sont dignes de foi et vraies.” Puis il me dit : “C’est fait. Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement.” » (Ap 21,5-6) Et hop, encore l’eau qui surgit, signe que les temps, que l’histoire est accomplie, cette fois dans la VIE ÉTERNELLE ouverte par les Noces de l’Agneau. Or si l’eau surgit, c’est que la terre peut donner son fruit, ses prémices ! Et qui parle de terre nouvelle ? Ezéchiel : « Voici que je fais des cieux nouveaux et une terre nouvelle », et encore : « Je vous donnerai un cœur nouveau et un esprit nouveau ! » Ah voilà : on entre dans ces choses nouvelles, dans l’ère des Prémices par l’Esprit de DIEU. Alors vous me voyez venir : la fête des prémices, des premiers fruits en régime chrétien, c’est la fête de la Pentecôte, les 50 jours après Pâque. En réalité, ce que vise la fête des BiKouRîM, ce sont les fruits de l’Esprit dans le cœur de l’homme et que nous décrivent les Actes de Apôtres au ch. 2. Ces prémices nouvelles deviennent les fruits de !'Esprit, surtout la joie, la paix, la patience, la bonté et la douceur comme les décline Paul dans sa lettre aux Galates, ch. 5. On voit bien là à quel point la tradition orale est essentielle pour comprendre la ToRaH écrite ! Par ailleurs, du côté juif, les rabbins ont transformé cette fête comme la commémoration du don de la ToRaH à Moïse, c’est-à-dire comme cette nouveauté qui a permis la naissance d’Israël en tant que PEUPLE dans le droit fil de la révélation faite aux patriarches.



Bien, on continue au ch. 29. Maintenant, on a compris le principe de base : ces fêtes tardives mises en place au moment du retour d’Exil sont enracinées en Moïse comme étant l’accomplissement de ce qu’il visait réellement dès la fondation du peuple. On garde bien ce principe en tête pour les fêtes décrites dans ce chapitre. Alors pour bien comprendre : le ch. 28 a rassemblé les 3 grandes fêtes de pèlerinage : Pâques, Azymes et Pentecôte. On avait déjà cette séquence au ch. 23 de l’Exode. À présent, le ch. 29 nous décrit les trois fêtes du 7e mois : la fête de l’Acclamation, celle des Expiations et celle des Tentes. Alors ça vous paraît peut-être un peu lourd tout ça, cette manière de toujours revenir sur les mêmes affaires, mais non ! C’est au contraire très pédagogique : les choses s’instituent progressivement et on ne dit pas tout d’un coup. On établit ce qui doit l’être au moment opportun, et puis avec le temps, on affine ! C’est pour ça que souvent, les cours scolaires sont souvent imbuvables : on veut toujours tout dire en une fois et on considère que c’est acquis, mais le cerveau ne marche JAMAIS comme ça ! C’est la ToRaH qui a raison ! Enfin bref.

Donc on a un 7e mois, celui de TiSheRiéY, vers septembre-octobre, surchargé de fêtes, c’est le moins qu’on puisse dire. On commence par la Néoménie du mois — sa nouvelle Lune — célébrée de manière particulièrement solennelle : c’est ce que l’auteur appelle le « Jour de l’Acclamation », qui deviendra dans le judaïsme tardif, après le Christ, RoSh-HaShaNa, littéralement la « Tête de l’an », c’est-à-dire le « Jour de l’An » d’une année civile. En revanche, la Bible ignore complètement cette fête… Alors on sait qu’AVANT l’Exil, le commencement de l’année était en automne ; la fête de la Récolte, du coup, se faisait au retour de l’année comme le dit le livre de l’Exode, au ch. 34, v. 22. Donc ce « Jour de l’Acclamation » semble être le vestige d’une pratique qui ne s’est pas poursuivie après l’Exil du fait qu’elle semble avoir été liée au culte de l’Arche : du coup, quand l’Arche disparaît avec l’Exil, la fête qui lui est associée disparaît logiquement avec elle. Néanmoins, on repère les traces de cette fête dans le second livre de Samuel au ch. 6 où on acclame YHWH comme véritable Roi d’Israël dont on transporte l’Arche de Silo, où elle était déposée, jusqu’à Jérusalem, la nouvelle capitale de David : « David et toute la Maison d’Israël faisaient monter l’arche de YHWH en poussant des acclamations et en sonnant du ShOPhâR. » (2S 6,15) Le ShOPhâR, c’est la corne de bélier qu’on fait sonner comme un cor, ShOPhâR qu’on retrouve précisément à la fête de RoSh-HaShaNa. Cela dit, l’auteur sacerdotal prend bien soin de lier la fête aux Offrandes du Sanctuaire pour la raison que, quoi qu’il célèbre, tout Israël s’enracine là : dans sa rencontre avec YHWH, c’est-à-dire dans la sainteté à laquelle introduit le culte spécifique du peuple élu.

À partir du v. 7, l’auteur passe à la fête du 10 du mois, le Jour des Expiations, YOM KiPOuR — même si l’auteur ne la mentionne pas par ce nom qui est assez tardif. Là encore, on retrouve les prescriptions du ch. 23 du livre du Lévitique et pour une part celles du ch. 16, même si le fameux bouc émissaire n’est pas mentionné ; prescriptions auxquelles l’auteur des Nombres ajoute comme à son habitude la discipline des offrandes, toujours dans l’optique de l’élévation en vue de la rencontre de YHWH. Ça n’est pas mentionné ici, mais voilà : ça reste en filigranes depuis le Lévitique.

Vient ensuite à partir du v. 12 la discipline sacrificielle à l’occasion de la fête des Tentes, SouKoT, même si là encore le nom n’est pas prononcé. Pour le coup, le rituel est particulièrement développé puisque cette fête dure une semaine et qu’on va redire comme un refrain quelles sont les offrandes qui marquent chaque jour. Alors on a l’impression d’une sempiternelle redite entre le v. 17 et le v. 34, mais subtilement, regardez comment on passe de 13 taureaux le premier jour à 7 taureaux le septième jour : chaque jour un de moins. Ceci dit, c’est vraiment la Fête des fêtes, à en juger par le nombre total d’offrandes pratiquées : en tout, on compte 70 taureaux, 14 béliers, 98 agneaux et 7 boucs auxquels on ajoute 1 taureau, 1 bélier, 7 agneaux et un 1 bouc le 8e jour, plus les 16 agneaux pour les holocaustes, sans parler des oblations et des libations… Ça fait déjà pas mal ! Là pour le coup, on dépasse largement même les prescriptions d’Ézéchiel qui en reste à 49 taureaux, 49 béliers et 7 boucs, comme pour PèSaH., la Pâque, signifiant par manière d’inclusion que, de PèSaH. à SouKoT, le cycle des fêtes est bouclé. Mais pour l’auteur sacerdotal du livre des Nombres, la symbolique est ailleurs. Pour le dire rapidement : RoSh HaShaNa et le YOM KiPOuR sont deux fêtes de repentance ; ou plus exactement : RoSh HaShaNa ouvre 10 jours de repentance qui s’achèvent à YOM KiPOuR pendant lesquels, dit le Talmud, les Fils d’Israël non seulement implorent la miséricorde de YHWH mais s’astreignent à prier plus intensément qu’à l’accoutumée et à accomplir des « œuvres de justice », des TseDaKoT, qu’on appelle en régime chrétien des « actes de charité ». Ça recoupe, si vous voulez, la discipline du carême chrétien qui comprend le jeûne, en signe de repentance, la prière, et l’aumône comme œuvre de charité. Ceci pour l’esprit qui animeront ces jours avec le temps. Du coup, la joie explose à la fête de SouKoT, mais non pas une joie refermée sur elle-même : une joie qui prend en compte la mission d’Israël au milieu des nations que représentent les 70 taureaux, sachant que traditionnellement, pour la ToRaH, les nations païennes sont au nombre de 70. Du coup, on comprend qu’après s’être ouvert par la pénitence à la Miséricorde de YHWH, Israël purifié apporte les Offrandes expiatoires en faveur DES NATIONS ! D’abord : 13 taureaux représentant les nations face aux deux béliers et aux 14 agneaux qui représentent, chaque jour de cette séquence, Israël : les nations commencent donc en force ! Et puis peu à peu, le nombre des bovins diminue, comme si l’opposition entre les nations et Israël diminuait jusqu’à un équilibre, prometteur, un jour, d’une réconciliation entre les deux qui pourront alors se présenter ensemble devant YHWH, dans la joie. Alors ici, le rédacteur sacerdotal le dit à sa manière, de façon cryptée et en même temps charnelle, mais c’est pour nous obliger à réfléchir ! Et une fois qu’on a compris ce qui est inscrit derrière toutes ces Offrandes, eh bien ça reste ! Pourquoi ? Parce que c’est du charnel tout ça, et que le substrat de la mémoire, c’est le charnel. Imaginez qu’on ait enseigné ça à la manière d’un cours magistral, très occidental, très grec dans sa forme : on n’aurait rien retenu, ou alors uniquement des principes, des idées, des valeurs… Mais ici, ça va beaucoup plus loin : ça s’inscrit dans la chair du lecteur et ça lui fait sentir, dans ses tripes, l’espérance qui est inscrite dans la dynamique charnelle de ces trois fêtes.

Alors le dernier jour, le 8e, se termine sur le même mode que le premier — toujours cette fameuse inclusion qui permet au temps d’avancer au rythme des accomplissements : ce qui a un commencement appelle nécessairement un terme qu’il importe de marquer sans pour autant effacer ce qui a été donné au début puisque sans lui — sans ce commencement —, aucun terme n’aurait pu être atteint. Entre les deux, il y a une histoire en croissance, par étapes, en rythme, chaque année apportant son lot d’avancée. Et c’est sous cet angle que des chrétiens peuvent s’approprier toute cette discipline sacrificielle comprise comme les actes décisifs de la sanctification que marquent ces fêtes. À tout le moins, l’auteur nous fait comprendre que ce qui unit les fêtes de pèlerinage et les fêtes du 7e mois, ce sont en définitive les Offrandes du Sanctuaire qui accompagnent les convocations de la Communauté d’Israël pour accomplir sa mission au milieu des nations. Le tout étant vraiment marqué par une joie déployée rituellement, charnellement, c’est-à-dire émotionnellement : à travers ces rites, l’émotion partagée par tout le peuple déborde sur toutes les communautés, sur toutes les générations et donc, comme on vient de le dire, sur toutes les nations. Dans le fond voyez, à travers toutes ce monceau d’Offrandes, c’est DU TEMPS qu’Israël se fait le serviteur : peu à peu, à travers ces rites qui nous paraissent aujourd’hui tellement dérisoires parce qu’on n’a plus cette accroche charnelle qui nous maintient ancrés dans le réel ; à travers tous ces rites donc, l’histoire se construit comme une élévation vers la JOIE. Une joie qui ne s’est pas départie du peuple élu jusqu’à aujourd’hui, plus de 3 000 ans plus tard, et vers laquelle le Christ Jésus n’arrête pas d’appeler ceux qu’il est venu sauver au nom du Père. Redisons-le pour finir : dans ces prescriptions charnelles, on a une élévation spirituelle remarquable qui n’est pas simplement celle d’un saint ou d’un juste particulier, mais celle d’un PEUPLE qui entraîne derrière lui une multitude d’appelés, ou d’élus, pour reprendre l’image des derniers chapitres de l’Apocalypse de saint Jean.

Je vous laisse sur ces considérations. La suite, comme pour le Lévitique, nous entretiendra finalement de la question des vœux et des offrandes volontaires, mais nous verrons ça la prochaine fois. Je vous souhaite une bonne lecture de ce chapitre 29 ; laissez la joie qui habite ces lignes vous saisir à travers l’espérance qu’elles portent pour le terme de l’histoire, et qui NOUS CONCERNE, vous et moi, tout GoYîM que nous soyons. Je vous remercie.
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