Être l'unique Grand Prêtre du peuple de YHWH demande la confection d'un habit unique, reconnaissable entre tous.
Deux premiers éléments : l'Éphod et le Pectoral.
Attention : c'est du clinquant de chez clinquant !!!
Transcription du texte de la vidéo : (Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/les-habits-du-grand-pretre-1.html) Tous droits réservés. Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article ______________________________________________________________ Bonjour,
Le ch. 27 que nous avons étudié lors de la dernière vidéo nous décrivait, vous vous rappelez, comment édifier le Sanctuaire grâce auquel YHWH allait pouvoir résider au milieu de son peuple. Mais que serait un sanctuaire sans un clergé pour le faire vivre ? L’objectif du ch. 28 est donc de nous faire faire connaissance avec ce clergé, en commençant par considérer les vêtements de son chef, que plus tard, le livre du Lévitique appellera le Grand-Prêtre, le CoHéN HaGGâDOL. Ceci dit, pour l’instant, l’heure n’est pas aux titres. Le ch. 28 va se focaliser sur la figure de ‘AHaRoN pour qui, au v. 2, YHWH demande à Moïse de confectionner des BiG
eDéY-QoDèSh, littéralement : des « vêtements de Sainteté » Non pas des « vêtements saints / ou sacrés », parce que si c’était le cas, l’hébreu dirait : B
eGaDîM-Q
eDoShîM, mais des « vêtements de sainteté », au sens où le vêtement n’est pas sacré en lui-même. Autrement dit il n’y a pas de consécration des vêtements comme il y en aura pour le sanctuaire. En revanche, le vêtement doit être le REFLET de la sainteté de celui qui le porte. On connaît tous l’adage qui veut que « l’habit ne fait pas le moine », sauf que normalement, il DEVRAIT le faire ! Ce qu’on attend du vêtement, même aujourd’hui, c’est qu’il dise quelque chose de nous : si vous vous habillez en jean, vous ne dites pas la même chose que si vous vous habillez en costume trois pièces ! Et quand on croise quelqu’un habillé en uniforme de gendarme, on ne s’attend pas à ce qu’il nous apporte des pizzas ! Donc le vêtement dit quelque chose sur la personne, que ce soit sa fonction ou son état d’âme. En tout cas, c’est particulièrement vrai pour la Bible, et dans le cas du Grand Prêtre, son vêtement va refléter un certain RAPPORT AU DIVIN, d’où l’emploi des couleurs, la précision des contours, la matière des tissus, , le port des franges etc. Mais surtout, ce vêtement doit normalement exprimer la sainteté INTÉRIEURE de celui qui le porte.
Maintenant, la Bible n’est pas naïve ! Elle sait que le vêtement peut mentir ! C’est tellement vrai que c’est inscrit à même les mots qui désignent les vêtements. Vêtement se dit BèGèD, comme dans BiG
eDéY-QoDeSh qu’on vient de voir. Oui, mais la racine du mot, BaGaD, c’est un verbe qui signifie aussi TROMPER, TRAHIR, ÊTRE INFIDÈLE. Du coup, BèGèD signifie non seulement le vêtement, mais en même temps la PERFIDIE, l’INFIDÉLITÉ, LA TRAHISON. Donc le vêtement est ambigu. • Et c’est la même chose pour le mot MANTEAU, M
e“YL, qu’on retrouvera au v. 31, qui est de la même racine que Mâ”aL, qui signifie TRANSGRESSER, VIOLER, TRAHIR. Ce genre de double sens, comme dans beaucoup de mots hébreux, agit comme une mise en garde sur laquelle il faut méditer. Par exemple, c’est par le vêtement que Jacob va tromper son père Isaac pour voler la bénédiction qui revenait de droit à Esaü. Et c’est aussi par le vêtement que Léa va tromper Jacob pour l’épouser à la place de Rachel. • Quant à la TUNIQUE que porteront tous les prêtres, HaK
eToNèT, au v. 39, c’est aussi le nom qui est donné au vêtement que ‘ÈLoHîM donne à Adam et Ève après qu’ils aient désobéi au commandement et mangé le Fruit de la Connaissance du Bien et du Mal, en Gn 3. Comme si la TUNIQUE traduisait que l’homme porte en lui, depuis le péché, quelque chose qui le dépasse, qui est trop fort pour lui. L’homme ne supporte pas d’être à ce point en vérité devant son vis-à-vis de sorte que sa nudité face à celle de la femme en devient insupportable, trop dangereuse ; le pouvoir de la nudité est trop grand, trop puissant, et la TUNIQUE vient alors voiler ce trop plein. Ce qui veut dire que la TUNIQUE dit l’intérieur de l’homme, mais le dissimule en même temps tant cet intérieur lui échappe depuis le péché. Or ‘AHaRoN va être revêtu de tout ça : un vêtement, un manteau et une tunique… Donc vous voyez : à cause de tout ça, les habits du Grand Prêtre ne peuvent vraiment pas être sacrés ! Ce sont des habits qui résonnent bien plus comme un avertissement et un appel à la sainteté pour celui qui les porte ; dit autrement : les habits du Grand Prêtre sont pour lui une CONVOCATION à ce que son intérieur, ses actes, sa CHAIR, soient en harmonie avec son extérieur, à l’image de ce qu’il revêt. Faute de quoi il commettra un parjure gravissime devant tout le peuple qu’il représente face à YHWH. Vous voyez ? C’est dire que ce ch. 28 nous invite à tout autre chose qu’à un défilé de mode !
Bien. Revenons au texte. Le v. 2 précise que les vêtements d’‘AHaRoN seront, littéralement, L
eQâVOD OL
eTiPh‘ârèT,
« pour une gloire et pour une splendeur ». Ce sont les mots même du Ps 8, v. 6, quand il dit :
« Tu as fait l’Adam un peu moindre qu’un dieu, Tu l’as couronné DE GLOIRE ET DE SPLENDEUR. » (Ps 8,6). Là, le Psaume parle de l’ADaM du jardin d’Éden, ce qui signifie que les vêtements du Grand Prêtre le revêtent de cette Lumière divine qui baignait Adam avant le péché. Dit autrement, quand il officie revêtu de telles parures, le grand prêtre est à l’image de ‘ADaM dans son intégrité originelle, à une époque où l’homme servait sans crainte le DIEU de la Création. Alors évidemment, pour confectionner de tels vêtements, il faut des hommes habiles, littéralement : « H.oKh
eMé-LéV, des SAGES DE CŒUR ; que j’ai remplis, dit YHWH, de ROuaH. H.oKhMaH, d’ESPRIT DE SAGESSE. Là, il faut se rappeler que la Sagesse, dans la Bible, ne consiste pas dans l’élaboration de belles sentences, mais dans le savoir-faire de l’artisan qui se laisse guider par l’inspiration. Donc les vêtements doivent être sagement ouvragés dans la mesure où ils vont plonger le Grand Prêtre dans sa mission d’officiant devant YHWH au nom de tout le peuple.
Alors voyons le premier élément, à savoir l’ ‘ÉPhoD que décrivent les v. 6 à 14. ‘ÉPhoD vient de la racine ‘âPhaD, qui signifie DRAPER, CEINDRE ; l' ‘ÉPhoD était une sorte d’écharpe en lin, couleur AZUR, POURPRE et ÉCARLATE — comme pour les tentures du Tabernacle, et on nous dit par là que les liens sont quasi fusionnels entre le Grand Prêtre et le Tabernacle ! Comme si le Grand-Prêtre était revêtu du Tabernacle. Alors l’ ‘éPhoD prend derrière le cou, comme une écharpe ; il passe sur les épaules pour descendre par-devant en croisant les deux pans sur la poitrine ; il enroule la taille pour ceindre la tunique en faisant deux fois le tour, après quoi ses extrémités pendent par-devant. Il y avait deux types d'éphod : un éphod simple pour chaque prêtre et un éphod richement brodé pour le Grand-Prêtre. À l'endroit où l' ‘ÉPhoD passe sur les épaules du Grand-Prêtre étaient sises deux grosses pierres semi-précieuses sur lesquelles étaient gravés les noms des douze tribus d’Israël, six noms sur chaque pierre, dont les rabbins nous disent qu’ils représentaient les tribus en tant que leur péché reposait sur les épaules du Grand-Prêtre.
Les v. 15 à 30 décrivent précisément ce PECTORAL, le H.oShèN. Il s’agit d’un carré de lin d’un empan de côté — environ 23cm —, avec toujours les mêmes couleurs, fixé à l'endroit où l'‘ÉPhoD se croise sur la poitrine du Grand-Prêtre. Sur ce PECTORAL sont serties douze pierres semi-précieuses sur lesquelles sont à nouveau gravés les noms des douze tribus d'Israël. Grâce aux chaines en or, aux anneaux et aux cordons, ce carré se positionne solidement par-dessus l’ ‘ÉPhoD.
Alors restons un peu sur la question de la nature des pierres serties sur le PECTORAL. En définitive, elles sont très difficile à déterminer. Les traductions font des choix, parce qu’il faut bien en faire : on parle de rubis, d’émeraude, de saphir ou de diamant pour frapper l’imaginaire des croyants, mais en réalité, ça n’a pas grand sens dès lors que l’archéologie montre que de telles pierres précieuses étaient inconnues au Moyen-Orient au XIe siècle avant J.-C. En réalité, on arrive à n’en déterminer que deux : le jaspe et la topaze, les dix autres demeurant insaisissables. Mais voilà qu’à nouveau, la proposition du professeur Joseph Davidovits suggère une piste intéressante qui mérite d’être mentionnée. Quelle était la fonction de ce PECTORAL ? Le Pr. Davidovits fait d’abord remarquer que les noms des pierres sont obscurs, sans doute ésotériques au sens où seuls des initiés semblent avoir accès à leur signification aujourd’hui perdue. Sauf qu’on peut néanmoins faire quelques rapprochements instructifs… La première pierre de la deuxième rangée, le NoPhèKh, se rapproche fort de la MoPhèKh égyptienne qui désigne la TURQUOISE ; La première pierre de la troisième rangée, le LèShèM, est composée sur la racine ShOuM, qui signifie l’ail. Or il existe un minerai, la SCORODITE, qui émet une odeur d’ail quand on la chauffe à cause de l’arsenic qu’elle contient. Enfin la deuxième pierre de la quatrième rangée, le ShoHaM, est très proche du TShoHaN égyptien qui désigne la CHRYSOCOLLE. Alors vous me direz : « Et alors ? » Eh bien il se trouve que la TURQUOISE, la SCORODITE et la CHRYSOCOLLE sont les trois plus importants ingrédients réactifs pour la géosynthèse de la pierre agglomérée ; cette pierre agglomérée qui a permis l’édification des pyramides ou des gigantesques statues comme les colosses de Memnon ; et qui servaient à fabriquer ces autels qui ne devaient pas être taillés par des outils métalliques pour ne pas souiller la pierre sacrée, comme le demandait YHWH en Ex 20,25. Le Pr. Davidovits remarque par ailleurs que le nom de la première pierre de la première rangée, ‘oDèM, est bâti sur la racine ‘aDaM, qui désigne l’argile rouge dont la création nous dit qu’elle a été la terre dont ‘ÈLoHîM a tiré le premier homme, et qui est aussi une matière à géosynthèse. Dès lors, le PECTORAL pourrait bien être une BANQUE DE DONNEES MINERALOGIQUES, avec des marqueurs géologiques permettant aux initiés de détecter les filons de matières chimiquement réactives afin de pouvoir synthétiser les différentes pierres pour bâtir les édifices sacrés ou les autels. Le pectoral pourrait donc bien être — au conditionnel —un moyen ésotérique de transmettre la science de la géosynthèse, dont je vous rappelle qu’elle était, à l’époque, d’une importance qui relevait du secret d’État ! C’était cette science mise au point par IMHoTeP plus de deux mille ans auparavant, retrouvée par Joseph-Aménophis, qui avait permis à l’Égypte de devenir la plus importante puissance du Moyen-Orient pendant deux millénaires ! Une science ésotérique donc, dont les secrets étaient gardés par les Maîtres du Sanctuaire de Joseph-Aménophis, c’est-à-dire les fils de HéVy-LéVy dont leurs descendants, Moïse et ‘AHaRoN étaient respectivement Grand Administrateur et Grand Prêtre du Sanctuaire-mémorial. Du moins jusqu’à ce qu’un Pharaon décide de renier cet héritage et de fermer le Sanctuaire-Mémorial de Joseph-Aménophis de Karnak, entraînant l’Égypte dans l’ultime phase décadente de son histoire. Les fils de HéBy-LéVy étaient partis avec ce secret, grâce auquel ils allaient pouvoir perpétuer la tradition de Joseph-Aménophis en moulant l’autel sacré du MiShKâN, mais aussi, un siècle plus tard, élever le Temple de Salomon et son autel. On y reviendra en son temps.
Alors c’est vrai que l’Exode, officiellement, attache les 12 pierres du PECTORAL aux noms des 12 tribus, dans le sens cette fois de leur unité fondée sur le culte unique qu’elles partagent envers YHWH. Lorsque ‘AHaRoN s’avance pour l’office, le pectoral lui rappelle que c’est AU NOM LES TRIBUS RASSEMBLÉES SUR SON CŒUR ; ce cœur qui doit être en harmonie avec la sainteté que représente le vêtement qu’il porte. Donc autant les 12 noms des tribus gravées sur ses épaulettes manifestent le caractère pécheur du peuple, autant ceux gravés sur le PECTORAL signifie la sainteté et la l’engagement à la fidélité du peuple dont le Grand-Prêtre est le signe devant YHWH. Ceci dit, officieusement, le PECTORAL était peut-être aussi le moyen de garder secrètement cette science en l’attachant aux Fils d’Israël, tout en la mettant sous la garde du Grand-Prêtre. C’était le meilleur moyen de ne pas laisser disparaître ce secret d’État qui ferait la grandeur du Peuple de l’Élection comme il avait fait celle de l’Égypte. C’était un gage d’avenir complètement prometteur ! On comprend mieux dès lors que ce PECTORAL mérite les torsades d’or qui l’ornaient et qui servaient à le plaquer précieusement sur la poitrine du Grand-Prêtre.
Alors pour terminer, on nous parle, à partir du v. 30, de l’ ‘OuRîM et du TouMMîm placés dans le PECTORAL, qui tout à coup devient le PECTORAL DU JUGEMENT. Mais nous verrons ça la prochaine fois.
Je vous souhaite une bonne lecture de ces v. 1 à 29 du ch. 28 de l’Exode.
Je vous remercie.
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