05-09-2015

[Ex] 40 - Combattre AMaLeQ

Exode 17:8-18 par : le père Alain Dumont
Un nouvel ennemi se dresse contre les Fils d'Israël : le roi AMaLeQ. Mais cette guerre n'est pas seulement matérielle ; elle est aussi spirituelle.
Duration:15 minutes 48 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/combattre-amaleq.html)
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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Après nous être un peu longuement arrêtés sur les 7 premiers versets du ch. 17 du Livre de l’Exode, nous poursuivons notre lecture, et voilà qu’on nous raconte, sans transition, l’épisode d’un grave affrontement des Fils d’Israël avec un peuple qui vient l’attaquer à RéPhiDîM — un peuple qui est figuré ici par un éponyme : AMaLeQ, qui est le roi du peuple en question qu’on désignera désormais du nom des Amalécites. Or il se trouve qu’à nouveau, nous avons là un épisode est décisif. En tout cas, vous voyez que la liberté, ça n’est pas synonyme de tranquillité…

Qui est AMaLeQ ? Autant l’avouer tout de suite : c’est l’ENNEMI ABSOLU. Pire que Pharaon, c’est vous dire ! En Gn 36, on nous l’a présenté comme un descendant d’Esaü, le frère de Jacob. Ce qui signifie qu’AMaLeQ, dans le fond, est celui qui tente de mener à bien ce que son ancêtre n’a pas pu accomplir : détruire Jacob qui lui a volé la bénédiction de leur père Isaac ! Du coup, Esaü étant la figure représentative des nations ennemies d’Israël, son descendant, AMaLeQ, désigne, lui, celles d’entre les nations qui vont passer à l’acte. On en a un très bon exemple en la personne de Amân, le vizir du Roi perse Assuérus, dans le livre d’Esther, qui cherchera à anéantir tous les juifs du Royaume. Or ce Amân nous est présenté comme un descendant de Agag, le roi Amalécite, c’est-à-dire de la tribu d’AMaLeQ, que Saül sera chargé par Samuel d’exterminer. Donc le conflit avec AMaLeQ est vraiment un conflit de vie ou de mort ! Au XXE siècle, une figure d’AMaLeQ pour les juif, c’était Hitler ; au début du XXIe siècle, ce sont tous ceux qui travaillent à l’éradication de l’État d’Israël… Bref. En tout cas, quand un Juif vous parle d’AMaLeQ aujourd’hui, croyez-moi, il ne plaisante pas ! Tout se passe comme si AMaLeQ refusait qu’Israël ait été libéré de l’Égypte où il était esclave. En tous les cas, concernant l’Exode, cette attaque purement gratuite, elle n’est motivée par rien, si ce n’est : DÉTRUIRE LE PEUPLE D’ISRAËL.

Et là, pour la première fois apparaît, au v. 9, un personnage qu’on retrouvera par la suite. C’est un un homme d’arme : Josué, ÏeHoShou“a, « Le Seigneur sauve ». Ièsous, en grec, c’est-à-dire Jésus. C’est le même nom. On remarque qu’à cette occasion, YHWH n’intervient pas comme il l’a fait, par exemple, avec la Nuée contre les char égyptiens. Moïse semble prendre de lui-même l’initiative de monter sur la hauteur, pendant que Josué mènera le combat. En même temps, pourquoi pas ? Le Seigneur a suffisamment combattu Pharaon en Égypte. Maintenant, au peuple d’apprendre à se défendre, sans quoi il ne grandira jamais ; voilà, il ne faut jamais oublier cette dynamique de croissance. Et donc germe ici le premier embryon d’une armée sous le commandement de Josué. Non pas une armée destinée à attaquer, remarquez-bien ! C’est une armée défensive ! Donc les Fils d’Israël se lancent dans la bataille — alors n’imaginez pas des batailles du style de la seconde guerre mondiale : ces batailles de l’Antiquité se livraient avec des armées, et à ce niveau là, imaginez une centaine, voire de 2 ou 300 guerriers au grand maximum ! Quand un empire se lançait dans la guerre, il pouvait se permettre de mobiliser plusieurs milliers d’hommes, mais on n’en est pas à ce degré là ici. Même AMaLeQ ne vient pas avec 10 000 hommes !

Ceci dit, le scénario ne se concentre pas sur la bagarre. Il se focalise sur le personnage de Moïse. Moïse gravit la colline avec son frère AaRôN, et un certain H°ouR, dont on ne sait pas grand chose, à part le fait qu’il forme une ou deux fois un binôme avec AaRôN. Et on nous dit que lorsque Moïse élève les mains en tenant son fameux bâton, l’armée de Josué a le dessus ; quand il les baisse, sans doute de fatigue et on le comprend, c’est AMaLeQ qui gagne. Qu’à cela ne tienne ! S’il faut simplement que les mains de Moïse soient levées, on le fait asseoir et on va lui soutenir artificiellement les mains en l’air ! C’est purement formel, mais si ça marche, pourquoi se priver ? Ceci dit, à travers cet épisode, on nous dit des choses importantes.

D’abord on nous dit que le peuple, pour gagner, a besoin de l’intercession de Moïse. Donc là, Moïse est vraiment posé, aussi formel que ce soit, comme INTERCESSEUR ; et cela AVANT que la ToRaH ait été donnée. Donc si YHWH sauve son peuple, ce n’est pas uniquement par la ToRaH, mais bien par la prière de ses JUSTES. Ces justes dont Moïse est le plus grand, toutes générations confondues, mis à part le Messie dont il est une préfiguration. Et aujourd’hui encore, l’armée Israélienne compte sur la prière des justes ; c’est une armée en guerre, certes, mais qui se considère comme défensive. C’est la raison pour laquelle tous les jours, vous avez des militaires qui prient au KoTeL du Temple, le fameux « mur des lamentations » comme on l’appelle communément, alors qu’il faudrait l’appeler le mur de la Joie… Mais c’est une autre histoire.

Ceci dit, il y a peut-être autre chose à lire dans ces mains levées de Moïse. En Égypte, le Kâ, c’est-à-dire l’âme, l’énergie vitale qui anime les corps, est représenté en hiéroglyphes par deux mains élevées. Donc il n’est pas impossible que pour un peuple qui est imprégné des symboles égyptiens, la situation de Moïse les mains levées le désigne d’une certaine manière, comme le Kâ, comme l’âme du peuple des Fils d’Israël. Celui en qui repose toute la vigueur du peuple. Et c’est là que la liturgie se mêle à la guerre. Non que YHWH soit un dieu guerrier — ce n’est pas Lui qui envoie son peuple faire la guerre à AMaLeQ. Mais si Israël doit mener la guerre, pour se défendre, il ne doit pas la vivre comme font les nations. Et on rejoint ce qu’on vient de dire : le peuple, à travers ses justes, doit être en prière à l’instar de Moïse, de sorte que LA PRIÈRE DU JUSTE SERA LA VERITABLE FORCE DE L’ARMEE. Et ça, c’est vraiment nouveau, parce que du coup, si Israël se bat, ce sera pour glorifier le Nom de YHWH, jamais pour sa propre gloire. Ce sera toujours pour que l’élection soit préservée devant les ennemis, jamais pour construire un empire à la mode des nations. Dit autrement, si les Fils d’Israël combattent, ce n’est jamais pour se prévaloir de puissance aux yeux des nations, mais pour rester le flambeau du Salut au milieu des nations. Car en combattant Israël, c’est en fait le plan du Salut que les nations combattent, et donc, comme le dit très bien le v. 16, c’est contre le trône de YHWH que les nations se dressent en suivant AMaLeQ. D’où l’autel  — le premier ! — que Moïse bâtira après la bataille. Auparavant, YHWH avait combattu Lui-même, donc pas besoin d’autel d’une certaine manière. Cette fois, YHWH n’est pas formellement intervenu, donc l ’autel est là pour révéler une présence voilée. n marque charnellement la présence agissante de YHWH par l’élévation d’un autel. N’oubliez pas que la pierre n’est pas sans vie pour un égyptien : c’est le signe de l’éternité ! C’est le signe de la divinité ! Et cette conception perdure dans la mentalité du peuple d’Israël dans le désert.

Ceci dit, ce n’est pas n’importe quel autel que dresse Moïse. On revient ici à Joseph Davidovits et à ce que nous avons vu à propos de la fabrication de la pierre agglomérée découverte par IMHOTEP et redécouverte par AMÉNOPHIS, FILS DE HAPOU. Au v. 15, on peut lire :« VaYiVèN MoShèH MiZBéaH° » , c’est-à-dire, littéralement : « Moïse PÉTRIFIA un autel », avec le verbe VaYiVèN qui est construit sur ’éBèN, la pierre. Et là, le Targum livre à nouveau une précision que le texte de la ToRaH, lui, laisse dans le flou : « Et la MeMRaH de YHWH — le Verbe du Seigneur — désigna cet autel du nom de “Tel est mon miracle” ». Étrange… De quel « miracle » parle le Targum ? Soit le miracle évoque la victoire sur AMaLeQ, mais rien n’indique vraiment cette interprétation dans le texte ; soit, ce qui est plus vraisemblable, l’expression évoque la PIERRE DU MIRACLE, un nom qui désigne le quartzite dont nous avons parlé à propos de l’histoire de Joseph dans le livre de la Genèse ; un quartzite qui agit comme réactif dans l’agglomération d’une pierre tellement dure qu’elle a permis à Joseph-Aménophis, Fils de Hapou, de pétrifier les Colosses de Memnon. C’est important, parce qu’on a là un bel indice de la tradition orale qui a gardé implicitement le souvenir d’un lien étroit entre Moïse et le patriarche Joseph. Et ça s’explique assez bien si Moïse a été ce haut personnage du Sanctuaire mémorial d’Aménophis, Fils de Hapou ; et sans doute ce Grand Administrateur qui, à ce titre, avait été formé à la science de la pierre agglomérée qu’il met en œuvre ici pour la première fois au désert. Nous verrons au ch. 20, juste après la proclamation du Décalogue, pourquoi cet indice est tellement essentiel.

Quoi qu’il en soit, un autel est donc dressé au terme de la victoire, comme un mémorial à l’intention de chaque génération, parce que l’histoire se chargera de montrer que, malheureusement, chaque génération aura bel et bien un AMaLeQ à combattre ; ceci dit, on ne nous dit pas si Moïse offre un sacrifice sur cet autel, mais il y a bien des chances. Le silence sur ce sacrifice vient de ce que la législation sur les sacrifices n’a pas encor été donnée. Donc on laisse un peu de côté cette question. L’important, c’est l’autel qui fait mémoire du lien qui unit YHWH à son peuple GRÂCE À L’INTERCESSION DE MOÏSE. Et si la ToRaH n’est donnée qu’après, c’est bien pour montrer qu’elle ne remplace pas l’intercession du JUSTE ! Au contraire : elle façonne les JUSTES pour qu’ils puissent prendre le relai de Moïse. D’une certaine manière, on prend conscience ici de l’URGENCE que soit donnée la ToRaH, parce que Moïse n’est pas éternel ! Et il faudra que chaque génération engendre des JUSTES dans le peuple pour qu’il puisse au pire, se défendre ; au mieux, s’adonner à sa mission qui est de scruter la ToRaH pour permettre à YHWH d’être la lumière des Nations. C’est un point très important, parce que la ToRaH en elle-même n’est rien ; ça n’est pas une législation pure dont il faut seulement et formellement accomplir les commandements ! La ToRaH est donnée, redisons-le, pour façonner des JUSTES, et ce sont les JUSTES qui portent l’âme du peuple. Et ultimement, pour les chrétiens, la ToRaH va porter son fruit le plus essentiel qui est le Messie, le Christ Jésus. Mais enfin, on n’en est pas encore là : pour l’instant, on comprend ici à quoi va travailler la ToRaH, et pourquoi elle devient tellement urgente ! Parce que sans les JUSTES, et vu l’agressivité des nations, le peuple ne tiendra pas dans la durée !

Donc voilà. Le prochain chapitre, le ch. 18, touchera les questions d’organisation interne au peuple. Parce qu’il ne suffit pas de se défendre contre les agressions externes : il faut aussi gérer les luttes intestines. Après quoi, enfin, à partir du ch. 19, la ToRaH pourra être donnée, et surtout reçue. Enfin… Ce ne sera pas si simple non plus, mais bon.

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture de cette seconde partie du ch. 16 de l’Exode.

Je vous remercie.


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