05-11-2014

[Gn] 8 - Le signe de la circoncision

Genèse 16-17 par : Père Alain Dumont
À nouveau DIEU promet à Abram une descendance. DIEU impose la circoncision comme signe de l'héritage de l'élection. Abram devient AbraHam, Saraï devient SaraH. L'échéance de la naissance se rapproche.
Rubrique :Abraham
Duration:11 minutes 46 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/le-signe-de-la-circoncision.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article

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Bonjour

13 ans passent encore : Abram a 99 ans !

Le Seigneur lui apparaît sous le nom de El-Shaddaï — DIEU Tout-Puissant.

À nouveau la promesse de la descendance : comme quoi, là où il nous suffit de tourner une page, bien des années passent pour nos patriarches ! Nous l’oublions trop souvent, nous qui pensons que ceux-ci ont eu bien de la chance d’avoir de telles révélations !.. Ils ont été éprouvés par le temps. Ils savent ce que veut dire : « être fidèle ». De telle sorte que lorsque nous sommes nous mêmes dans l’attente, il n’est pas inutile des les invoquer. Nos frères orthodoxes ont raison de prier Saint Abraham, Saint Isaac, Saint Jacob, Saint Moïse, etc. Parce que ces hommes peuvent être des piliers pour nous sur le chemin qui mène à DIEU, qui demande du courage autant que de la foi.

Cette fois-ci, l’Alliance est marquée par un autre signe : le changement du nom. Abram — père élevé — devient ABRAHAM, Av-Hamôn — père d’une multitude —.

Et à nouveau la promesse réitérée. On peut se demander : pourquoi DIEU ne lui a pas donné tout de suite ce qu’Il a promis ? Là, les rabbins sont très forts. Ils constatent que l’âge d’Abraham est posé en tête du chapitre et ils disent : on pourrait espérer qu’à un tel âge, Abram fut suffisamment sage, chargé de jours. Eh bien non ! Certes, il est sage aux yeux des hommes, mais justement ! DIEU va lui demander quelque chose au-delà de la sagesse humaine : « Maintenant que tu as 99 ans, tu vas être parfait d’une autre perfection que la seule perfection humaine ! » Voilà. C’est ce qui caractérise le judaïsme : le Juif n’est pas seulement un homme. Il est d’abord un homme, mais pour lui permettre d’être au-delà, dans l’ordre de l’Alliance, de l’élection. Il est un homme appelé à une perfection qui lui permet de se dépasser, et de découvrir que l’homme est appelé à plus que ce qu’il imagine.

Mais pour cela, il faut du temps ! Donc, à 99 ans, DIEU peut lui dire : « Maintenant, marche devant moi et sois parfait ! » En fait, Abram n’en est qu’au début ! C’est une bonne leçon pour nous ! Sois parfait de la perfection que je te montrerai. « Perfection », c’est-à-dire la plénitude de ce que peut être un homme. Pas tant moral que VIVANT. Une perfection qui est celle de la CONFIANCE, dira Rachi, un grand commentateur du Talmud, Troyen, au XIe siècle.

Pour quoi faire ? Pour être fécond !!! Justement : « je te ferai fructifier à l’excès ! » sera-t-il dit au v.6 : C’est le même verbe que pour Adam : Fructifiez et multipliez-vous !

Mais attention : le plan supérieur, en fait, c’est la TORAH ! C’est comme un appel à la venue de la Torah. Servir DIEU par les vertu morales ne suffit pas : il faudra que vienne la TORAH pour lui permettre de marcher dans les voies de DIEU, et dans le fond d’apporter quelque chose en plus à la création. Quelque chose qui ne peut venir que de l’obéissance de l’Homme aux commandements de DIEU. En fait, le trajet est ici celui d’une PLENITUDE.

Alors DIEU ajoute à son nom la lettre HÉ : le chiffre 5, qui est le chiffre de l’action de l’homme (comme on a 5 doigts à la main). AbraHam dit se mettre à l’ouvrage avec Saraï qui devient SARAH, même adjonction : comme pour dire qu’Abraham et Sarah agiront ensemble pour permettre au dessein de DIEU d’être mené à sa plénitude. En même temps, le Hé est la lettre du souffle, comme la lettre de l’Esprit qui appartient doublement au Nom imprononçable de DIEU : Yod Hé vav Hé. Sa paternité n’est plus seulement physique : elle devient spirituelle.

Quel est alors le signe de cette Alliance ? Non plus un sacrifice, mais une inscription dans la CHAIR de l’homme. La fameuse CIRCONCISION, qui est la première MITSVA, c’est-à-dire le premier commandement de DIEU qui surpasse la simple morale humaine. Les MITSVOT sont ces actes, ces œuvres que tout juif est tenu d’accomplir au nom de cette sagesse supérieure qu’ils reçoivent de DIEU. Il en va de son identité. Un juif qui n’accomplit pas ses mitsvot, c’est comme contradictoire dans les termes…

Parmi les mitsvot les plus importantes, il y a :

– « Tu aimeras le Seigneur ton DIEU de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » ;

– l’amour du prochain comme soi-même ;

– L’observation du Shabbat et des fêtes ;

– l’étude de la Torah ;

– l’observation de la Kashrout (la nourriture Kasher)… etc. Maïmonide en a dénombré 613. 248 positives : « Tu feras ceci » / 365 négatives : « Tu ne feras pas. »

Et la première d’entre elles, qui est comme la porte de toutes les mitsvot : la circoncision.

Ici, DIEU dit, non plus je trancherai mon alliance avec toi, comme au ch. 15, mais je donnerai mon alliance : cette alliance devient l’héritage d’Abraham.

Abraham tombe face contre terre, et les rabbins se demandent si c’est par vénération ou par tremblement. Sans doute les deux, mais imaginez ce que cette mission peut représenter !!! Elle est d’une exigence abyssale !

Pour la première fois retentit le nom d’Eloqîm dans l’histoire d’Abraham, qui est le nom de DIEU qui entre en relation avec sa création. Cette relation est marquée par la circoncision, qui devra être transmise à tous les descendants mâles, dès l’âge de 8 jours.

Alors pourquoi la circoncision ? Certains voient là un vestiges des pratiques primitives. Peut-être. Sauf que ces rites d’initiation sont toujours pratiquées à l’âge de la puberté, et que là, il y a peut-être une signification liée à la sexualité libérée. Ce sera d’ailleurs le cas pour Ismaël. Mais la Bible, comme toujours, si elle reprend des pratiques immémoriales, les transforme : c’est à l’âge de 8 jours que se fera la circoncision. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’Alliance est portée dans la chair. On aurait pu la marquer par des scarifications, mais non : sans doute parce qu’effectivement, la circoncision marque l’acte de donner la vie, se transmet par la chair, par la descendance et qu’elle concerne le petit homme juif dès sa naissance. Les huit jours étant sans doute à l’époque l’espace de temps nécessaire pour être sûr que l’enfant est viable. Ou alors, disent les rabbins, dans l’espace de huit jours, l’enfant aura pu déjà rendre à DIEU l’hommage d’un Shabbat, et c’est alors qu’il peut être circoncis, c’est-à-dire entrer dans l’Alliance qui, extérieurement, sera marquée par l’observance des Shabbats.

Quoi de mieux qu’un signe sur les membres associés à la fécondité pour marquer l’Alliance avec le DIEU de vie ? Une alliance marquée dans l’intimité de la chair. Une alliance d’amitié qui marque l’identité juive. Par la circoncision, l’homme est marqué par l’élection ; mais en revanche, on vous dit aussi que c’est par la femme juive que se transmettra cette identité. Abraham a beau être le père d’Ismaël, Hagar n’est pas la femme juive. Et s’il pourra arriver qu’une femme non juive soit pourtant déterminante dans ces histoires de descendances, il faudra du moins qu’elle ait manifesté son désir d’être agrégé au peuple de l’élection, comme ce sera le cas de Ruth, l’arrière grand mère moabite de David.

Suit alors la modification du nom de Saraï > Sarah, qui signifie toujours Princesse.

Elle deviendra alors féconde, signe de la bénédiction.

Ici, la Bible est vraiment dans le concret : Abraham tombe face contre terre, mais cette fois, c’est pour sourire intérieurement : ma femme a 90 ans ! Eh oui. Mais quand on la présente au Pharaon à 75 ans, elle est encore belle !!! Néanmoins, elle est marquée par la ménopause, alors comment pourrait-elle enfanter ? La Bible est en train de nous dire que l’enfant qui viendra sera un pur miracle !

Alors Abraham essaye de caser Ismaël… Mais non ! Il sera béni ; lui aussi fructifiera, mais il ne sera pas celui par qui l’Alliance subsistera. Le nom du fils d’Abraham sera Isaac : — yitzhac : il rit —, qui naîtra… l’an prochain !

Et DIEU remonte vers le ciel. Les rabbins voient dans cette vision l’intervention de la Née Lumineuse dans laquelle DIEU se manifestera pour libérer le peuple de la servitude d’Egypte, ou celle qui manifestera sa présence dans le Temple de Salomon : la che’hina.

Alors se produit ce qui se produit toujours dans l’Antiquité : quand le chef ou le patriarche entre dans une nouvelle religion, tous ceux de sa maison y entrent avec lui.

Désormais, tout est prêt pour accueillir le garçon de la promesse.

Tout est prêt, mais il faudra encore quelques événements pour que cette promesse prenne forme. Ce sera l’objet des chapitres 18 et 19 que nous verrons les prochaines fois.