11-05-2015

[Ex] 18 - Les 10 plaies d'Égypte ont-elles réellement eu lieu ?

Exode 7:8-13 par : Père Alain Dumont
Quels sont les documents qui nous permettent d'envisager que le récit des “plaies”, ou des “frappes” de l'Égypte ne sont pas seulement un roman imaginaire ?
Duration:15 minutes 59 secondes
• Bâtons, Massues et Sceptres d'Égypte ancienne et d'Afrique noire, de Aboubacry Moussa Lam
sceptres egypte ancienne et afrique noire.pdf

• Stèle d'exemption de corvée promulguée par Aménhotep III en faveur du clergé et de l'administration du Sanctuaire-Mémorial de Joseph-Aménophis :
Traduction de la stèle d’Aménophis III en faveur de l’administration du Sanctuaire Mémorial d’Aménophis.pdf

• Le Paryrus d'Ipou-Our :
13b. Papyrus Ipou-Our.pdf

• Les 10 plaies d'Égypte et la science, pour vous faire une idée par vous mêmes :
un article de Science et Vie de Isabelle Bourdial, daté de Mai 2002 :
sciencevie-mai-2002-10plaiesegypte.pdf


Transcription du texte de la vidéo :  
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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 Bonjour,

Nous poursuivons notre lecture du ch. 7, à partir aujourd’hui du v 8. Le v. 3 nous avait prévenu : à présent, la « main de DIEU » va se poser sur l’Égypte. La « main », au singulier, rappelez-vous, on en a déjà parlé lors de la dernière vidéo, c’est la main DROITE, et comme de manière générale, la main droite est la plus habile, c’est donc elle qui symbolise l’agir, le pouvoir. Donc la main de DIEU, c’est l’agir souverain de HaShèM en faveur de la Vie et de la libération des Fils d’Israël, et par voie de conséquence, c’est en même temps l’agir souverain de HaShèM dirigé contre l’Égypte en tant que pourvoyeuse de mort. Voilà ce que le récit va mettre en scène à partir du v. 8

Moïse et AaRôN se rendent chez Pharaon, qui semble les recevoir sans difficulté, alors qu’il est tout de même Roi de la Basse Égypte, Fils du Soleil, Grand Prêtre de tout le Panthéon égyptien. Ce qui signifie que pour se présenter devant lui, il ne faut pas être n’importe qui ! Or Moïse et AaRôN lui sont présentés sans difficulté, ce qui semble confirmer qu’ils sont reconnus comme de Hauts Personnages d’Égypte. En revanche, ce qui est surprenant, c’est que ces trois-là ne se disent rien !!! On assiste, jusqu’au v. 13, à une espèce de rituel muet, prodige contre prodige… Comme pour camper face à face les personnages.

Bon. Quoi qu’il en soit, AaRôN jette son bâton à terre. Encore un signe que AaRôN est sans doute un Grand d’Égypte, Grand Prêtre du Sanctuaire-Mémorial de Joseph Aménophis : son bâton n’est autre que celui des dignitaires, puisque tous les hauts personnages en exercice au nom de Pharaon avaient tous un Bâton d’autorité ; à commencer par Pharaon lui-même détenteur du Héka, ce bâton en forme de houlette de berger. c’est particulièrement clair quand on regarde certaines cartouches de Hauts Fonctionnaires. Pour ceux que ça intéresse, je vous mets en consultation une petite étude sur les bâtons en Égypte ancienne et en Afrique noire.

Et voilà, nous dit-on, que le bâton d’AaRôN se transforme en TaNîN, c’est-à-dire non pas en serpent mais en « saurien » —. Le Na°HaSh, le serpent, c’était ce en quoi s’était transformé le bâton de Moïse près du buisson-ardent, mais ici c’est autre chose : il s’agit d’un TaNîN, un saurien. On traduit parfois par : « gros serpent », ou encore : « monstre marin », comme en Gn 1,21. En fait, il s’agit tout simplement d’un CROCODILE… Sauf que le CROCODILE n’est pas qu’un animal imposant : il symbolise le dieu SOBEK, qui est le dieu de l’eau et de la fertilité qu’on vénère partout en Égypte ; et particulièrement à l’entrée de la Basse époque à laquelle nous situons l’Exode, où on le vénérait sous le patronyme de SOBEK-RÊ, donc attaché au dieu soleil ! Dans la hiérarchie des dieux de cette époque, il était parmi les premiers !

Alors que fait Pharaon ? Il répond avec ses propres magiciens, puisqu’il ne sait rien discerner d’autre que de la magie. À prodige, prodige et demi : les magiciens jettent DEUX bâtons qui deviennent à leur tour deux sauriens, dont on nous dit tout de suite qu’ils sont avalés par le premier ! Tout ça nous est raconté en à peine plus de 2 versets. Comme toujours, on ne s’attarde pas sur le prodige. En revanche, beaucoup plus important, on termine ce passage en nous affirmant que, dès ce premier moment, Pharaon s’obstine et n’écoute rien. Ceci dit : écouter quoi ? Moïse et AaRôN n’ont rien dit… Eh bien il fallait écouter le SIGNE, et non pas seulement s’en tenir à la magie ! D’autant plus que ce Signe parlait le langage de l’Égypte, c’est-à-dire un langage parfaitement limpide pour tout égyptien qui voulait l’entendre… Donc déjà là, à un niveau basique, les choses sont mal engagées.

Alors on va franchir un cran. C’est là que paraissent les fameuses « plaies » d’Égypte, que certains préfèrent désigner, à raison me semble-t-il, comme des « frappes », MaKKoTh en Hébreu. Parce que DIEU va effectivement « frapper », et frapper fort ! La « plaie » laisse entendre un phénomène en soi, alors que la « frappe », elle, dit aussi le « frappeur », en quelque sorte ; tout autant d’ailleurs que la guerre qui s’engage.

Avant de voir chaque frappe, prenons le temps d’avoir une vue d’ensemble : les 9 premières frappes sont racontées en 3 ensembles de 3, avant que n’advienne la dixième, décisive. Au début de chaque ensemble, on a toujours le même indice : Moïse vient voir Pharaon sur le bord du Nil ; et puis, à chaque deuxième frappe, il vient voir directement Pharaon ; quant au troisième coup, il part sans prévenir. Dans le premier groupe de 3 frappes, les magiciens essaient d’intervenir, assez pitoyablement au demeurant : au lieu de tenter de conjurer les frappes, ils les imitent, rajoutant du mal au mal… Et à la troisième, ils capitulent devant « le Doigt de DIEU », disent-ils. Dans le deuxième groupe, ils sont toujours là, mais désormais complètement passifs ; et dans le troisième groupe de frappes, ils ont carrément disparu ! On peut conjecturer que Pharaon les a renvoyés en voyant qu’ils commençaient à reconnaître le DIEU des Hébreux.

Maintenant, que penser du récit de ces 10 frappes ? Posons la question qui tue : « Est-ce qu’elles ont réellement eu lieu ? » Et ici, est-ce que l’historiographie peut venir à notre secours, parce que si des événements comme ceux que décrit l’Exode ont eu lieu, on est en droit d’en attendre quelques traces ? Alors, effectivement, du point de vue de l’historiographie, on a découvert à Memphis, en 1828, donc il y a environ 200 ans, un papyrus connu sous le nom de « Papyrus d’Ipou-Our », écrit en hiératique, c’est-à-dire hiéroglyphes stylisés utilisés entre autres pour les textes sacrés égyptiens. Ce manuscrit est conservé aujourd’hui à Leiden, aux Pays-Bas, et remonte, disent les experts, à la fin de la XIXe dynastie, donc un peu avant la date où nous plaçons les événements de l’Exode. Il serait lui-même la copie d’un document remontant, lui, à la fin de la VIe Dynastie, c’est-à-dire à la fin de l’Ancien Empire, à l’époque des pyramides. Quoi qu’il en soit, ce document relate le récit de phénomènes très semblables à ceux que décrivent les 10 frappes ! Ce qui signifie, à tout le moins, que l’Égypte a connu des fléaux ravageurs qui l’ont marquée jusque dans sa chair, au point qu’elle ne les oubliera jamais !!! Reste alors la question : est-ce que ces documents ont influencé l’écriture du récit des frappes de l’Exode ? Il y a bien des chances, mais attention de ne pas en conclure trop vite à un simple plagia.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le papyrus d’Ipou-Our ne signifie pas qu’en réalité il ne se soit rien passé, tout au contraire ! C’est vrai que, si vous consultez le document — je vous le mets en pièce jointe —, les similitudes sont là. Comment alors expliquer cette correspondance ? Eh bien il s’est passé que pour raconter les événements de l’Exode, Moïse a tout simplement repris les formulations de ce texte ancien qu’il ne pouvait pas ne pas avoir en mémoire. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça qu’on écrit dans l’Antiquité : on prend appui sur la mémoire, et pas une mémoire “en gros” : on s’appuie sur des récits vraiment connus, mémorisés. C’est typique de l’écriture d’un saint Jean, par exemple : vous prenez son évangile, ou encore plus prégnant son Apocalypse, vous retrouvez des textes références explicites de l’AT, mais réécris à la lumière de l’avènement du Christ. Et pour en revenir à Moïse, le récit des frappes est d’autant plus significatif qu’il se réfère à des événements connus, mais éclairés cette fois à la lumière du projet de Salut opéré par HaShèM. Et l’Égypte sait, elle, dans sa chair, qu’il ne s’agit pas d’une plaisanterie !

Dit autrement. Souvenez-vous du décret rédigé par AMENHOTEP III en faveur du Sanctuaire Mémorial de Joseph-Aménophis. Ce décret interdisait à tout fonctionnaire égyptien d’en embaucher les administrateurs pour quelque corvée que ce soit. Ce à quoi s’est empressé de contrevenir SMENDÈS. Or sur la stèle du British Museum de Londres qui contient ce décret, on retrouve le même genre de malédiction que le papyrus d’Hipou-Our à l’intention des contrevenants. Donc de telles menaces n’étaient pas des mots en l’air : on savait que ces fléaux étaient possibles, puisqu’ils avaient au moins eu lieu dans les temps anciens ! Et même si la Bible n’en parle pas, quand Moïse vient avec AaRôn pour présenter la stèle à Pharaon, celui-ci sait très bien à quoi ces malédictions font allusion. Or il décide de continuer à passer outre ! Résultat ? Eh bien l’Exode raconte tout simplement comment ces malédictions se sont bel et bien déroulées. Et il nous le raconte avec les mots mêmes de ces documents. Et le plus terrible en tout ça, voire même le plus effrayant, ce ne sont pas les frappes en elles-mêmes ! C’est que la Torah nous montre que tout en SACHANT ce qui pouvait arriver, Pharaon n’y CROYAIT pas. Voilà l’aveuglement. Un peu comme aujourd’hui ceux qui fument : il SAVENT que la menace pèse sur eux — c’est écrit sur tous les paquets ! —, mais ils refusent d’y CROIRE. Obstination !

Donc résumons : est-ce que ce papyrus d’Hipou-Our serait la preuve d’un pur plagiat biblique et qu’il ne se serait rien passé en réalité ? Absolument pas. Tout au contraire : grâce à ces documents, le faisceau de présomptions confirme que la Torah n’invente pas ces événements. Avec le Papyrus d’Ipou-Our, la stèle du British Museum de Londres et le récit bibliques, ça nous fait trois manuscrits qui attestent que des événements terribles comme ceux qui vont être racontés dans la suite ont réellement eu lieu. Bien des événements considérés comme des faits de l’Antiquité égyptienne ne peuvent revendiquer autant de témoins écrits. Qui plus est, comme la Torah n’est pas seulement un texte parmi d’autre, mais une véritable parole prophétique, on peut aussi l’entendre pour comprendre comment le SEIGNEUR prévient les systèmes financiers contemporains organisés en structures de péché, dirait JPII : bien que ces pouvoirs mondiaux s’installent, d’une fragilité inimaginable, grâce à la Torah, nous savons que HaShèM ne restera pas sans rien faire pour sauver son peuple ! Seulement ce sera violent, et après l’effondrement, il faudra marcher dans le désert ! D’où l’importance, pour nous aujourd’hui, de lire et de scruter l’Exode, pour garder la foi et l’espérance avec l’Église qui reste la meilleure alliée des hommes épris de la soif d’une vraie LIBERTÉ.

On peut donc tenir comme vrai que des fléaux ont bel et bien eu lieu en Égypte, au moins à une période ancienne de son histoire ; des fléaux qui l’ont marqué dans sa chair, de sorte que c’est à cette mémoire que l’Exode fait référence pour prévenir Pharaon : ce qui est arrivé une fois peut tout à fait se produire une seconde fois ! Et pour ce qu’on peut en juger, il n’y a aucune raison pour décréter que l’Exode lui-même n’est pas le fruit d’un déferlement de frappes qui sont tombées sur l’Égypte et l’ont jetée à terre. Je vous rappelle qu’à partir de la Basse époque, où nous situons pour notre part ces événements, jamais plus l’Égypte ne se relèvera. Son histoire prestigieuse, qui a fait d’elle un des berceaux les plus glorieux de l’humanité, est terminée. Fini. Basta !

C’est dans cette optique que nous commencerons à étudier les frappes une à une la prochaine fois. D’ici là, vous pouvez relire le début du ch. 7 jusqu’au verset 13, qui vous préparera à bien comprendre les enjeux des événements qui vont suivre.

Je vous remercie.

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