14-09-2017

[Nb] 22 - Le plus humble de la terre

Numbers 12:0 par : le père Alain Dumont
« Moïse était très humble, plus humble qu’aucun homme à la surface de la terre. » (Nb 12,3) C’est sûr qu’il va lui falloir une bonne dose d’humilité pour traverser une contradiction qui sera la matrice de toutes celles à venir, jusqu’à aujourd’hui !
Duration:22 minutes 1 sec
Transcription du texte de la vidéo :
(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/nb-22-le-plus-humble-de-la-terre.html)
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous ouvrons aujourd’hui le ch. 12 du livre des Nombres et voilà que suite à la première révolte du ch. 11 en survient une deuxième, non plus cette fois de la part du peuple mais de la part de la propre famille de Moïse, à savoir son frère ‘AHaRoN et sa sœur MiReYâM ; MiReYâM qu’on avait laissée sur la rive de la Mer des Roseaux entraînant les femmes à poursuivre le chant d’action de grâce de Moïse en Ex 15. Alors pourquoi a-t-elle comme disparu depuis ? Tout simplement parce qu’entre Ex 15 et Nb 12, on a une majorité de textes rédigés par l’école sacerdotale pour qui ET la femme, ET la prophétie sont juste… hors sujet, ce qui n’est pas le cas pour l’école deutéronomiste pour laquelle la prophétie est essentielle et pour qui les problèmes de genres sont secondaires. Par ailleurs, autre indice allant dans le même sens : ‘AHaRoN ici n’est pas désigné comme Grand-Prêtre mais comme « prophète » au même titre que sa sœur. Vous voyez ? C’est comme ça qu’on arrive à s’y retrouver et à résoudre certaines difficultés que présente le texte : et de fait, tout n’est pas rédigé d’un seul tenant et c’est tant mieux, parce que sinon, en voulant lisser toute la ToRaH, on en aurait perdu le message, et jusqu’à son âme même. Donc, quoi qu’il en soit, revoilà MiReYâM auprès de ‘AHaRoN, mais reconnaissons que ça n’est pas pour une scène très glorieuse cette fois puisqu’ils vont tous les deux critiquer Moïse !

Ceci dit, le problème que va soulever ce chapitre est juste GIGANTESQUE ! Alors dans une lecture rapide, on pourrait comprendre que MiReYâM en veut à Moïse parce qu’il a épousé une KuShite, c’est-à-dire soit une femme du Royaume de KuSh, tout à fait au sud de l’empire égyptien ; une très haute civilisation située au Nord du Soudan actuel. Cette femme était donc noire, mais bon, ça, ça ne devait pas poser de problème particulier puisque Moïse devait être pas mal bronzé lui aussi. Soit le terme KuShite fait plus simplement allusion à TsiPoRaH, la fille de Ré“Ou‘éL le Madiânite, dans la mesure où KuShâN désigne une tribu de Madiân. Mais dans un cas comme dans l’autre, le problème est surtout que cette femme était étrangère au peuple d’Israël. Donc MiReYâM critique son frère par racisme dirait-on aujourd’hui, et ça, manifestement, ça ne plaît pas du tout à YHWH qui la punit. Certes. Sauf qu’entendre le récit comme ça, c’est juste… passer à côté de toute la problématique et c’est réduire le chapitre à une petite querelle fraternelle sans intérêt ! En fait, les choses sont BEAUCOUP PLUS GRAVES ! Tellement graves qu’on a là la raison première de toutes les divisions qui vont naître dans le peuple par la suite, à commencer par le retour des espions au ch. suivant. Il faut suivre le texte de près !

Quelle est la faute de MiReYâM? YHWH Lui-même donne la réponse. « Et Il dit : Écoutez bien mes paroles ! — là ça commence mal, parce qu’il est très rare que YHWH utilise une telle formule ! — S’il est parmi vous un prophète de YHWH, c’est en vision que je Me fais connaître à lui ; c’est en songe que Je lui parle. Il n’en est pas ainsi pour mon serviteur Moïse, lui qui, dans toute ma maison — c’est-à-dire non seulement dans le peuple mais aussi dans toute la cour céleste qui l’entoure ! — est un homme de foi. Je lui parle bouche-à-bouche, par vision mais non par énigmes. C’est l’image [même] de YHWH qu’il contemple ! Et pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? » (Nb 12,6-8) Et de fait, quand YHWH s’adresse à un prophète dans la Bible, c’est toujours en songe et par énigme qu’il faut ensuite savoir décrypter. Mais Moïse n’est pas seulement ça ! Alors certes, il est prophète puisque le v. 7 dit que YHWH lui parle en vision, mais pas seulement ! « Dans toute ma Maison, pas un qui ait la foi comme lui », précise YHWH.

Que dit-Il ? Il dit que MiReYâM et ‘AHaRoN n’ont pas reconnu ce que Moïse représente et n’ont pas craint de parler contre lui ! Rappelez-vous tout ce qu’on a dit sur la crainte dans la vidéo consacrée à ce thème, et au besoin, revenez-y. Et le texte enfonce le clou, pour ainsi dire : le prétexte est vraiment bas, puisque c’est à propos d’une femme KuShite que Moïse aurait prise. Donc ce qu’on nous dit, c’est que le prétexte est juste sordide, juste pour réduire Moïse au niveau d’un prophète comme les autres, or c’est ÇA la faute ! Et YHWH de prendre la défense de Son serviteur : « s’il n’avait été qu’un prophète parmi d’autres, comme vous deux, alors je me serais révélé à lui comme à vous ! Mais il est PLUS que ça, et vous, incapables que vous êtes de vous élever à son niveau, vous préférez le descendre, le dévaluer par votre mépris ! — là, on est au cœur de l’idéologie égalitariste : on n’élève personne et on n’encourage personne à s’élever : on rabaisse, non pas tant d’ailleurs par souci d’égalité que pour mieux imposer sa propre dictature, sa propre ToRaH : c’est la description même des petits chefs !

Alors ceci dit, rester la question : est-ce qu’on peut contester la prophétie de Moïse ? Ou plus précisément : un prophète en Israël est-il habilité à contester Moïse ? Jamais de la vie ! Fut-il son propre frère ou sa propre sœur ! La ToRaH de Moïse n’a pas d’égal ! Moïse a atteint un tel niveau de communion avec le divin que YHWH lui parle « bouche-à-bouche » ; c’est-à-dire que Moïse, ici, a accès à un niveau de révélation qui restera inatteignable à tout autre prophète dans l’histoire, mis à part celui que YHWH enverra et qui sera « comme Moïse », dit le Deutéronome au ch. 18. Les prophètes reçoivent certes la lumière de YHWH en visions ou en songes comme dit le v. 6. Et pour les expliquer, ils les transcrivent en images pour tenter de faire comprendre. Mais aucun, jamais, n’atteindra cette pureté, cette humilité qui le rendra disponible à la lumière de YHWH comme Moïse a pu l’être en se laissant travailler de l’intérieur par la Parole de YHWH, par sa MèMRaH.

Alors insistons pour bien comprendre : quand un prophète parle en Israël, jamais il n’édicte de lois ou ne donne de préceptes autres que ceux de la ToRaH. Il ne donne pas de nouvelles MiTsVoT ! — à ce propos, c’est justement ça qui choque un Juif à propos du Christ Jésus parce que précisément, il donne au moins un nouveau précepte — le précepte de nous aimer les uns les autres comme lui, Jésus, nous a aimés — ; cela dit, il ne donne pas ce précepte pour fermer la ToRaH de Moïse mais bien pour l’OUVRIR à tous ! Ce faisant, il n’abaisse pas mais il s’élève au rang de Moïse, or voilà précisément ce qu’un Juif ne saurait admettre ! Mais reprenons. Quand un prophète du premier Testament parle, donc, c’est sur le rappel de l’amour de YHWH pour son peuple comme avec Osée ; c’est sur la fin des temps, sur la résurrection des morts, sur le dévoilement de YHWH à travers l’histoire Sainte ; c’est Daniel qui voit une Statue, qui voit les empires s’élever et s’effondrer, etc. Mais vous ne trouverez jamais, chez aucun prophète, de prophétie donnant de nouvelles MiTsVoT de la part de YHWH ! Quand une question de MiTsVaH se pose, YHWH ne répond pas par un prophète ! Une MiTsVaH renvoie toujours À MOÏSE et à la ToRaH, raison pour laquelle par ailleurs, concernant la ToRaH, Jésus renverra systématiquement à Moïse, et non aux prophètes. Jésus n’est pas le “nouveau Moïse” ! C’est d’un autre ordre !

Donc avec tout ça, vraiment, la prophétie de Moïse dépasse incommensurablement tout prophète puisque lui seul n’édicte rien de moins que la ToRaH qu’il contemple et reçoit sur le Mont HoReV, dit la tradition. C’est YHWH qui lui dit comment doit se comporter tout Fils d’Israël — toutes les lois de pureté, de sainteté etc. — pour permettre la présence divine dans le monde ! Les prophètes, eux, disent ce qui est conforme ou non à la ToRaH ; ils rappellent la ToRaH ou préviennent des conséquences si le peuple et ses dirigeants n’obéissent pas à la ToRaH de Moïse. Dit autrement, qu’est-ce que YHWH a révélé à Moïse ? Simplement les choses suivantes : « Si vous faites les MiTsVoT, les œuvres que Je vous ai prescrites, alors vous pourrez vous élever jusqu’à moi en vue de notre rencontre. Si vous vous purifiez, alors les offrandes pourront être agréées ; si vous vous réunissez à au moins 10 hommes, alors votre prière pourra monter ; etc.

Alors d’un point de vue humain, on se dit : pourquoi ça marcherait et pas autre chose ? Et là, ma foi, il n’y a pas de réponse ! Obéis, et tu verras ! La raison est trop élevée pour toi ! Elle est trop profonde, elle est trop CHARNELLE : aie la foi ! Alors ça ne veut pas dire qu’on n’y comprend rien : tout ce que j’essaye d’expliquer dans ces vidéos tente de montrer que tout ça n’est pas sans logique, mais c’est tout. En réalité, l’essentiel des raisons des MiTsVoT, on ne les connaît pas ! Pourquoi un chrétien doit-il aimer comme le Christ aime ? On ne sait pas ! Pourquoi faut-il se faire baptiser ? On ne sait pas ! Pourquoi refaire ce que le Christ a fait lors de son dernier repas ? On ne sait pas ! Si ! On arrive à trouver une logique a posteriori, mais fondamentalement, raisonnablement, on ne sait pas. Simplement : ce sont les MiTsVoT pour entrer dans l’universalité de l’Alliance, parce que YHWH le dit à travers son Verbe : point final ! « Aie la FOI ! Entre dans la dimension CHARNELLE de l’élection qui conduit aux Noces éternelles, et tu verras. N’attends pas de comprendre pour vivre les MiTsVoT ! Vis-les, et tu comprendras. »

Vous voyez ? Il ne suffit pas de « parler de Dieu ». Il ne suffit pas de faire de la théologie. Il faut Lui obéir pour vivre dans la CHAIR la puissance de Vie inscrite dans ses préceptes. Il ne s’agit même pas seulement de morale : lex orandi, lex credendi, comme dit l’adage : ce que l’Église croit, c’est d’abord ce qu’elle prie ; et si elle prie, c’est pour rester à l’écoute des préceptes du Christ et de son Père qui s’enracinent dans la ToRaH de Moïse. Toutes les hérésies n’ont jamais été que des discussions sur ce qui était acceptable ou non dans la Bible et les Évangiles : Marcion, dès le IIe siècle, au nom de principes non-violents, voulait carrément évincer tout le Premier Testament et une bonne partie du Second ; Arius, au IVe siècle, faisait du Verbe une créature du Père, parce que dans ses critères à lui, il était impossible que Dieu prenne chair ! Alors bien sûr, au niveau des idées, tout se vaut ! Mais au plan du Salut, c’est autre chose ! Je réduis la Bible à ce que je veux en croire, et je me fais moi-même la norme du Salut : je me fais dieu à la place de DIEU ! C’est exactement ce que font MiReYâM et ‘AHaRoN : ils réduisent Moïse à ce qu’ils veulent en croire ; ils se font eux-mêmes la norme du Salut et se font donc dieu à la place de DIEU ! Et c’est pour ça que les narines de YHWH se mettent à brûler ! « Vous ne vous rendez pas compte ? Vous parlez de Moïse comme de n’importe quel prophète ! Vous le ramenez à vous, vous le réduisez à une opinion parmi d’autres ! Vous ne voyez donc pas la différence ? Vous êtres en train de faire tomber la ToRaH ! Si vous dites que Moïse est comme vous, qu’il vous ressemble ; vous relativisez ce qu’il dit à ce que VOUS, vous dites et à cause de ça, vous retirez toute autorité à la ToRaH qui est en train de s’écrouler, et l’avenir de mon  peuple avec elle ! »

Et de fait : à partir de là, on va voir s’enchaîner catastrophe sur catastrophe ! Les explorateurs, Coré, les murmures incessants du peuple, etc. Tout commence à dégringoler ! Il a SUFFIT d’émettre cette idée que PEUT-ÊTRE la prophétie de Moïse n’a pas plus de valeur que celle de tous les autres prophètes pour que n’importe qui se mette à dire : « Moi aussi, j’ai une idée ! Moi aussi je veux ma part ! » Du coup : la ToRaH, on en prend, on en laisse ; on fait son marché : « Je pense comme ça ! Moi je pense autrement, et toi ? Oh moi je vais inventer une nouvelle liturgie parce qu’elle est pas adaptée à notre temps ; et puis dans le fond — si on se place au niveau chrétien — est-ce que le Christ a vraiment dit « Ceci est mon corps » ? Est-ce qu’il n’a pas voulu dire : « Ceci est “comme” mon corps » ? Dans le fond, tout ça, c’est symbolique ; moi je crois pas qu’il soit vraiment présent dans le pain de la Cène etc. etc. Et puis au niveau moral, il faut vivre avec son temps : « Pourquoi on ne peut pas se marier plusieurs fois ? Est-ce que la fidélité c’est vraiment pour la vie : c’était valable à l’époque où on mourrait tôt, mais maintenant, c’est plus tenable… » etc. Alors on vend la Bible et tout ce qu’elle contient en solde : 25% de réduction, 50 % de réduction, 90 % de réduction : allez, il n’y a plus grand-chose à faire et surtout, il n’y a pas à adhérer à tout ! Tu veux croire à la réincarnation ? Eh bien vas-y ! Tu préfères que Jésus soit un grand homme et pas Dieu ? Un philosophe ? Un prophète comme tous les prophètes — tiens, Mahomet reprend les mêmes expressions que MiReYâM — ? Une réincarnation de Bouddha ? Mais oui, pourquoi pas ? Parce que c’est vrai que d’une certaine manière, tout est possible dans tous les systèmes, y compris l’humanisme athée, le développement personnel contemporain, etc. Tout… sauf une chose : l’UNION nuptiale avec DIEU qu’on ne cherche de toute façon plus. On se contente de s’éssayer à faire de nouvelles confitures… et tout part en déconfiture ! Le Christ Jésus, Lui, n’a jamais négligé ni Moïse ni la ToRaH ! Quand il guérit les lépreux, il leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres ! » Quand le jeune homme riche lui demande quoi faire pour avoir la vie éternelle, Jésus lui répond : « Qu’est-il écrit dans la ToRaH ? » C’est à un point qu’on peut affirmer qu’en dehors de la ToRaH de Moïse, il n’y a pas de salut, et Jésus le premier ne dit pas autre chose, sachant que par Lui, l’élection révélée par la ToRaH est ouverte aux nations. Mais encore une fois, jamais sans Moïse !

Enfin bref. Toujours est-il que tout commence là, avec la crise de MiReYâM et ‘AHaRoN. Porter atteinte à Moïse, réduire sa prophétie au rang de n’importe quelle autre prophétie, c’est porter atteinte au fait que YHWH lui ait dévoilé les actes à poser dans l’Alliance pour entrer en Relation avec Lui pour célébrer les Noces Éternelles !

Alors la suite du texte : MiReYâM contracte une infection… Elle est impure, mais d’une certaine manière, c’est elle-même qui s’est exclue du camp — ah tiens : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme qui rend l’homme impur mais ce qui sort de son cœur, dira Jésus ; et c’est dans la ToRaH qu’on en trouve l’illustration la plus claire ! Reste néanmoins la question : pourquoi MiReYâM et pas ‘AHaRoN ? Parce que, disent les rabbins, le v. 1 nous dit non pas : « ‘AHaRoN et MiReYâM parlèrent contre Moïse », mais « MiReYâM et ‘AHaRoN parlèrent contre Moïse. » MiReYâM, qui devrait, en tant que femme, être gardienne de la sagesse, a revêtu les habits de la folie et l’homme a suivi, comme dans l’histoire d’Adam et Ève. Ceci dit, ne vous en faites pas, ‘AHaRoN est sanctionné lui aussi. Le texte dit : « ‘AHaRoN se tourne vers MiReYâM et voici qu’elle est infectée ! » Comme si c’était le regard de ‘AHaRoN qui l’infectait dans la mesure où c’est parce qu’il l’a écoutée que la parole de MiReYâM s’est retournée contre elle ! Si ‘AHaRoN ne l’avait pas écoutée, ma foi, la parole de MiReYâM serait évanouie toute seule, mais il l’a écoutée ; il a comme confirmé la parole de sa sœur et la boucle est bouclée… Plus il la regarde maintenant, et plus d’une certaine manière elle s’infecte ! Il a mis le doigt dans l’engrenage et il ne peut plus l’arrêter. Alors que faire ? Alors Il se tourne vers Moïse. « Ne NOUS fais pas porter le péché que nous avons eu la folie de commettre ! » Ah voilà : ils comprennent qu’ils ont prêté le flanc à la folie ! Ils ont ouvert la Boîte de Pandore ! Pas seulement MiReYâM, mais tous les deux ! Et ‘AHaRoN, ici, ne peut plus que se tourner vers celui qui est PLUS qu’un prophète ! Ce que par ailleurs il savait, puisque dès l’Égypte, YHWH avait dit à Moïse : « Voici que Je fais de toi un ‘ÈLoHîM pour Pharaon et ‘AHaRoN sera ton prophète ! » (Ex 7,1) Alors il plaide : et pour ça, il renvoie à l’image du nouveau-né comme s’il voulait évoquer que c’est elle qui a sauvé Moïse d’une mort programmée à sa naissance. On remarque par ailleurs que là, MiReYâM se tait : elle ne peut plus parler, elle ne peut pas intercéder en sa propre faveur, et c’est peut-être là qu’elle ressemble le plus à un mort-né.

Alors on pourrait se poser la question : pourquoi une telle sanction pour une femme qui pourtant ne manque pas de mérites ? Est-ce qu’elle n’a pas entraîné les femmes dans la louange de Moïse après la traversée de la Mer ? Oui, mais justement : c’est parce que MiReYâM était une des plus grandes prophétesses que sa chute est d’autant plus grave ! Si le dernier du camp avait dit la même chose, ça n’aurait pas prêté à conséquences. Il aurait suffi de lui dire : « Qu’est-ce que tu comprends à ces affaires, toi ? ». Mais MiReYâM, elle, quand ELLE parle de Moïse, tout le monde l’écoute, à commencer par ‘AHaRoN ! Et on se dit : « Mais peut-être qu’elle a raison ! » D’où la vigueur de la réponse de YHWH, vu les conséquences ! Alors Moïse intercède. Lui qui est « le plus humble que la terre ait porté », disait le magnifique v. 3. Moïse a pardonné à MiReYâM, sans aucun doute possible. Mais derrière lui, il y a plus que lui ! Derrière Moïse, il y a YHWH, or MiReYâM n’a pas craint YHWH à travers Moïse. Elle a porté atteinte à la mission de son frère ! Alors il ne suffit pas que Moïse pardonne personnellement. Un roi peut être prêt à pardonner une atteinte à son honneur, mais l’individu qui a porté atteinte n’est pas quitte pour autant : il n’a pas seulement atteint le roi au plan personnel, mais il a atteint son autorité aux yeux de tous… Alors les v. 14 et 15 terminent ce sinistre moment, non pas en rajoutant une séquestration à la sanction déjà sévère, mais au contraire en la déclarant terminée : il suffit de lire le ch. 13 du Lévitique pour comprendre : c’est au bout de 7 jours de réclusion que l’infecté peut se présenter au prêtre pour que celui-ci le déclare pur. Donc c’est bien en vue d’une telle déclaration que MiReYâM est renvoyée hors du camp, pour y être pleinement réintégrée 7 jours après.

Enfin voilà : j’espère que vous saisissez à quel point ce ch. 12, à nouveau, nous livre un message essentiel. Je vous en souhaite une lecture féconde. Le ch. suivant nous emmènera jusqu’à la frontière de KaNa“aN, mais là encore le peuple ne sera pas au bout de ses peines. Nous verrons cela la prochaine fois. Je vous remercie. 

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