06-11-2014

[Gn] 18 - La naissance de Jacob

Genèse 25:19-28 par : Père Alain Dumont
Rubrique :Jacob
Duration:9 minutes 49 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/la-naissance-de-jacob.html )

Tous droits réservés.
Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
_________________________________________________________


Gn 25,18-34 - Esaü et Jacob

Le cycle d’Abraham est terminé, commence à présent le cycle de Jacob.

Isaac est une charnière.

Dans la liste des grands personnages, nous l’avions volontairement passé sous silence, puisque les Patriarches déterminants sont véritablement Abraham et Jacob.

On pourrait dire en définitive qu’il y a trois grands patriarches, et deux charnières :

Abraham et Jacob, avec entre eux Isaac,

et Jacob et Moïse, entre eux deux : Joseph.

Cela ne veut pas dire que les figures charnières ne soient pas importantes, notamment pour Joseph : sans Joseph, il n’y aurait pas eu Moïse, pas eu d’Exode, pas eu de peuple d’Israël ! Mais il n’empêche que lorsque un membre du peuple de DIEU se définit, c’est comme fils d’Abraham ou comme fils de Jacob-Israël, jamais comme fils d’Isaac ni comme fils de Joseph.

Et en définitive, LE Grand Patriarche ; celui autour de qui tout va être confirmé, c’est Jacob-Israël.

Toujours est-il que dès la mort d’Abraham, on se tourne vers les jumeaux… et d’emblée, ça chauffe !!! C’est un bon signe : ça veut dire qu’on entre dans une histoire à rebondissements, donc à suspens.

Premier épisode : dès la mort d’Abraham, on passe à l’histoire de Jacob, le jumeau d’Esaü ; une histoire qui ne commence pas plus tard que dans le ventre de leur mère.

Isaac a donc épousé la fille de son oncle, Labân qu’il ne faut pas oublier : il aura une part importante dans l’histoire de Jacob. Il l’épouse. Il a 40 ans. Bien évidemment, elle est stérile : toutes les matriarches sont stériles, pourquoi ? Pour qu’on comprenne bien que, si des fils naissent dans cette histoire, c’est vraiment parce que DIEU la préside. Et puis toujours pour que les Patriarches intercèdent : l’enfant n’est pas simplement le fruit d’une relation sexuelle : il est le fruit d’une intercession ! C’est ce qui va faire que l’enfant est d’emblée marqué, nous dit le Talmud, de la grâce divine.

À tout le moins, rien n’arrive sans l’intervention plus ou moins directe de DIEU : nous sommes aux fondements ; il ne faut pas faire n’importe quoi, et donc il vaut mieux que DIEU soit le premier aux commandes.

Ceci dit, le texte ne s’attarde pas sur la stérilité de Rebecca : on nous dit rapidement qu’Isaac intercède pour sa femme et hop, en l’espace d’un verset, la voilà enceinte de deux jumeaux. Reste que si nous lisons ce récit en quelques fractions de secondes, Il a tout de même fallu attendre vingt ans avant que l’intercession du patriarche soit exaucée : Isaac a 60 ans lorsque naissent ses garçons. Et le Talmud de vous expliquer qu’il fallait qu’il ait atteint l’âge de la sagesse, d’une part pour que son intercession soit celle d’un juste, et d’autre part pour que ce soit bien un juste qui transmettre le trésor de l’élection à ses fils.

Toujours est-il que son intercession est tellement entendue qu’il récolte des jumeaux, dont on vous dit qu’ils s’affrontent dès le sein de leur mère. C’est un récit très important, car le Talmud va en conclure que les grandes options de l’existence se prennent dès le sein de la mère ! Et le Talmud de vous expliquer que les garçons étaient impatients de sortir : lorsque Rebecca passait devant les portes de la Torah, Jacob frétillait et voulait s’y plonger ; alors que quand Rebecca passait devant la porte de l’idolâtrie, c’était Esaü qui tambourinait pour sortir. Entre temps, ils se bagarraient entre eux pour l’héritage. C’est une manière de nous dire ce que la psychologie a cru découvrir par elle même, mais que la sagesse des anciens savaient depuis des millénaires : lorsque l’enfant naît, il n’est pas indéterminé. Il a en lui tout le potentiel de sa vie d’homme, et c’est donc tout l’art de l’éducateur que de déceler chez l’enfant quelles sont les prédispositions qui sont inscrites en lui dès avant même sa naissance.

Bref. Rebecca doit supporter la lutte de ses garçons, et c’est bien difficile ! Elle est inquiète, alors elle va consulter le DIEU d’Isaac, et là, à nouveau, on nous dit que ces deux personnalités seront à l’origine de deux grands peuples : nous sommes toujours dans l’époque des fondements. Mais ce seront deux nations qui se haïront. Non pas par jalousie, non pas par rivalité économique ou territoriale, non : simplement parce qu’ils se haïssent dès le début.

Alors on se dit : qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Eh bien : c’est l’histoire des hommes, de la violence qui s’empare d’eux, mais une violence que DIEU va assumer pour les guérir ! DIEU ne travaille pas uniquement avec des grenouilles de bénitier : il travaille avec la pâte humaine, non pas une pâte mauvaise dès le commencement, mais une pâte inquiète, travaillée par des angoisses qui créent des rivalités qu’il va falloir accompagner pour révéler que le véritable trésor de l’homme, c’est sa bonté, dans une remise de soi à DIEU qui est fidèle à son Alliance ! Et là, vous avez toute l’histoire du patriarche Jacob.

Vient alors la naissance, et on insiste avec des traits caricaturaux et humoristiques : mais si vous enlevez cela, le récit devient ennuyeux ! Quand vous racontez la vie, comme vous touchez des lieux essentiels, les plus sérieux qui soient, il faut rire ! Alors on vous dit que, dès la naissance, Esaü, l’aîné, est une boule de poils ! Un bébé des bois ! Et comme le veut le principe ancestrale : qui se ressemble s’assemble, eh bien Esaü sera un homme de chasse, un homme de la brousse, un vadrouilleur qui va courir partout.

Et à l’inverse, Jacob est tout lisse ! Lui, ce sera l’intellectuel de la bande : l demeurait sous les tentes, dit le texte. Il est celui qui aurait pu étudier la Torah si elle avait déjà existé à cette époque. En tout cas, il est celui qui réfléchit : pas nécessairement pour la bonne cause, mais il cogite.

Et la tradition de nous dire : en fait, Esaü était un oisif : il n’aimait que gambader dans les champs, et ne s’occupait pas des affaires familiales (il lui ramenait quand même de quoi manger tous les jours !). Jacob, lui, était l’homme sage — plus sage même qu’Abraham, nous dit le Talmud —, l’homme de DIEU qui veillait spirituellement sur les siens.

Oui mais… c’était tout de même un roublard ! Il n’a jamais avalé le fait d’être né en second ! La preuve, dès la naissance, il agrippe son frère au talon. D’où son nom : Jacob, qui signifie : le talonneur ! Celui qui talonne ! Celui qui ne lâche rien ! Un peu comme le Poulidor de l’histoire : toujours second, mais cherchant toujours à être le premier, comme si sa vie en dépendait ! Un peu aussi comme Vil Coyote avec le bip-bip, le géocoucou du dessin animé de la Warner.

Voilà, ça, c’est un peu Jacob au début de son existence. Rien de très glorieux, sauf que Jacob, lui, va arriver à ses fins, sans se rendre compte du joug qu’il va se ramasser sur les épaules…

Et évidemment, toute l’histoire s’envenime encore lorsqu’on vous dit qu’Isaac aimait Esaü parce qu’il aimait la viande, tandis que Rebecca, elle, aimait Jacob qui évidemment lui ressemblait beaucoup plus … Les parents se mêlant du conflit de leur progéniture, là, croyez-moi, ça va barder ! Quel suspens !

Je vous remercie.