20-11-2016

[Lv] 34 - Les Rencontres annuelles (2) En route vers la joie !

Levitique 23:23-44 par : le père Alain Dumont
YHWH donne à son peuple les solennités qui devront accompagner son histoire pour que le chemin de la sainteté demeure ouvert jusqu’au moment favorable où tout sera recueilli pour dévoiler le plan du Salut à toutes les nations.
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous lisons à présent la seconde partie du ch. 23 du livre du Lévitique, à partir du v. 23. Nous avons déjà vu la fête de PeSa‘H., celle de ShaVOu“OT ; les v. 23 à 25, très rapidement, nous parlent d’une fête lors du septième mois qui deviendra plus tard le mois de TiShRi, vers septembre-octobre. Nous sommes le premier jour du mois, ce qu’on appelle une NÉOMÉNIE, c’est-à-dire la célébration de la nouvelle lune qui rythme les mois de l’année dans le calendrier hébraïque. Dans la période antique, ce jour était un jour de fête chômé, comme le ShaBaT, et en particulier la Nouvelle Lune du 7e mois, on faisait sonner le ShoPhaR, la corne de bélier qui annonçait qu’avec cette pleine lune-là commençaient les 10 jours de préparation qui allaient conduire à la fête du YOM KiPPouR. Alors beaucoup plus tard, ce jour de la 7e nouvelle lune de l’année deviendra la fête de RoSh HaShaNaH qui marquera le Nouvel An juif, mais on n’en est pas encore là avec Moïse.

Du coup, les v. 26 à 32 vont nous parler assez logiquement du YOM HaKiPPOuRîM, dit le v. 27 : le Jour des Expiations, traduisent les bibles en français ; littéralement vous vous souvenez : le Jour des « couvertures », on en a déjà parlé à propos du bouc émissaire, au ch. 16 : HaShèM va couvrir les infidélités du peuple, Il va les pardonner, d’où l’autre traduction habituelle de YOM HaKiPPOuRîM par Jour du Pardon, le YOM KiPPOuR au singulier des juifs Ashkénazes — les Juifs du centre de l’Europe ; voire par Le Pardon, le KiPPOur des juifs Séfarades — les Juifs du Sud méditerranéen. Bien. Ceci dit, pour l’heure, on ne s’appesantit que sur deux choses : le fait que ce jour soit d’une part un jour de jeûne et d’autre part un jour chômé. On sent bien que c’est là quelque chose d’essentiel pour le ch. 23 qui insiste sur le fait de cesser tout travail en ces jours de fête qui sont désignés comme « ShaBaT ». Comme quoi le ShaBaT n’est pas tant le “7e jour de la semaine” que toute journée consacrée, d’une manière ou d’une autre, à la sanctification du Nom de HaShèM. Un peu comme on parle du dimanche chrétien, mais en même temps du Jeudi de l’Ascension, du 25 décembre, du 15 août… qui peuvent tomber en semaine mais ont valeur de dimanche. C’est la même chose avec le ShaBaT : une fête comme le YOM HaKiPPOuRîM c’est la même chose, a valeur de ShaBaT. C’est même un ShaBaT ShaBaTON, exactement comme le disait déjà le ch. 16 au v. 31. Je vous rappelle que l’hébreu ne connaît pas de superlatif, et donc pour l’exprimer, il redouble les mots : QODèSh HaQODaShîM : Saint des Saints ; Shir HaShiRîM : le chant des chants ou le Cantique des Cantiques ; ici, un ShaBaT ShaBaTON, un ShaBaT de ShaBaT, c’est-à-dire un ShaBaT solennel ! Quoi qu’il en soit, ce jour-là, la sanctification s’opère dans un esprit de repentance auquel on s’est préparé pendant les 10 jours qui ont précédé. On va simplement rappeler ici ce que dit le Talmud : « YOM KiPPOuR procure le pardon uniquement pour les manquements commis entre l’homme et HaShèM. Pour les manquements commis entre un homme et un autre homme, YOM KiPPOuR procure le pardon uniquement si chacun s’est remis en paix avec son frère. » (Traité YoMa 8,9)

Vient ensuite, du v. 33 à 36, la 3e et dernière fête de pèlerinage : SouKOT, un nom dérivé de SouKâH, la tente, la cabane, la hutte ou la demeure, c’est comme on préfère ; d’où la fête des Tentes, des Huttes ou des Cabanes, selon les traductions. Les v. 39 à 41 précisent qu’on doit prendre le 15e jour du même 7e mois des branchages pour se réjouir pendant 7 jours : on apporte les fruits en procession tandis qu’on agite sans doute les branchages en signe de liesse : les commentateurs reconnaissent tous ici une ancienne fête de la dernière récolte de l’année, mais la ToRaH ne se contente pas de récupérer d’anciennes fêtes ! Les v. 42-43 précise bien : « Vous habiterez dans des SouKOT, dans des cabanes, pendant sept jours […] afin que toutes vos générations sachent que j’ai fait habiter dans des cabanes les fils d’Israël quand je les ai fait sortir de la Terre d’Égypte ! Moi, HaShèM [Je suis] votre ‘ÈLoHîM ! » Voilà : à nouveau, la fête s’inscrit dans le mouvement de LIBÉRATION qui est le propre de la religion du DIEU de Moïse ! Ça c’est vraiment essentiel de ne jamais l’oublier ! D’autre part, cette fête est vraiment marquée par la JOIE ; non que la joie se décrète — on ne décide pas d’être joyeux sur simple injonction ! —, mais on se rappelle ce jour-là que l’épreuve de la libération d’Égypte a bel et bien été franchie victorieusement, et c’est ce franchissement victorieux de l’épreuve qui fait naître la JOIE. Rappelons-nous tout ce que nous avons dit à ce propos, et pour ceux qui l’auraient oublié, j’explique tout ça dans un livre qui s’appelle : Je loue donc je vis aux éditions de l’Emmanuel, disponible dans toutes les bonnes librairies. Ceci dit, la dynamique est vraiment forte : on est donc toujours dans ce 7e mois de l’année, le mois de TiShRi dont les 10 premiers jours qui ont abouti au YOM HaKiPPouRîM ont été consacrés à la repentance, mais si repentance il y a, elle doit cependant toujours et nécessairement déboucher sur la JOIE, une JOIE qui durera 7 jours d’affilée ! Vous voyez, de la même manière que PeSa‘H. est suivie de la fête des Azymes pendant 7 jours, SouKOT est aussi célébré pendant 7 jours : c’est là l’origine de ce qu’on appelle les « Octaves » dans la liturgie chrétienne, en particulier après Noël et Pâque, et anciennement la Pentecôte : chaque jour de la semaine qui suit ces solennités en sont le prolongement : pendant 7 jours, on célèbre le Jour de Noël, ou le Jour de Pâque, ou le jour de la Pentecôte. C’est une sorte de surabondance : si la joie est réelle, elle ne peut pas être simplement circonscrite à une journée formelle : non, elle dure 8 jours ! Quoi qu’il en soit, cette JOIE prolongée est la raison la plus essentielle qui fonde cette troisième fête du 7e mois.

Ceci dit, si cette fête de SouKOT est décrite en deux parties symétriques : d’une part les v. 33 à 36 et d’autre part les v. 39 à 43, c’est que ces deux ensembles appellent notre attention sur le centre littéraire qu’ils encadrent et où on nous dit que par SouKOT sont signées en quelque sorte toutes les Rencontres, toutes les Solennités de HaShèM qui se greffent sur la célébration hebdomadaire du ShaBaT. Et dans le fond, on a là la clef qui permet de comprendre pourquoi le ch. 23 a commencé par rappeler l’institution première du ShaBaT : le ShaBaT se présente comme l’unité hebdomadaire, l’étalon temporel si vous voulez qui fonde le sens de toutes les assignations ; des assignations qui rythment le temps au cours de l’année, mais surtout qui bâtissent ce Temps, qui bâtissent l’histoire d’Israël de génération en génération pour garder ce peuple sur le chemin de la SAINTETÉ, c’est-à-dire de la LIBERTÉ. Comme le dimanche pour les chrétiens encore une fois qui est la mesure temporelle étalon sur laquelle se greffent toutes les fêtes chrétiennes. Alors maintenant, pour en rester au texte du Lévitique, à travers SouKOT, à travers les Offrandes animales, les Offrandes végétales des prémices comme à travers les branchages des cabanes, c’est toute la Création qui se trouve entraînée dans cette JOIE ! Une Création qui donne d’autant plus de fruits qu’elle se réjouit avec le peuple de cette route des Noces que les Fils d’Israël sont convoqués à tenir ouverte génération après génération ! Et aujourd’hui encore, SouKOT est célébré dans une liesse formidable en Israël ! Même les moins pratiquants de tous les juifs fabriquent leurs cabanes dans le jardin ou sur les balcons et célèbrent cette Rencontre !

Voilà. Alors pour résumer : le ch. 23 du Lévitique n’établit pas moins de 7 Rencontres annuelles en l’honneur de HaShèM : la Pâque et la semaine des Azymes lors du mois de Nisân, vers mars-avril, suivies de la fête des Gerbes et de la Pentecôte, ShaVOu’OT, 50 jours après le ShaBaT qui suit PeSa‘H. Et enfin trois solennités lors du mois de TiShRi vers septembre-octobre, à savoir : d’abord une assignation au premier jour du mois de TiShRi qui a valeur de ShaBaT et qui deviendra plus tard RoSh HaShaNa — le premier jour de l’année — ; assignation qui inaugure 10 journées de préparation au YOM HaKiPPOuRîM , deuxième fête ; mais deux fêtes qui ne sont rien sans la troisième, puisque toutes deux visent la JOIE qui explose lors de la troisième rencontre du mois, à savoir SouKoT. Autant de solennités que le Christ a vécues avec ses pairs, qu’on va donc retrouver pour une part au fil des évangiles, mais peut-être surtout dans le livre de l’Apocalypse où résonne à plusieurs reprises le ShoPhaR, où les branchages sont agités par la foule qui se présente devant la Jérusalem Céleste et où la JOIE explose : la joie des Noces de l’Agneau ! Si on n’a pas lu le Lévitique, on lit cette Apocalypse avec foi, sûrement, mais sans ce sel qui anime la victoire de l’Agneau, une victoire attendue depuis la fondation du monde et dont les premiers signes jaillissent là : au moment où, par Moïse, HaShèM donne à son peuple les solennités qui devront accompagner son histoire pour que jamais la mémoire CHARNELLE de la LIBÉRATION ne disparaisse et surtout pour que le chemin de la SAINTETÉ demeure ouvert jusqu’au moment favorable où tout sera recueilli pour dévoiler définitivement le plan du Salut. On songe une nouvelle fois ici à cette parole de Saint Paul : « La Création à l’affût attend la révélation des Fils de Dieu ! » (Rm 8,19).

Je vous laisse sur ces considérations. Prenez le temps de lire ce chapitre et d’entrer dans la JOIE à laquelle il appelle ceux qui aspirent à la SAINTETÉ au milieu des nations. Nous verrons la suite la prochaine fois. Je vous remercie.
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